- Jacques Henri Lartigue
Avec Martine Ravache, historienne de l'art et Martine d'Astier, directrice de la Donation Jacques-Henri Lartigue.
Les photos couleur : c’est ce qui vous retourne le mieux le couteau dans la plaie quant à la vanité des choses que l’on essaie de créer pour capter les beautés qui passent et s’envolent » ( Extrait du journal de J-H.Lartigue) 1972
Jacques Henri Lartigue
Peintre, écrivain, photographe, Jacques Henri-Lartigue (1894-1986) réalise sa première image à 7 ans. Peu après, son père lui offre un appareil avec lequel il n’aura cesse d’enregistrer les choses qui passent pour en saisir les bonheurs.
Cet apôtre de l’insouciance né dans un milieu grand bourgeois fonde son existence sur le sport, les voyages et les sorties mondaines, une vie relatée à travers ses carnets et ses photos.
« Photographier pour Lartigue, c’est posséder le réel, et même, obtenir quelque chose de plus joli et plus clair que le morceau de réalité qu’on vise », écrit Michel Ciment à son sujet.
L’œuvre de cet « amateur professionnel », découvert sur le tard, à l’aube des années 60 par l’Amérique, est riche de 200 000 clichés et fait l’objet d’une donation par son auteur à l’Etat en 1979.
« Je voudrais envoyer du soleil dans le ventre des gens » Jacques-Henri Lartigue
Lartigue la vie en couleurs
L’exposition valorise le fond couleur, pan quasi inédit de son oeuvre qui représente pourtant un tiers de ses images. Les photographies sont présentées ici par thèmes : les autochromes (réalisés dans les années 20), les saisons, les obscessions, la vie des autres, les voyages. « Pendant les brèves années où il a pratiqué la couleur, Lartigue a imprimé à ses images un style unique, une écriture comparable à nulle autre."
Ses images ressemblent à de petits tableaux intimistes et lumineux. Martine d’Astier
Son Univers
Ses photos habitées par les femmes de sa vie (Madeleine Messager dite Bibi , Renée Perle, puis Florette avec qui il passe ses 50 dernières années) dépeignent un univers insouciant et élégant. Ses images montrent un monde préservé de femmes en fleurs, de plages en fête et d’exploits sportifs, photos de gens heureux en perpetuel mouvement. « Pour cet electron libre ou poète la beauté est partout et elle seule l ’interesse… sa vision du monde prend quelques fois des airs de comédies musicales … » écrit Martine Ravache.
- Florette, Vence, 1954
sa dernière compagne qu’il appelait_« ma petite fleur des champs ». Une trentaine d’année de différence entre eux et quarante ans de vie commune... "L’œuvre de Lartigue est un hymne à la vie et qui ne s’exprime jamais mieux que dans les portraits de femmes »_ __ écrivait Michel Ciment.
"Saisir l'élégance c'est déjà être élégant" __ écrit Deleuze, formule qui convient parfaitement à Lartigue.__
Martine d'Astier
Après des études de Lettres et d’Histoire, Martine d’Astier a rejoint l’équipe de Robert Delpire, l’éditeur des plus grands noms de la photographie. Elle a ensuite travaillé aux côtés de Jacques Henri Lartigue à partir de 1981.
Depuis 1986, elle dirige la Donation Jacques Henri Lartigue.
Auteur de plusieurs ouvrages sur l’œuvre photographique de ce dernier, elle a organisé ou participé étroitement à de nombreuses expositions en France et à l’Etranger, dont «Lartigue, l’album d’une vie 1894-1986» , au Centre Georges Pompidou en 2003, « La Belle Epoque » au Musée des Beaux Arts de Canton en 2008, «Entre ciel et terre» au Grand Manège de Moscou en 2009, «Images d’un monde flottant », présentée en 2010 et 2011 à Barcelone et à Madrid, « D’air et d’eau » à Rio de Janeiro et San Paolo et « Shoji Ueda et J.H. Lartigue » au Tokyo Metropolitan Museum of Photography en 2013. Elle est co-commissaire de l’exposition « Lartigue en couleurs ».
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Martine Ravache
Diplômée de l’Ecole du Louvre, Martine Ravache est historienne de l’art, critique et spécialiste de la photographie. Elle collabore ou a collaboré régulièrement avec presque tous les titres de presse spécialisés en art Caméra, Connaissance des Arts, Beaux-Arts, Le Magazine Littéraire …
Co-commissaire de l’exposition « J.H Lartigue : La vie en couleurs » , elle est également l’auteur de sept ouvrages à propos ou à partir de la photographie « J.H Lartigue : La vie en couleurs » (Editions du Seuil, 2015),« Baie attitude » (éditions Patrimoines médias, 2013), « Les Sudre, une famille de photographes » (Editions Delpire, 2010), « Les années cool » (Editions du Panama, 2006), « L’album photo des Français » (éditions du Chêne, 2004), « Le fleuve des sables » (Editions du Chêne, 2002), « Enquête sur portraits » (Editions Filigranes, 1998). Elle a créé en 2010 un atelier pédagogique intitulé « Apprendre à voir » qu’elle anime dans le cadre des Rencontres Internationales de la Photographie à Arles et à la galerie Agathe Gaillard à Paris.
