Depuis longtemps, je voulais interviewer Bogdan Konopka. J'avais vu son travail au Festival L'oeil Urbain à Corbeil-Essonnes, à la Galerie Folia, dans sa galerie Francoise Paviot à Paris. Toujours fascinée. Le temps passe vite. Nous avons enfin pris rendez-vous.
Bogdan Konopka est venu mercredi 15 mai, accompagné de son épouse Jacqueline qui m'a dit "ça tombe bien, Bogdan a une exposition à Beaucouzé organisé par l'association Tisseurs d'images, ses photos sont en grands formats en extérieur, c'est une première pour lui". Vous présenter Bogdan Konopka avec son livre "Un conte polonais" aux éditions Delpire était bien, vous indiquer une exposition dans l'agglomération d'Angers était encore mieux.
Il est venu à la radio pour cet entretien. C'est un homme généreux pour qui la photographie est un langage, une parole qui va de la Pologne, son pays natal à la France. Dimanche dernier, Jacqueline m'a appelé pour me dire que Bogdan était mort dans la nuit, dans son laboratoire. Je vous laisse ces quelques mots que j'avais écrit sur cette page avant d'apprendre cette nouvelle.
Le travail de Bogdan Konopka est précieux, dans des petits formats desquels il faut s'approcher pour entrer dans le conte, dans l'imaginaire de ce photographe qui puise dans l'histoire se son pays.
Photographe au meilleur sens du terme, explorant donc les limites de l’outil qu’il s’est choisi, il nous convie à regarder vraiment, à commencer à voir, à l’accompagner pour dresser non pas le portrait photographique de la Pologne – ce serait, comme toujours, peine perdue -, mais à partager son portrait de sa Pologne, celui qu’il esquisse au rythme de ses expériences, mais qu’il n’affirme pas, qu’il n’impose en rien.
- Christian Caujolle, introduction à Un conte polonais, éditions Delpire.
Bogdan Konopka a beaucoup travaillé dans les villes : Varsovie, Prague, Genève, Venise, Zürich, Budapest, ainsi que dans des cités chinoises, il saisit le quotidien, rien de spectaculaire. Il en va de même pour ce conte polonais dans lequel photographie des hommes et des femmes de son pays qui ont en commun une humanité palpable qui leur permet de traverser l'histoire de la Pologne.
Nous trouvons là tout ce qu’exige la photographie : des traces matérielles, concrètes, au devenir pétrifié, et abandonnées aux éléments d’une absence d’autant plus douloureuse. J’ai voulu éterniser le royaume de ces absents avec l’espoir que l’un d’eux veuille bien apparaître devant l’objectif et éveiller, par sa confession, une résonance dans les méandres de la mémoire grise…
- Bogdan Konopka
Les tisseurs d'images présentent Un Conte polonais à Beaucouzé du 24 mai au 7 juillet dans le Parc du Prieuré.
Un conte polonais est paru aux éditions Delpire.
Bogdan Konopka est représenté par la galerie Françoise Paviot à Paris.
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