Octobre Rose, mois du cancer du sein, Saison 23

Le cancer du sein, un problème de santé publique majeur
Le cancer du sein, un problème de santé publique majeur ©Getty - 	Stephen Stickler
Le cancer du sein, un problème de santé publique majeur ©Getty - Stephen Stickler
Le cancer du sein, un problème de santé publique majeur ©Getty - Stephen Stickler
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Le cancer du sein est un problème de santé publique majeur : c’est la première cause de mortalité chez les femmes de moins de moins de 65 ans avec 4000 décès par an, plus que la totalité des maladies cardiovasculaires dans cette tranche d’âge. Mais comment agir au mieux face à ce fléau ?

L’essentiel de la campagne Octobre Rose reste axé sur le dépistage du cancer du sein par mammographie, présenté comme très bénéfique et peu dangereux dans de nouvelles vidéos promotionnelles réalisées par l’INCa, l’Institut National du Cancer. De nombreux médecins sont choqués par cette survalorisation médiatique de la mammographie de dépistage. 

On en a parlé à la Tête au Carré il y a quelques mois, lors d’un débat contradictoire d’excellente tenue.

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Le problème, qui est minimisé, c'est que la mammographie sauve quelques femmes, très peu, mais génère du surdiagnostic, c’est à dire détecte des lésions cancéreuses sans potentiel évolutif. Ces nodules sont traités comme de vrais cancers chez des femmes qui n’auraient jamais été malades. Et comme le soulignait la cancérologue Suzette Delaloge, nous ne savons pas distinguer un nodule cancéreux qui va se transformer en cancer envahissant, d’un autre qui va disparaître ou ne jamais évoluer. Donc on les traite tous, et parfois à tort.

Je ne suis pas expert, ce n’est pas mon rôle, et je ne milite pas pour un arrêt du dépistage. Je suis pour une information loyale, qui permette aux femmes qui le souhaitent de prendre une décision éclairée. En fait, la controverse est telle que Marisol Touraine avait demandé en 2016 à l’INCa d’organiser une grande Concertation citoyenne sur le sujet. Il ne s’agissait pas seulement de faire réfléchir des citoyennes, mais de réunir des médecins, d’autres scientifiques, et des femmes tirées au sort, et de leur donner le temps de travailler ensemble afin d’aboutir à des recommandations pour la Ministre.

Des lacunes importantes dans l'information reçue

Une phrase du groupe des femmes résume bien le travail de la concertation : 

“En ayant reçu des informations sur le sujet, nous nous rendons compte de lacunes importantes et récurrentes dans les documents et dans l’information reçue”

En fait, ces femmes sont tombées des nues en découvrant la réalité scientifique, qui est toute simple, mais qui ne figure pas dans les documents et vidéos diffusés par l’INCa : c’est le bilan précis des bénéfices et des risques du dépistage systématique actuel :

Sur 1000 femmes qui se prêtent régulièrement au dépistage entre 50 et 75 ans :

  • 4 seront sauvées par la mammographie : c’est le bénéfice.
  • 13 se verront diagnostiquer un cancer qui n’aurait jamais évolué, ça c’est le surdiagnostic. Elles seront pourtant traitées comme si elles avaient un cancer.
  • 150 subiront des biopsies et passeront un mauvais moment en attendant un résultat qui révèlera finalement rassurant.
  • Enfin, d'autres femmes se verront diagnostiquer un cancer lors d'un dépistage, mais un cancer qui aurait guéri malgré un diagnostic plus tardif en l'absence de mammographie systématique, à l'occasion de l'apparition d'une gêne ou d'une boule dans le sein. Dans cette situation fréquente, le dépistage permet simplement d'apprendre plus tôt que l'on est malade mais ne change pas le pronostic. Aucun élément ne permet actuellement de penser que le dépistage diminue le nombre de femmes qui subissent une ablation du sein.

C’est aussi simple que cela. Ces chiffres sont consensuels et sont issus du rapport de la Concertation.

C’est à la lumière de ces chiffres que toutes les femmes qui souhaitent comprendre les enjeux du dépistage devraient pouvoir choisir de réaliser ou non des mammographies de dépistage.

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