- Klavdij Sluban photographe, ami de François Maspero, coauteur du livre Balkans transit.
Chaque printemps, les Rencontres de la jeune photographie internationale réunissent 8 jeunes artistes internationaux en résidence de création, autour d’un grand nom de la photographie internationale. Cette année, Klavdij Sluban est l'invité d’honneur de cette résidence. Il accompagne 20 jours durant le travail de jeunes photographes venus des quatre coins du globe.
L'occasion d'aborder la photographie de klavdij Sluban et le goût de transmettre avec Patrick Delat, directeur de la Villa Pérochon, également invité de Regardez-voir.
Klavdij Sluban
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Je ne photographie plus avec les yeux, ça part de l’âme du plexus…
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Eléments de parcours
Klavdij Sluban est un photographe français d’origine slovène, né à Paris en 1963.
Lauréat de prestigieuses récompenses, Klavdij Sluban mène une œuvre personnelle rigoureuse et cohérente, ce qui en fait un des photographes-auteurs les plus intéressants de sa génération. Souvent empreints de références littéraires, ses nombreux voyages photographiques se situent en marge de l’actualité chaude et immédiate. Ses périples photographiques en mer de Chine, aux Caraïbes, dans les Balkans, en Russie, en Chine, aux Îles Kerguelen peuvent se lire chez lui comme une rencontre entre la réalité du moment et le sentiment intérieur du photographe. Ses noirs profonds, ses silhouettes à contre-jour confèrent à son écriture photographique une droiture et une justesse exemptes de tout exotisme.
Depuis 1995, Klavdij Sluban, quand il ne voyage pas, anime des ateliers photographiques auprès de jeunes détenus. Cet engagement commencé en France (Fleury-Mérogis) avec le soutien d’Henri Cartier Bresson, Marc Riboud et William Klein, s’est poursuivi dans les camps disciplinaires des pays de l’Est, en ex-Yougoslavie (Slovénie, Serbie), en ex-Union Soviétique et plus récemment en Amérique centrale.Familier des lieux de détention, Sluban nous fait éprouver les fractures de l’enfermement. A chaque projet en prison il mène également un atelier de photographie avec les détenus puis il expose les travaux des apprentis photographes.
Les travaux de Klavdij Sluban sont exposés dans les institutions les plus prestigieuses, notamment ces dernières années au musée Niépce (rétrospective), au Musée de la Photographie à Helsinki, au Musée des Beaux-arts de Canton, au Metropolitan Museum of Photography de Tokyo, au musée d’Art Moderne de Guatemala City, à la Maison Européenne de la Photographie et au Centre Pompidou/Beaubourg, à Paris.
Il vient d'obtenir une Résidence à la préstigieuse villa Kujoyama pour 2016
Mes photographies de prison ne sont pas du photoreportage, tout comme mes photos de par le monde ne sont pas des photos de voyage. Je n'illustre pas. Je ne décris pas. C’est une démarche solitaire, j’avance sans filet, je cherche la confrontation avec moi-même…
Choix photos de K. Sluban pour Regardez-voir
- Transtibétain 2006, Série Transsibériades
- Pologne 2005, Série Transsibériades
__ Le photographe se définit lors de la sélection de ses images . Il faut travailler beaucoup et montrer peu.
- Guatémala 2006 , Série Entre parenthèses
- Russie 2004
Photographiées en Moldavie, en Russie, en Lettonie… ou à Fleury-Mérogis, ces « Parenthèses », ces scènes de vie et leurs tempêtes sous des crânes rasés, nous sidèrent d'emblée par leur réflexion. (...) Il y a quelque chose d'universel dans cette id é e de l'enfermement et d'une certaine violence de l'humanit é .
Sébastien Acker La Nouvelle République
Patrick Delat
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.Directeur du 6ème Centre d’art contemporain photographique depuis 2013.
Patrick Delat s’est pris de passion pour la photographie très jeune, au milieu des années 70, traquant lapins et faisans pour en tirer... le portrait. Plus tard Bernard Plossu et Mario Giacomelli – deux de ses auteurs préférés– ouvriront sa conscience sur la photographie d’auteur.
Pendant 24 ans, Patrick Delat mène de front carrière socioculturelle et actions en faveur de la photographie d’auteur, leur reconnaissant de nombreux points communs : “Un bon photographe a tous les sens en alerte quand il photographie. Idem pour le travailleur socioculturel qui veut respecter et comprendre les gens pour mieux les aider .”
Cet ardent défenseur de la photographie a fait sienne cette citation de Robert Doisneau : “Suggérer c’est créer, décrire c’est détruire » portant l’idée qu’il n’est pas nécessaire de montrer l’immontrable…
A l’heure où la moindre personne possédant un téléphone peut se prétendre photographe, la photographie d’auteur a besoin de défendre sa place.
Photo décrite par Patrick Delat :
- Charlie Jouvet
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Cette photo s'inscrit dans une longue série qui traite de l'absence, celle des habitants de Phnom Penh qui ont quitté la ville lors de l'entrée de Khmers rouges il y a 40 ans. C'est comme une sorte de commémoration. Le pari fou de Charlie Jouvet a été de réaliser ses images aujourd'hui dans cette ville où la présence humaine est omniprésente dans la journée mais aussi la nuit... En regardant cette image, chaise vide, et linge qui sèche, on imagine un départ précipité.
EXPOSITIONS
Les 21è Rencontres de Niort
Du 7 mars au 30 mai
4 rue Paul-François Proust/ 79061 Niort
Tél : 05 49 24 58 18
Avec la Villa Pérochon nous souhaitons Surprendre, questionner, Ouvrir et inviter à découvrir! C’est un lieu où l’esprit de rencontre prévaut et permet la découverte de l’autre. Humblement nous continuons d’agir pour éveiller la curiosité, donner quelques clés de lecture du monde, maintenir du lien, accompagner votre curiosité mais aussi la stimuler voire la provoquer.
