Un ancien comédien de série télé élu président. Une campagne menée comme un show avec le débat final entre les deux candidats en direct d'un stade. Certes, le vote sanctionne Petrochenko plus qu'il ne sollicite Zelensky. 5 ans après Maïdan, le grand reporter Nathanaël Charbonnier n'a pas reconnu le pays.
Un stade comme décorum du débat politique de l'entre deux tours. Nathanël Charbonnier, grand reporter, en soutien de Claude Brouillot, correspondant de Radio France à Moscou, a couvert les derniers jours de la campagne électorale pour la présidentielle ukrainienne.
Nathanaël avait couvert les évènements de la place Maïdan en 2014. Et cinq ans après, il n' a pas reconnu le pays. Une relative fatigue et une foi disparue envers la politique. Le scrutin a sanctionné Porochenko qui n' a pas su résister aux oligarques et s'est retrouvé englué dans des affaires de corruption alors que le pays est en panne économique. Les Ukrainiens mettent au pouvoir un homme qui les fait rire et l'Europe n'a pas à donner des leçons de morale. Les Ukrainiens pro-européens se sont sentis abandonnés par l'Ouest. Et plus que jamais, l'Ukraine est fracturée. D'une part avec le Dombass où une guerre de basse intensité continue de ravager les environs de Donetzk -il y est d'ailleurs difficile pour les journalistes d'y exercer leurs professions-. De l'autre avec les campagnes et le milieu rural qui ne pensent plus forcément comme Kiev.
Sur le plan de la géopolitique et des relations internationales, pas de round d'observation entre le nouveau Kiev et Moscou. Vladimir Poutine a décidé de faciliter l'obtention de la citoyenneté russe aux habitants de Donetsk et de Lougansk, dans la région est de l'Ukraine, aux mains des séparatistes pro-russes. Riposte immédiate de Zelensky, mais sur un mode occidental, c'est à dire sur les réseaux sociaux, sur son compte Facebook : "La nationalité russe donne seulement le droit d'être arrêté lors d'un rassemblement pacifique et de ne pas participer à des élections libres." Et son expérience d'ancien comédien lui donne un accès facile à la dérision et l'humour: "Nous accorderons la citoyenneté ukrainienne aux gens de toutes les nations qui souffrent sous des régimes autoritaires et corrompus. Mais avant tout et surtout aux Russes, qui souffrent plus que tous." Poutine n'en reste pas là : "Si en Ukraine on commence à distribuer des passeports aux Russes et qu'en Russie nous en distribuons aux Ukrainiens, alors, tôt ou tard, nous arriverons au résultat attendu : tous auront la même citoyenneté."
Le ton est donné. En ce sens, l'opposition à Moscou apparait aussi marquée que sous le mandat de Porochenko. Mais l'Europe regarde avec appréhension l'arrivée de ce nouveau venu imprévisible et dénué de culture politique. Avec quelle personnalité le président élu va constituer sa garde rapprochée ?
En attendant son investiture à la fin du mois, Nathanaël Charbonnier nous raconte des journées de reportage au milieu d'Ukrainiens devenus indifférents à la cause politique