Communication sur les vaccins débat sur l'intégrité et la raison

France Inter
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Fin mars, un collectif de 50 signataires prestigieux appelle à un vaccination "universelle" (filles et garçons) contre les virus impliqués dans le cancer du col de l'utérus, et plus accessoirement de l'anus ou de la gorge. Un mois après, un autre collectif publie un "droit de réponse" remarquablement argumenté.

Les vaccins GARDASIL et CERVARIX sont controversés depuis leur commercialisation en 2007.

Fin mars, " l'appel des 50" prônait pourtant une vaccination universelle contre les papillomavirus, c'est à dire gratuite ou remboursée chez les garçons comme chez les filles.

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Les 50 signataires de cet appel sont des académies, des sociétés savantes, des personnalités scientifiques médicales et même des associations de patients : le ban et l’arrière-ban médical, à l’exception notable des sociétés savantes de médecine générale. Justement, un mois après, 14 médecins généralistes et un pharmacien hospitalier publient un droit de réponse à cet appel des 50, dans un communiqué particulièrement bien argumenté.

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, ou plutôt, ce qui m’inquiète, c’est la forme plus que le fond.

L’appel des 50, qui appelle donc à doubler le nombre de vaccinés en incluant les garçons, est plutôt dogmatique, et finalement peu documenté sur les sujets qui font débat (efficacité qui reste à prouver, impact espéré de la vaccination sur les cancers) . On y trouve  des déclarations d'intention qui évoquent plus un discours politique que scientifique : 

"A chacun aujourd’hui de prendre  ses responsabilités pour que nous puissions offrir une chance égale à tous et remporter collectivement une  formidable et historique victoire contre le cancer."

Pourtant, à ce jour, cette vaccination est encore un pari sur l’avenir car nous n'avons toujours pas la preuve qu’elle diminue le risque de cancer.

Qui sont les contestataires ?

Précisons d'emblée qu’il ne s’agit pas d’antivaccinaux. Ce sont en majorité des médecins généralistes connus pour leur rigueur et leur indépendance. Ils sont universitaires ou blogueurs scientifiques. Certains sont membres du FORMINDEP. 

Ils dénoncent l’«appel des 50» au nom de l’intégrité et de la raison ! Face au prestige des signataires de cet appel (avec notamment l'Académie de Médecine, l'Académie de Chirurgie et l'Académie de Pharmacie) ces mots pourraient paraître osés et malvenus. Ce n'est malheureusement pas le cas.

Des liens d'intérêt qui dépassent le million d'euros

Commençons par l’intégrité. Les signataires de l’appel pour une vaccination généralisée ont reçu 1.611.066 € de financement de la part des industriels produisant ces vaccins, soit au titre de l'institution qu'ils représentent, soit à titre personnel ! Eternel débat que celui des conflits d'intérêt...

De mon point de vue, un financement industriel, surtout lorsqu’il est lié à des recherches, n’est pas critiquable en lui-même. Il n’y a souvent pas d’autre choix face au désengagement public  de la recherche. Mais la décence et l’éthique imposent alors de rester à l’écart des polémiques qui concernent ses partenaires industriels. On en est loin avec cet appel qui induirait, s’il était entendu, une augmentation du chiffre d’affaire français du Gardasil et du Cervarix de plusieurs milliards d’euros les premières années, puis de 200 millions d’euros chaque année. Par ailleurs, ces liens d'intérêt ne sont pas mentionnés sur le comité de presse de l'Appel des 50 alors que c'est une obligation légale.

Après l'intégrité, la raison.

Les auteurs du droit de réponse font ensuite appel à la raison, à savoir la Science. 

Ce qui m’a frappé dans ce droit de réponse, c’est sa solidité scientifique. Les affirmations sont étayées et renvoient à des sources fiables, ce qui contraste cruellement avec le paternalisme de l’appel des 50. 

A l’heure où l’on parle beaucoup de fake news, je constate qu’un aréopage d’académies et de sociétés savantes publie un appel contenant des affirmations discutables, soutenues par un l’argumentaire qui ne fait pas le poids face au travail d’une quinzaine de médecins bénévoles.

Je ne sais pas où tout cela nous emmène, mais cela m’inquiète. 

Pour en savoir plus, lire la saga du GARDASIL dans cet article