A l’intérieur de ce riche programme 2015 se côtoient les approches et les cultures les plus diverses en pleine lumière et sans l’ombre d’aucune chapelle…
Patrick Delat
Klavdij Sluban est l’invité d’honneur de la Villa Pérochon, il y présente deux expositions :
*Transsibériades (dans le jardin)
Transsibériades est composée de 18 grands tirages (2m x 1,m30) disposés sur les murs en pierre du jardin, cette sélection effectuée par Patrick Delat est une sorte d'entrée en matière qui pose l'écriture photographique et l’univers de Klavdij Sluban, une invitation au nomadisme, entre l'Est et notre Ouest.
« Le photographe Klavdij Sluban vient de la moitié d’Europe séparée, il est habitué aux enclos et aux barreaux. … Klavdij Sluban, c’est une enfance passée à Livold, en Slovénie, lui et son peuple appartenaient à la nation yougoslave qui finit en miettes (…) C’est de cette zone de haine consommée que vient le photographe, Leica en bandoulière, pellicule blanc et noir, pour raconter les Est à qui sait tout juste qu’il en existe un…
Le photographe se déplace à pied à travers les villes d’un Far Est abandonné, à la recherche d’êtres humains… Le photographe a la nostalgie de la neige maternelle de l’enfance qui le rebordait dans son coin de terre, mais ici la neige est devenue une lèpre blanche, elle ne recouvre pas le sol, elle le ronge. Son silence est oppressant. Il laisse plus souvent un temps de pause plus long sur le diaphragme fermé, pour que le silence imprègne la pellicule. L’immobile a besoin de plus de temps pour affleurer. « Erri de Lucca
*Entre parenthèses (à la Galerie)
Les photos à voir à l'intérieur de la Villa Pérochon dépeignent l’univers carcéral. Vingt années de cycle photographique, de 1995 à 2015, en prison. Du noir et blanc, toujours.
A VOIR BIENTOT
Habiter l’exil
Exposition photographique sur Hauteville House , la maison où Victor Hugo a passé 15 ans en exil à Guernesey.__
En Géorgie du 22 avril au 25 mai
A la Maison des Écrivains
En Allemagne du 21 mai-31 juillet 2015
« Maîtrisant parfaitement le noir, il se laisse habiter par ses encres et accède à un « sombre obscur » cinglant, quelquefois étamé, comme les glaces anciennes dispersées dans la maison. Il joue de la lentille incurvée de ses objectifs, posant sur la demeure un regard globuleux, cristallin et réfractif. Par les portes, les balcons et bow-windows, il pique vers les jardins, la mer, le port, les lumières dans la nuit, se faisant méditatif, paisible. Plutôt qu’éluder la calamité, l’artiste l’apprivoise et la sublime. » ZAHA REDMAN
LIVRES
- Entre parenthèses, Regards sur l'univers carcéral / K Sluban, Actes Sud Photo poche
Les parenthèses désignent ici les portes de l'enfermement, une sortie du champ de la normalité. Pendant des années, dans les centres de jeunes détenus de l'ex-Union soviétique ou de Serbie, Sluban a reconstitué un atelier où il révèle aux prisonniers la magie de la photographie. Avec patience et compétence, il a montré à ces exclus du monde comment ils pouvaient prendre possession de cet univers carcéral au moins visuellement, pendant la durée de leur détention. Sluban ne porte aucun jugement sur ceux qui sont ses élèves plus que des prisonniers. Il ignore la nature de la faute. Il se contente d'assister ces jeunes délinquants dans une démarche qui les passionne et de photographier à son tour ces lieux et ces visages qu'il côtoie depuis dix ans. Cet apprentissage de l'image se fait en noir et blanc. Car le gris est la couleur de la prison. C'est aussi la couleur qu'affectionne Sluban dans ses travaux personnels ici présentés. Un gris que perce parfois un rayon de lumière, comme le signe avant-coureur d'une libération, comme le seul remède au désespoir.
- Balkans Transit , __ François Maspéro , Seuil
Cinq ans de périples dans les Balkans : Albanie, Macédoine. Grèce, Bulgarie, Roumanie... Et la Bosnie. Parce que, dès les premières rencontres, on
lui a dit : «Nous sommes ici au cœur de l'Europe.» C'est le dernier de ces voyages que François Maspero relate ici : de l'Adriatique à la mer Noire en compagnie de Klavdij Sluban , photographe. «On débarque du train, et solitaires, perdus dans cette foule, il faut des heures, des jours avant de comprendre. Il faut marcher, écouter, s'imprégner...» Les paysages et les pierres parlent, les voix des hommes s'entrecroisent. Le regard des voyageurs suit les traces de l'Histoire : anciens empires, nationalismes, sociétés communistes... Autant de personnages que dans un roman, et parfois plus attachants.
«C'est peut-être cela, le pari du voyage? Au-delà des émerveillements ou des angoisses de l'inconnu, retrouver le sentiment d'être de la même famille. Parfois ça rate. Parfois même, ça tourne mal. Mais le pari vaut d'être fait, non ?»
- Transsibériades, Actes Sud , 2009
Cet album a valu à son auteur le 16e European publishers award for photography . Il est issu des voyages effectués depuis des années entre l'Est et l'Ouest, de Moscou à Pékin, de Pékin à Lhassa, de Saint-Pétersbourg à Odessa, dans les Balkans, etc.
L'équipe
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