Essais nucléaires : Centaure, le nuage radioactif qui a touché Tahiti en 1974

"Les scientifiques du CEA n’ont pas inclus dans leur évaluation le fait que les habitants des îles buvaient de l’eau de pluie, fortement contaminée."
"Les scientifiques du CEA n’ont pas inclus dans leur évaluation le fait que les habitants des îles buvaient de l’eau de pluie, fortement contaminée." ©Radio France - Nicolas Dewit
"Les scientifiques du CEA n’ont pas inclus dans leur évaluation le fait que les habitants des îles buvaient de l’eau de pluie, fortement contaminée." ©Radio France - Nicolas Dewit
"Les scientifiques du CEA n’ont pas inclus dans leur évaluation le fait que les habitants des îles buvaient de l’eau de pluie, fortement contaminée." ©Radio France - Nicolas Dewit
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En 1974, un nuage radioactif issu d’un essai nucléaire a touché Tahiti, contaminant potentiellement près de 110 000 personnes. À l’époque, l’armée a gardé le silence. Un journaliste et un chercheur publient un livre sur le sujet après avoir analysé de nouvelles données. Une enquête en partenariat avec Disclose.

17 juillet 1974. Depuis l’atoll de Mururoa située à plus de 1 000 kilomètres de Tahiti, la France s’apprête à procéder à son 41e essai nucléaire atmosphérique en Polynésie (baptisé "Centaure"). 

Mais rien ne se passe comme prévu. L’essai est un échec du point de vue technique, le champignon atomique s’élève moins haut que prévu (5 200 mètres au lieu de 8 000 mètres), mais surtout il ne prend pas la direction prévue par les autorités françaises.

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Sébastien Philippe, enseignant-chercheur à l’université américaine de Princeton, a analysé les 2 000 documents déclassifiés par l’armée française en 2013. Il a réussi à remodéliser informatiquement la trajectoire du nuage atomique de l’essai Centaure. "En suivant le trajet du nuage heure par heure, on voit clairement qu’au lieu de partir vers le nord et de se disperser dans le Pacifique comme prévu, il se dirige en ligne droite vers Tahiti", explique-t-il. 42 heures plus tard, le nuage touche l’île de Tahiti et les îles Sous-le-Vent.

Pour Sébastien Philippe et le journaliste Tomas Statius, coauteurs d’un livre sur les essais nucléaires en Polynésie française ( Toxique, PUF, 2021), les données utilisées pour évaluer officiellement la contamination (réévaluées en 2006) restent largement sous-évaluées.

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