

Je vais m'intéresser aujourd'hui au battage médiatique dont l'insuffisance cardiaque a fait l’objet la semaine dernière. Cette maladie serait omniprésente et trop souvent méconnue, d’où un risque augmenté de complications liées à un diagnostic trop tardif.
J'ai pourtant du mal à croire que l’insuffisance cardiaque soit méconnue car elle provoque des symptômes gênants dont le principal est l’essoufflement à l’effort. Donc, le diagnostic est plutôt facile à faire, même si on peut parfois perdre du temps en mettant l’essoufflement sur le compte d’une prise de poids ou d'une autre cause.
Cette maladie est bien un problème de santé publique, mais qui concerne essentiellement des personnes âgées ou des gens porteurs d’une maladie cardiaque connue. Donc l’image véhiculée par cette campagne de pub : l'homme de 50 ans sans problème cardiaque connu qui se découvre trop tard une insuffisance cardiaque grave venue de nulle part est absolument exceptionnelle.
Pourquoi cette campagne ?
Comme d’habitude, j’ai cherché le sponsor.
Premier indice, le laboratoire Novartis a lancé en mai une campagne de sensibilisation sur l’insuffisance cardiaque.
Deuxième indice, on apprend sur les sites boursiers que le laboratoire Novartis compte restaurer ses bénéfices grâce à son nouveau médicament ENTRESTO, qui justement traite l’insuffisance cardiaque. Le laboratoire annonce par ailleurs avoir investi des centaines de millions de dollars pour promouvoir ce médicament.
Le troisième indice est en France
Le troisième indice est en France, où ce médicament coûteux est en attente d’un prix et d’un remboursement par l’Assurance Maladie. Or la campagne actuelle est orchestrée par la Société Français de Cardiologie, société savante très impliquée dans la communication et la formation des cardiologues. Son budget annuel frise les 20 millions d’euros !
NOVARTIS a fortement investi dans le prochain congrès dédié à l’insuffisance cardiaque, qui est justement organisé en septembre par la Société Française de Cardiologie.
La chasse aux conflits d'intérêt concerne les agences officielles, les sociétés savantes ne sont pas concernées. Ecoutez la réponse d’un ex-président de la Société Française de Cardiologie, à un journaliste de l’émission Pièces à conviction qui l’interrogeait sur ses liens financiers dans le cadre d’une autre affaire.
C’est sa façon de refuser de répondre...
Nous parlerons la semaine prochaine du médicament ENTRESTO® et de son intérêt dans le traitement de l'insuffisance cardiaque.
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