Le Kurdistan syrien, les sables mouvants de la guerre

Plus de 100.000 personnes ont fui les combats au nord de la Syrie en trois jours, selon l'ONU. 11 octobre 2019.
Plus de 100.000 personnes ont fui les combats au nord de la Syrie en trois jours, selon l'ONU. 11 octobre 2019. ©Radio France - Matthieu Mondoloni
Plus de 100.000 personnes ont fui les combats au nord de la Syrie en trois jours, selon l'ONU. 11 octobre 2019. ©Radio France - Matthieu Mondoloni
Plus de 100.000 personnes ont fui les combats au nord de la Syrie en trois jours, selon l'ONU. 11 octobre 2019. ©Radio France - Matthieu Mondoloni
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Entré dans le Kurdistan syrien, Aurélien Colly et Benjamin Chauvin ont vu le terrain de guerre sur lequel ils évoluaient se modifier en quelques heures. Et dans cette mue géopolitique qui brouille les cartes, les fixeurs jouent un rôle majeur aux cotés des reporters. Retour sur le dimanche où tout a changé.

Sur une ligne de front, une zone hostile, ou un théâtre de guerre, le risque zéro n'existe jamais. Toutes les précautions prises au préalable sont indispensables, mais par essence, le danger est invisible. 

Pour se prémunir, travailler avec un solide fixeur est la base. On appelle fixeur celles et ceux qui habitent la zone, qu'ils soient journalistes ou pas, et qui vont guider les reporters à travers le pays, connaissant les coins et recoins. Le choix du fixeur n'est pas le fruit du hasard, dans la mesure où le climat de confiance doit être entier, non seulement pour les règles de sécurité mais aussi pour les choix éditoriaux quand il s'agit d'arranger une interview sur place. 

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La semaine dernière, Aurélien Colly, correspondant de Radio France à Beyrouth et Benjamin Chauvin, reporter technique sont entrés dans le Kurdistan syrien, loin de la ligne de front, coté irakien. La zone était tenue par les Kurdes.  Ils ont interrogé les hommes en armes et les civils blessés qu'ils croisaient, ils ont rendu compte d'une réalité de terrain confuse. Et dans cette confusion, leurs fixeuses ont joué un rôle essentiel. Familières de la région, elles ont détecté des signaux que nos reporters n'auraient pu voir si ils avaient été seuls : ne pas accompagner un convoi qui de fait allait être attaqué, s'éloigner d'un hôpital autour duquel tournaient des individus qui n'inspiraient pas la confiance des fixeuses. 4 kamikazes qui projetaient un attentat seront arrêtés quelques heures plus tard. Et puis, ultime conseil, quitter la zone au plus vite, immédiatement, en trois minutes, rouler de nuit pour repasser la frontière. 

En effet, les bombardements turques ont causé des dégâts dans les lignes kurdes, la zone est à prendre, les américains sont partis, des prisonniers de l'organisation État Islamique se sont échappés, et les Kurdes viennent de passer un accord avec Bachar Al-Assad et l'armée syrienne. Des combats sont annoncés.

Par définition, une ligne de front bouge, et un territoire en guerre n'est jamais stable, si règle il y a, elle est toujours mouvante et c'est dans ces zones d'incertitudes que le reporter de guerre doit alors opérer. 

Profession Reporter. Entretien avec Aurélien Colly et Benjamin Chauvin envoyés spéciaux pour les chaînes de Radio France en Syrie. Entretien réalisé depuis la frontière irako-syrienne.