Agnès Buzyn : "Il y aura un budget dédié pour régler la crise dans les urgences"

Agnès Buzyn sur le plateau de "Questions Politiques" le 8 septembre 2019
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Agnès Buzyn sur le plateau de "Questions Politiques" le 8 septembre 2019 ©Radio France
Agnès Buzyn sur le plateau de "Questions Politiques" le 8 septembre 2019 ©Radio France
Agnès Buzyn sur le plateau de "Questions Politiques" le 8 septembre 2019 ©Radio France
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Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, est l’invité de « Questions Politiques » ce dimanche. Une émission présentée par Ali Baddou avec Carine Bécard (France Inter), Françoise Fressoz (Le Monde) et Nathalie Saint-Cricq (France Télévisions).

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Sur la crise dans les services d'urgences

La moitié d'entre eux sont en grève pour dénoncer, notamment, le manque de moyen, qui selon les personnels aboutit trop souvent à des drames. Agnès Buzyn relativise : "C'est une réalité, ce n'est pas une généralité. Nous avons malgré cette crise, grâce à l'engagement des soignants, une capacité à prendre en charge l'urgence en France qui est exceptionnelle. La prise en charge des urgences vitales pour les gens de moins de 75 ans est la meilleure en France par rapport à tous les autres pays d'Europe. [...] Mais les services d'urgences sont en tension, il ne faut pas nier cette difficulté."

La ministre de la Santé assure avoir "pris le taureau par les cornes" dès son arrivée en 2017. "Je savais à quel point notre système de santé était mal organisé et mal adapté aux besoins des Français, et à quel point les professionnels étaient en difficulté. Mais les mesures notamment de structuration de la médecine libérale, en ville, celle qui va pouvoir absorber les soins non-urgents, qui vont aux urgences faute de trouver un rendez-vous de consultation non-programmé, prennent du temps."

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Elle assure que son plan de restructuration, présenté lundi 9 septembre, pourra apporter des mesures pour "soulager" les urgences. "Mais je ne commence pas par mettre de l'argent sur la table sans avoir d'abord fait le bon diagnostic. [...] Il y aura un budget dédié pour régler la crise des urgences, mais pas simplement pour financer des postes en plus, parce que c'est reculer pour mieux sauter. Aujourd'hui, s'il y a 4 % d'augmentation des passages aux urgences, c'est parce que notre système n'est plus capable d'absorber les besoins de santé de notre population."

Sur la loi de bioéthique à venir

Agnès Buzyn évoque notamment les changements sur la question de la PMA et du don de gamètes (sperme, ovules), et la possibilité pour les enfants nés de cette technique d'en savoir plus sur les donneurs : "Ceux qui acceptent de donner leurs gamètes devront autoriser l'accès à des données non identifiantes (âge, profession, données génétiques), et aussi potentiellement à pouvoir être recontactés par l'enfant à ses 18 ans, via une commission qui fera l'interface." Cela ne risque-t-il pas de faire baisser le nombre de donneurs ? "Tous les pays qui sont passés  à cette formule ont vu une baisse temporaire de leurs donneurs, puis une ré-augmentation avec des profils différents."

Sur la question de la GPA pour des couples d'hommes, Agnès Buzyn botte en touche. "Les  lois de bioéthique ne visent pas à étendre des droits identiques pour  tout le monde, elles interrogent chaque nouvelle technique à l'aune des valeurs éthiques fondamentales de notre pays. La PMA ne met pas en tension une valeur éthique fondamentale ; la GPA, elle, se confronte à la dignité du corps humain, c'est la raison pour laquelle elle n'est pas du tout discutée dans la loi."

Sur la réforme des retraites

Où en est-on vraiment de cette réforme que le gouvernement d’Édouard Philippe considère comme majeure ? "Jean-Paul Delevoye a produit un rapport, issu de consultations et d'échanges. Maintenant ce rapport est soumis à l'avis des partenaires sociaux mais aussi des Français. Il apporte des propositions concrètes, qui n'étaient pas sur la table avant. Les mesures sont fixées : la nécessité d'avoir un système plus pérenne, par répartition..."

Pour la ministre, "il faut se rendre compte que notre système actuel est très inéquitable et il n'est pas pérenne. Nous savons qu'il va être déficitaire dans les années qui viennent, parce qu'il y a de plus en plus de retraités et de moins en moins d'actifs. De toute façon, le système actuel ne peut pas rester en l'état." Pas question toutefois de se fâcher avec les retraités (qui votent toujours plus que les jeunes générations) : "Ce nouveau système ne s'appliquera pas aux personnes qui sont aujourd'hui à la retraite ou qui vont l'être dans les cinq ans qui viennent."