L'ancien Premier secrétaire du Parti Socialiste est l'invité de Questions Politiques. Une émission présentée par Ali Baddou avec Carine Bécard (France Inter), Virginie Malingre (Le Monde) et Nathalie Saint-Cricq (France Télévisions).
- Jean-Christophe Cambadélis premier secrétaire du Parti socialiste
Un an après la défaite
Jean-Christophe Cambadélis revient d'abord sur cette étrange campagne présidentielle qui a vu se succéder les rebondissements pour son parti. Avec en particulier l'annonce par François Hollande qu'il ne serait pas candidat à sa propre succession. Une décision que l'ancien Premier secrétaire dit ne pas avoir vue venir. "J'ai eu un doute fin août 2016. Il était clair qu'Emmanuel Macron allait partir... Et quand on pose la question à François Hollande, il nous dit qu'il ne l'a pas vu de l'été."
"Le président de la République, candidat à la présidentielle, qui ne rencontre pas son ministre de l'Économie qui a décidé de se présenter coûte que coûte ? Je me suis dit : soit ils ont un accord, soit on est en train de se reconfronter à ce que François Hollande a déjà vécu, quand Ségolène Royal lui a imposé sa candidature. Macron n'est pas Michel Rocard, donc je le ne le voyais pas loyal."
Pour lui, François Hollande a de nouveau hésité avec l'arrivée de François Fillon dans la bataille : "j'ai vu à nouveau l’œil du président briller. Et il nous disait : Fillon est battable ! Mais c'était trop tard, Macron était parti."
Un nouveau Premier secrétaire
Jean-Christophe Cambadélis ne se prononce pas sur celui qu'il aimerait voir prendre sa place à la tête du PS. "Chacun a eu son moment", assure-t-il. "Je ne prendrai pas position. Ce n'est pas mon rôle aujourd'hui de dire qui doit me succéder."
Une élection sur fond de désintérêt de l'électorat pour ce qui se passe au sein du Parti socialiste, en grande difficulté après la présidentielle et les législatives. À partir de combien de votants Jean-Christophe Cambadélis estime-t-il qu'il ne s'agira pas d'un fiasco ? "Au-dessus de 30.000 votants. On avait 55.000 au dernier Congrès, on a perdu des gens. Dans les listings du PS, il y a aux alentours de 100.000 adhérents, 80.000 à jour de leur cotisation. 50 %, c'est 40.000 donc voilà : entre 30 et 40.000."
Ni alliance avec Mélenchon, ni alliance avec Macron
Pour l'ancien Premier secrétaire, la stratégie du PS ne peut pas viser à s'unir à sa gauche ou à sa droite. "Il est illusoire de proposer l'alliance à Jean-Luc Mélenchon comme il est illusoire de la proposer à Emmanuel Macron", selon lui. "Les deux ont la même finalité. Il faut une stratégie qui nous permette de nous adresser aux électeurs de ces deux personnalités, parce qu'une partie d'entre eux nous ont quittés. Il faut un projet novateur."
"Il ne faut pas se déterminer par rapport à ce que dit Emmanuel Macron, qui fait une politique de centre-droit, ni Jean-Luc Mélenchon qui fait dans le populisme et qui vient de gifler publiquement Benoît Hamon qui lui proposait l'unité sur les questions européennes", poursuit Jean-Christophe Cambadélis. "Ces deux-là sont dans une situation hégémonique, ils ne veulent absolument pas discuter avec les socialistes ni avec personne d'autre."
Il estime même que l'électorat socialiste, bien que dilué, n'a sans doute pas disparu. "Une partie de notre électorat nous regarde : ils sont passés chez les autres, mais ils nous regardent. Ce sont les élites des partis ou les personnalités qui les représentent qui sont irréconciliables, pas leurs électeurs. Sinon, c'est simple : autant dire que Macron est là pour 10 ans."
Qui pour mener la bataille des européennes ?
Pour les élections qui auront lieu l'année prochaine, l'ancien patron du PS estime que le parti peut tirer son épingle du jeu. "Moi ma thèse, c'est que ce n'est pas le leader qui à cette étape va faire la différence, c'est l'offre. Si vous n'avez pas d'offre, si les socialistes ne sont utiles à rien, ni à l'opposition ni à la proposition, je crains qu'on se fasse bousculer."
Selon lui, Pierre Moscovici "est une très bonne candidature" pour mener le PS lors de ces élections. "Il n'y a pas plus pro-européen que lui, il a des compétences indéniables, et il n'est pas mal placé pour être le candidat de tous les socio-démocrates européens." Seul problème : pour l'instant, le principal intéressé ne souhaite pas y aller. "Je le connais bien, mais je ne suis pas sûr qu'il m'écoute", regrette Jean-Christophe Cambadélis.
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