Marc Fesneau, Ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, est l’invité de « Questions Politiques » ce dimanche. Une émission présentée par Thomas Snegaroff avec Carine Bécard, Nathalie Saint-Cricq, Françoise Fressoz et Alexandra Bensaid.
- Marc Fesneau Ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire
Le débat commence sur les hommages rendus à Samuel Paty dans toute la France ce samedi.
La question mémorielle
"C'était important pour tout le monde, de se souvenir ce qui est arrivé ce jour-là. Samuel Paty est mort d’enseigner. Au XXIème siècle qu'on ne l'oublie pas, qu’on n’oublie pas tous ses collègues, qui chaque jour essayent d'apprendre nos valeurs, c'est le travail de tous. Je pense qu'on aurait fait à ne pas [commémorer]."
Quelles mesures ont été prises par le gouvernement depuis un an ? "Il y a des moyens techniques qui ont été développés, à travers la plateforme Pharos. On voit bien la puissance dévastatrice des réseaux sociaux. On a travaillé au travers de Loi sur le respect des principes républicains, pour réaffirmer les principes républicains et se doter de moyens supplémentaires, vis-à-vis d'associations qui interviennent sur le séparatisme notamment. Mais il faut être modeste, on voit bien que c'est un travail de temps long qui est à faire", nuance-t-il.
A propos de la commémoration officielle du 17 octobre 1961, journée du massacre des Algériens à Paris, Marc Fesneau prône une politique de mémoire avec l'Algérie sur le modèle de ce qu'a fait la Commission de la Vérité et de la Réconciliation' en Afrique du Sud, dans l'optique de mettre fin à l'apartheid. Il suggère autre chose qu'une forme d'"amnésie" ou de "repentance".
Peut-être, qu'il faut qu'on essaye de construire avec nos amis algériens la vérité de part et d'autre. Nous faisons notre part, il faut que chacun fasse sa part. Je pense que la réconciliation passe par la vérité réciproque
Pouvoir d'achat...Réalité et ressenti
Le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne est questionné sur la reprise de quelques manifestations de Gilets Jaunes ce samedi 16 octobre. "Il faut toujours être vigilant sur les mouvements", dit-il. "Mais je pense que cette fois ce n'est pas tout à fait de même nature. Ici, la hausse des carburants est mondiale", tient-il à rappeler.
Concernant la suppression de l'ISF en 2018, mesure prise par Emmanuel Macron, la journaliste économique Alexandra Bensaïd souligne que ses effets sont minimes, selon le rapport de France Stratégie. "Nous sommes l'un des pays d'Europe qui a bénéficié le plus d'investissements ces dernières années, et l'investissement dans les entreprises, c'est ce qui compte pour créer de l'emploi et de la richesse", commence-t-il.
Il souligne que "les exilés fiscaux ont fait mouvement inverse", même s'ils ne sont que quelques centaines rappelle la journaliste. "Qu'on donne le signal du développement économique et industriel parce que derrière c'est de l'emploi, je pense que c'est un bon choix", appuie le ministre.
Quelle participation citoyenne ?
Le ministre de la Participation citoyenne explique son champs d'action. "On a besoin d'avoir un dialogue entre les citoyens et ceux qui les représente. Et on est dans un moment où les gens ont besoin d'une démocratie continue [entre les mandats]. Enfin, parfois il y a des sujets qui nécessitent qu'on ait besoin d'un débat national."
Il défend le bilan de la Convention citoyenne pour le climat, sans quoi selon lui, certains sujets n'auraient "jamais été mis à l'ordre du jour" comme "l'artificialisation des sols", "la place de l'avion dans notre pays", et "l'alimentation durable".
"Je pense que le sujet de la proportionnelle ne résout pas à lui seul le sujet de la démocratie. La réforme démocratique est un tout", selon le ministre.
Est-il favorable au vote dès 16 ans ? Il n'y est pas hostile. "Peut-être à certaines élections, je ne suis pas butée sur l'âge de 18 ans. Mais ça pose la question : s'ils peuvent être électeurs, peuvent-ils être candidats ?"
Quand à la fin du cumul des mandats, il reste "favorable, dans la philosophie générale, à l'idée qu'on ne peut pas tout faire et pas tout cumuler, c'est une question de temps et de disponibilité."
Une maison commune, pour quoi faire ?
Lors de l'université de rentrée du MoDem, François Bayrou — dont Marc Fesneau est proche — a dit souhaité la création d'un grand parti démocrate, au centre de l'échiquier politique. A quelle date ? "François Bayrou et Richard Ferrand ont évoqué, et je pense qu'ils ont raison, avant Noël, et je suis assez d'accord."
A propos de la création du parti 'Horizons' d'Edouard Philippe, dont il est également proche, "on a besoin de structurer la droite (...) et la gauche, donc qu'Edouard Philippe souhaite structurer cette espace là je trouve ça très bien". "Il n'a jamais été dit que la majorité présidentielle était l'objet d'un seul parti et d'un monolithe", continue-t-il_. _
Se positionner face à Eric Zemmour
"Il y a une évolution de l'attitude par rapport à Eric Zemmour, 'tapper, ne plus tapper, négliger, ne plus négliger', vous en êtes où ? Quelles sont selon vous les thèmes qui domineront la campagne ? Les thèmes régaliens ?", questionne la journaliste Nathalie Saint-Cricq.
"Je n'ai pas envie de parler de quelqu'un qui n'est pas encore candidat, et que la vie politique française se résume à savoir ce qu'on pense de sa dernière phrase, de sa dernière insulte", commence Marc Fesneau. "Je pense qu'il faut que chacun développe ses idées", poursuit-il.
"Les thèmes de souveraineté, et d'identité, dans le bon sens du terme, sont importants pour le Français. On est dans une société de l'immédiateté où un thème peut émerger en 15 jours. Il faut essayer dans la vie publique de regarder ce que sont les thèmes de fond, pour éviter de courir derrière des thèmes faits par une actualité tellement mondialisée, qu'après on subit."
N'est-ce pas risquer d'apparaitre comme le camp de l'humanisme et de la raison ? "Non, je ne pense pas. Il faut qu'on fasse attention à structurer les choses autour de débats qui rassemblent. Si on n'arrive pas à dire posément les choses, on ira vers de solutions extrêmes."
"Je pense qu'on a besoin à la fois de dire ce qu'on peut faire et ce qu'on veut faire pour le pays, c'est plutôt du côté de la raison. En même temps, il faut porter une forme de passion française, mais pas déraisonnable. C'est cette balance qu'il faut trouver."
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