Climat de défiance et violence, le ton monte contre la presse. Pour ne rien arranger, dans son baromètre annuel, le journal La Croix indique que la confiance envers les médias est en net recul. Alors les rédactions de Radio France ont décidé de sillonner le pays à la rencontre des publics pour parler "journalisme".
C''est un principe de transparence. C'est un appétit de dialogue de part et d'autres. Échanger. Non pas inculquer ou porter une bonne parole, mais échanger. Les rencontres que les rédactions de Radio France organisent avec les publics autour du traitement de l'information et du journalisme est une proposition inédite dans sa forme. Il ne s'agit pas d'un débat entre reporters devant une salle qui interviendrait trois fois à la fin, mais bel et bien d'un jeu de questions/réponses et d'une conversation initiée dès les premières minutes. Les journalistes se présentent sur le plateau et disent pourquoi ils prennent sur leurs temps personnels pour participer à cet échange et ensuite les premières questions sont posées.
La première soirée a été initiée mardi dernier à Strasbourg. La salle était comble et la conversation a duré une heure et quarante minutes. Passionnant. A la fin, personne ne partait et on aurait pu continuer longtemps. Les thèmes qui ont été abordés : la connivence présumée avec les pouvoirs. Le principe d’une information vérifiée et recoupée. La hiérarchie des sujets. Les choix éditoriaux. La pression hydraulique du hard news. Expliquer que le principe du Facebook live n’est pas un gage de transparence et de vérité et qu’un direct peut échapper à une contextualisation de l’information et donc ne proposer qu’une approche partiale de la réalité. Montrer pour démontrer n’est pas la finalité du journalisme. Les fake news. Les réseaux sociaux. Ce qu’est une information de service public. La diversité. Le pluralisme d’opinions.
Dans ces rencontres, l'idée ne consiste pas à prêcher une bonne parole. Les journalistes de Radio France se mettent à la disposition des publics pour expliquer ce qu’est leur cœur de métier. Leur attachement, leur sincérité, les forces et les faiblesses aussi.
Si nous prenons ainsi la route, c'est en réaction à un climat devenu irrationnel. Même si aucun journaliste de Radio France n'a été agressé ou blessé, d'autres travaillant pour d'autres rédactions l'ont été et c'est inqualifiable. On peut critiquer et ne pas être d'accord avec un traitement éditorial. Si il y a des erreurs, elles doivent être corrigées ou dénoncées, mais en aucun cas la violence qui repose sur la haine ne peut être un recours. Et la violence relève du pénal.
Pour la première fois de son histoire, Radio France a fait appel à des protections rapprochées pour accompagner les journalistes et techniciens dans les manifestations. On le déplore. Chaque semaine ici, on parle des conditions de travail des reporters dans les pays en guerre ou dans les quartiers d'organisations criminelles et voilà qu'en France, le samedi après midi dans nos centre ville, on fait appel à un agent de protection quand à l'étranger, on se débrouille sans. Irrationnel ! Rien ne justifie un tel climat.
Alors, parlons de l'information et des pratiques du journalisme. Parlons en sereinement. On vous donne rendez vous le jeudi 7 février, à Brest au Vauban à 19h... Le 14 février à Toulouse... Le 22 février à Saint Etienne... Et ensuite nous nous rendrons dans des zones rurales, semi-urbaines. L'idée n'est pas forcément de rencontrer les auditeurs de nos radios, même si ils sont les bienvenus mais aussi d'aller à la rencontre des publics qui ne nous connaissent pas... pour que l'on fasse connaissance.
A réécouter en podcat, Eric Valmir avec Fréderic Barreyre le directeur de la rédaction de France Culture qui a participé aux premiers échanges à Strasbourg
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