Grèce : un passé oublié (2)

France Inter
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A Humber armoured car supports paratroops during operations against ELAS in Athens, 6 January 1945
A Humber armoured car supports paratroops during operations against ELAS in Athens, 6 January 1945
© War Office Second World War Official Collection - No 2 Army Film & Photographic Unit, Powell-Davies (Lt)

À la fin de l’année 1944 , la Grèce libérée va basculer dans la violence. Et les combats vont opposer les conservateurs et les anciens collabos, soutenus par les forces britanniques, aux partisans de l’ELAS , un mouvement de Résistance très populaire et largement influencé par les communistes . Mais des communistes qui ne bénéficieront pourtant d’aucun soutien de Moscou. Car, nous a dit Monsieur X la semaine passée, Staline a décidé de laisser les mains libres à Churchill . Le Premier ministre britannique le raconte à sa façon dans ses Mémoires . Le 9 octobre 1944, il arrive à Moscou. C’est la première fois qu’il rencontre Staline. Je lui laisse la parole. Il s’adresse au maître du Kremlin :__ " « Réglons nos affaires des Balkans. Vos armées se trouvent en Roumanie et en Bulgarie. Nous avons des intérêts, des missions et des agents dans ces pays. Évitons de nous heurter pour des questions qui n'en valent pas la peine. En ce qui concerne la Grande-Bretagne et là Russie, que diriez-vous d'une prédominance de 90 % en Grèce pour nous, et de l'égalité, 50/50 en Yougoslavie ? »Pendant que l'on traduisait mes paroles, j'écrivis sur une demi-feuille de papier : Roumanie : Russie 90 %, les autres 10 %. Grèce : Grande-Bretagne 90 % (en accord avec les états-Unis), Russie 10 %. Yougoslavie: 50-50 %. Hongrie: 50-50 %. Bulgarie : Russie 75 %, les autres 25 %. Je poussai le papier devant Staline, à qui la traduction avait alors été faite. Il y eut un léger temps d'arrêt. Puis il prit son crayon bleu, y traça un gros trait en manière d'approbation et nous le rendit. Tout fut réglé en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Il y eut ensuite un long silence. Le papier, rayé de bleu, demeurait au centre de la table. Je dis finalement: « Ne trouvera-t-on pas un peu cynique que nous ayons I'air d'avoir réglé ces problèmes dont dépend le sort de millions d'êtres d'une façon aussi cavalière ? Brûlons ce papier. » « Non, gardez-le__ », dit Staline." __ Ainsi a été joué le sort d’une partie de l’Europe de l’Est et de la Grèce. La Grèce qui va sombrer dans la violence. Dans un instant, la suite du récit de Monsieur X…

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