Photos choisies
- Bibi au Restaurant d'Eden Roc , Cap d'Antibes, mai 1920
Positif sur verre autochrome stéréo 6x13
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- Florette , Opio, avril 1960
Ektachrome 6x6
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- Marie Bailey à la piscine d'Eden Roc , Cap d'Antibes, septembre 1977
Kodachrome 24x36 mm
Je suis amoureux de la lumière, je suis amoureux du soleil, je suis amoureux de la pluie, je suis amoureux de l'ombre, je suis amoureux de la pluie, je suis amoureux de tout" J.H. Lartigue
- Florette dans la Morgan, Provence, mai 1954
Ektachrome 6x6
Le paradis n'est pas perdu parce que le moindre brin d'herbe ou champ de coquelicots m'enchantent, le paradis est partout mais on ne le voit pas." J.H. Lartigue
EXPOSITION
à la MEP du 24 juin au 23 aout 2015
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris
Martine Ravache et Martine d'Astier, sont les commissaires de l'exposition.
Il s’agit d’une réelle découverte pour le public, non seulement parce que les photos présentées le sont pour la première fois ou presque mais aussi parce qu’elles révèlent un Lartigue inconnu et surprenant.
Lartigue a toujours eu l’esprit juvénile. Rares sont ceux qui conservent leur vie durant une fraîcheur enfantine, une curiosité et un émerveillement comparables. “Lartigue n’a pas vieilli d’une heure depuis sa première photo” écrit René Barjavel en avril 1972. Est-ce cela qui explique la modernité évidente de ses photographies ? Une modernité – faut-il le préciser – que la couleur exacerbe au point de lui donner une sensibilité quasi contemporaine. Preuve supplémentaire, si elles datent bien des années 1950 ou 1960, ses images ne sont jamais nostalgiques pour autant. Leur énergie n’est pas celle du passé et Lartigue est définitivement une créature du futur.
LIVRE
- Lartigue la vie en couleurs, Martine d'Astier et Martine Ravache, Seuil
Célébré au XXe siècle comme un génie du noir et blanc, Jacques Henri Lartigue se révèle aussi un artiste de la couleur, et la perception que nous avions de son travail en est bouleversée et enrichie. Pour lui, la vie et la couleur sont indissociables. Les autochromes de sa jeunesse (1912-1927) puis le procédé ektachrome qu’il adopte à partir des années 50 jusqu'à sa mort en 1986 lui permettent de traduire la joie passionnée qui l’habite et restent, selon ses mots, ce qui est « le mieux capable d’exprimer le charme et la poésie ». Dans les photographies de cette dernière et longue période de sa vie, la couleur apparaît comme la partie enchantée d'une œuvre de plus en plus libre.
L'ACTU PHOTO
PRIX__
- Le 23 juin, le jury du prix Henri Cartier Bresson a désigné le photographe français Claude Iverné pour son projet « Photographies soudanaises, le fleuve des gazelles ».
A VOIR
- En ce moment à laFondation HCB , vous pouvez voir le travail du dernier Lauréat en 2013, Patrick Faigenbaum et son exposition « Kolkata / Calcutta » Jusqu’au 26 juillet 2015
A LIRE
- Le magazine De l'air (juillet 2015)
Qui dirige la photo en France aujourd'hui? Réponse dans de l'air # 60 De l’air a deux atouts le premier c’est un dossier sur les nouveaux acteurs de la photographie. Dans les institutions, les galeries, les manifestations, le mécénat, l’édition. Si vous êtes un peu perdu dans ce monde légèrement fermé et que vous ne comprenez pas pourquoi, la photo peut être associé au PMU, à BMW et HSBC, si vous voulez constater que les festivals se multiplient en France, lisez le dossier de De l’air et lisez le jusqu’au bout car dans l’article de Christine Coste, « Edition, librairies, Medias » Regardez voir est étiquetté coureur solitaire dans le monde des médias. ..
Egalement à découvrir dans ce numéro, un entretien avec d’Antoine D’agata qui pourrait se résumer par cette phrase : "Absorbion du monde par le corps parce que je m’y défais, et que le monde se défait en moi »
A lire un entretien avec Sam Stourdzé le directeur des Rencontres d’ Arles (qui sera l'un de nos invités pour notre émission arlésienne le samedi 11 juillet).
A découvrir également le portfolio de Marc Riboud par Michel Frizot et_Les vacances à l'italiennes_ de Claude Nori, deux dossiers et deux expositions à la galerie Polka en ce moment.
ALLER PLUS LOIN ►►► La joie de vivre en couleur, de Jacques Henri Lartigue
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Les liens
Jacques-Henri Lartigue La Donation
« C’était devenu inextricable, ces deux chambres entières bourrées de photos, j’avais peur des cambrioleurs, et j’avais peur qu’après ma mort on disperse cette collection. Il fallait que ça soit complet, tout depuis 1902 ». En 1979, Jacques Henri Lartigue fait don à l'Etat français de l'intégralité de son œuvre photographique et confie à l'Association des Amis de Jacques Henri Lartigue, dite Donation Jacques Henri Lartigue, le soin de conserver, mettre en valeur, et de diffuser cette œuvre.
L'équipe
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