"Ce fut une divine surprise !" Ainsi est apparu après coup l’éruption de Mai 68 aux futurs dirigeants de la Gauche prolétarienne, ceux qu’on allait appeler les « maos », en raison de leur attachement à la Chine de Mao Zedong, celle de la Révolution culturelle dont nous avons parlé la semaine passée… Oui, une divine surprise, car ce qui s’est déroulé au cours de ce printemps échappait à leurs constructions théoriques. C’est si vrai que beaucoup d’entre eux ont failli passer à côté de l’événement et que ces gauchistes ont souvent pris le train en marche et se sont ralliés tardivement à cette révolution de petits-bourgeois, comme ils la considéraient à ses débuts. Et pourtant, c’est Mai 68, dont on vient de célébrer le quarantième anniversaire, qui va permettre aux maos d’émerger sur la place publique et d’occuper le terrain politique à la gauche de la gauche pendant plusieurs années… Une curieuse et parfois tragique aventure où la violence l’a disputé au mysticisme. Où la fidélité aux principes maoïstes a atteint des sommets d’aveuglement et où une bonne partie de l’intelligentsia française a sombré dans un culte aussi enthousiaste qu’incompréhensible… Toutefois, et c’est toujours une interrogation qui demeure, cette fièvre révolutionnaire n’a pas débouché sur une dérive sanglante comparable à celle des Brigades rouges italiennes ou de la Fraction armée rouge allemande… Pourquoi?
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