- Pieter Hugo Photographe
Rediffusion de la rencontre avec Pieter Hugo (première diffusion en janvier 2015) agrémentée d'une découverte inédite, en fin d'émission
Il est africain. Il est blanc. Il vit au Cap, son travail est exposé dans les musées du monde entier. Il a reçu de nombreux prix, a réalisé de nombreux livres, et, fait rare, a connu une rétrospective de son travail à l'âge de 36 ans seulement, au Musée de L’Elysée à Lausanne en 2012.
Toutes ses séries photographiques questionnent l’identité en Afrique du Sud, l’humanité de chacun et la notion de représentation de l’être humain, sa couleur, sa richesse, sa pauvreté, son histoire.
Pieter Hugo a fait escale dans Regardez-voir à l’occasion de son exposition "KIN" à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Une rencontre toute aussi forte que sa photo...
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Pieter Hugo s'intéresse aux sujets qu'on n'aime pas regarder…
Il est parti sur les traces du génocide rwandais dix ans après, il a photographié des victimes mortes du sida en Afrique du Sud (Série Deui l), a photographié des Albinos, et avec «Error permanente » a suivi deux années durant la vie d’une immense déchetterie à ciel ouvert située à côté d’un bidonville proche de la capitale du Ghana. Il a aussi accompagné des dresseurs d’hyènes ambulants au Nigéria et s’est intéressé aux hommes de loi du Ghana et du Botswana, dans leurs robes, noires ou rouges, affublés de perruques dans le meilleur style britannique… Manière de réfléchir aux survivances de la tradition coloniale.
Le photographe passé brièvement par l’expérience de photo-reporter a vite quitté cet univers qui ne lui correspondait pas, raconte-t-il, parce qu’il a besoin de temps pour appréhender les sujets qu’il aborde.
Quelques photos de Pieter Hugo commentées au cours de l'émission :
- Loyiso Mayga, Wandise Ngcama, Lunga White, Luyanda Mzanti et Khungsile Mdolo après leur rite d’initiation , Mthatha, 2008
Ces jeunes hommes appartiennent à la tribu Xhosa, d’où vient Mandela. Dans cette culture, à 16-18 ans les jeunes hommes sont extraits de la société pour être initiés. Ils partent avec une seule couverture et on leur apprend à être des hommes, à la fin ils sont circoncis et sont rendus à leur communauté. Ils sont donc là en costume et sont fiers car ils nous montrent qu’ils sont devenus des hommes…
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- Ann Sallies, ma nourrice , Douglas, 2013
Cette femme s’appelle Anne Sallies, elle a travaillé chez mes parents pendant une trentaine d’années et nous a élevés mon frère et moi… c’est une situation très coutumière des familles blanches en Afrique du Sud. C’est un phénomène étrange d’avoir cette extrême intimité avec ces personnes puis lorsqu’elles prennent leur retraite, on perd totalement contact avec elles… Quand j’ai fait mes études, je l’ai perdue de vue, et je ressentais une culpabilité vis-à-vis d’elle, alors je l’ai cherchée et je suis allé la voir, et je l'ai photographiée... C’était très émouvant.
Johannesburg, riches et pauvres vus du ciel
- Faubourgs chics de Johannesburg
- Bidonvilles à 5 km seulement de la première vue
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présente_"Kin"_ de Pieter Hugo , du 14 janvier au 26 avril 2015
Kin est le nom du dernier projet de Pieter Hugo. À travers des portraits, des paysages et des natures mortes exposés pour la première fois en France, le photographe sud-africain propose une réflexion sur la complexité de l’identité sud- africaine post-apartheid.
Réalisée au cours des huit dernières années (2006-2013), la série Kin aborde des thèmes complexes comme la colonisation, la diversité raciale et les disparités économiques en Afrique du Sud. Ces questions sont récurrentes dans les projets antérieurs du photographe au Nigeria, Ghana, Liberia et Botswana ; cependant, Pieter Hugo se concentre cette fois sur son pays natal, qu’il observe de l’intérieur.
- Hilbrow, 2013 © Pieter Hugo, courtesy Galerie Stevenson
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_ Regarder son pays avec un œil critique c’est se regarder soi-même et regarder son prochain. C’est ressentir le poids de l’histoire et comprendre le rôle que chacun y joue. C’est observer sa propre relation avec ses proches, c’est voir les liens ténus qui nous unissent et nous divisent._
Pieter HUGO
- Thoba Calvin et Tshepo Cameron Sithole-Modisane, Pretoria, 2013 © Pieter Hugo, courtesy Galerie Stevenson
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J’ai commencé la série Kin avec la grossesse de ma femme, cet événement a réveillé une certaine anxiété en moi, parce qu’on vit dans une société pleine de fractures et de blessures… Comment vivre ici et comment décider d’y fonder une famille ? Ce questionnement a été le point de départ de ce travail photographique.
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LIVRES
- Kin , ed. Aperture
En Afrique du Sud, les retours sont très divers sur cette série Kin. C’est intéressant d’ailleurs. Car l’histoire de mon pays a été réécrite dernièrement et le fait de toucher à sa représentation soulève encore pas mal de discussions... Cette série a donc été plutôt bien reçue, ce qui n’est pas le cas de toutes mes séries. C’est important de montrer des images qui emmerdent les gens parfois.
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- This must be a place, Pieter Hugo
Depuis 2005, Hugo photographie les hommes de loi du Ghana et du Botswana, habillés dans leur robes, noires pour les avocats et rouges pour les juges, et affublés de perruques dans le meilleur style britannique. Le photographe a choisi un fond noir, créant un contraste très pictural avec la peau noire de ses modèles. Les photographies ressemblent un peu à des portraits du 17ème siècle. Les images peuvent être lues sur deux niveaux ; premièrement en tant que portraits, deuxièmement en tant que réflexion sur l'histoire de ces pays, anciennement colonies anglaises, et sur la survivance de la tradition dans la période post-coloniale.
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- L'homme et la hyène, Pieter Hugo
Men and the hyena
Ce travail spectaculaire a largement contribué à le rendre célèbre.La démarche de Pieter Hugo n’est ni photojournalistique ni ethnographique. Dans ses images, Pieter Hugo utilise la bête métaphoriquement pour évoquer les rapports entre l'homme et l'environnement, la dominance et la soumission, mais aussi entre animalité et humanité, civilisation et sauvagerie ou nature et culture.
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- Permanent error, Pieter Hugo
Pendant deux ans, Hugo photographie une immense décharge à ciel ouvert située à côté du bidonville Agbogbloshie d'Accra, la capitale du Ghana. Il s'agit d'une déchetterie spécialisée dans les anciens appareils électroniques, surtout ordinateurs, imprimantes et téléphones portables, qui arrivent de l'Occident pour être démontés afin de récupérer ce qui peut l'être. Le surnom de l'endroit est Sodome et Gomorrhe, car il y a partout des flammes et de la fumée noire. Des jeunes des environs travaillent là en brûlant certaines parties afin d'extraire les métaux précieux. Les émanations gazeuses qui en résultent sont extrêmement toxiques et la pollution du sol est effrayante : mercure, plomb, thallium et même de l'acide prussique. Des vaches maigres se mélangent aux hommes dans cette atmosphère empoisonnée, ce qui fait que leur viande et leur lait sont également pollués.
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