Eugenio Berrios, le chimiste de la DINA - Épisode 2

La Colonia Dignidad avait été investie par la dictature militaire du général Augusto Pinochet dans les années 1970
La Colonia Dignidad avait été investie par la dictature militaire du général Augusto Pinochet dans les années 1970 ©Getty - Shepard Sherbell / Contributeur
La Colonia Dignidad avait été investie par la dictature militaire du général Augusto Pinochet dans les années 1970 ©Getty - Shepard Sherbell / Contributeur
La Colonia Dignidad avait été investie par la dictature militaire du général Augusto Pinochet dans les années 1970 ©Getty - Shepard Sherbell / Contributeur
Publicité

Après une période chaotique où Eugenio Berrios devient cocaïnomane, il est récupéré par l'armée chilienne et encouragé à poursuivre ses travaux chimiques. Qu'en est-il de son implication dans l'assassinat d'Eduardo Frei, l'ancien président de la République jugé alors très gênant par la junte de Pinochet ?

On se souvient, dans l'épisode précédent, de Michael Townley, spécialiste en électronique et expert en fabrication de bombes télécommandées et Eugenio Berrios, chimiste et concepteur de poisons sophistiqués qui ne laissent pas de traces qu'il n'a pas hésité à expérimenter sur des prisonniers politiques. Deux hommes qui ont été engagés par la police secrète de Pinochet, la DINA. À quel niveau les deux hommes ont-ils donc bien pu contribuer à l'assassinat du président Eduardo Frei ? 

L'ancien président chilien avait fondé le Parti démocrate chrétien dans les années 1930. En 1964, il est candidat à l'élection présidentielle contre Salvador Allende. Il est élu mais en 1970, à la fin de son mandat, la Constitution chilienne ne lui permet pas de se représenter. Il laisse donc la place à un autre candidat conservateur, ce qui permet à Salvador Allende de prendre sa revanche. 

Publicité

Frei applaudit, dans un premier temps, le putsch de Pinochet avant de déchanter assez vite aux vues des atteintes répétées aux droits de l'homme et la répression politique qui choque ce démocrate chrétien. Peu à peu, il prend ses distances. Son opposition à Pinochet devient de plus en plus radicale. Quelques uns de ses partisans sont d'ailleurs arrêtés et lui-même est étroitement surveillé par la CNI, l'ancienne DINA. Il apparaît comme le vrai chef de l'opposition démocratique et constitue un vrai danger pour Pinochet. 

C'est alors qu'il doit entrer de toute urgence à la clinique Santa Maria de Santiago au début des années 1980. L'homme souffre d'une hernie de l'œsophage. Il meurt après les trois opérations qu'il a dû subir suite à une série de complications plus que mystérieuses concernant son état de santé. On pense alors à un empoisonnement

On ne peut s'empêcher de se souvenir de cette confidence que Eugenio Berrios avait alors émis lors de son entretien à la DINA sur l'utilisation de la bactérie du staphylocoque doré : 

Quand on veut se débarrasser d'un personnage indésirable, il n'y a rien de mieux qu'une goutte de staphylocoque doré

En 2000, sa fille, la sénatrice Carmen Frei s'interroge sur les circonstances de la mort de son père, et porte plainte pour assassinat. La justice chilienne soupçonnera la DINA de Pinochet d'avoir assassiné Eduardo Frei

Bibliographie :

Pinochet, un dictateur modèle Marc Fernandez et Jean-Claude Rampal Hachette (2003)

Crimen imperfecto : historia del quimico DINA Eugenio Berrios y la muerte de Eduardo Frei Montalva Jorge Molina Sanhueza LOM (2002)

Les années Condor John Dinges La Découverte (2005)

Discographie :

Angel Parra : Desnuda album : Angel Parra chante Pablo Neruda EPM Music (2004)

Stéfane Mellino : Carabine album : Variations hispaniques A.I.M. (2005)