

Rien de nouveau sous le soleil, pourtant l'hypothèse d'utiliser les urines humaines fait son chemin dans un contexte où les engrais chimiques font débat.
On va appeler cela des déchets corporels… C’est plus correct, ça gêne toujours un peu ces histoires de pipi et de caca…pourtant c’est quotidien ou presque, on le souhaite à tout le monde… En tous les cas cela fait totalement partie de nous, mais c’est culturel : on tire la chasse, et tout est purifié par une eau claire, et la plupart du temps potable…
Alors il est vrai que cette eau manque de plus en plus souvent et de plus en plus tôt… Cette année les céréales vont être à la peine avec la sécheresse précoce annoncée… Mais on remplit les piscines et on tire la chasse.
Les toilettes sèches dans certains lieux collectifs
Chez certains particuliers aussi. Mais il faut reconnaitre que cela reste très marginal.
Quoi qu’il en soit et au-delà de notre rapport à nos propres déchets, il faut savoir qu’ils peuvent avoir une seconde vie bien plus utile que le circuit chasse, égoût, épuration et in fine pollution nutrimentielle des milieux aquatiques, il ne faut pas se faire d’illusion on pollue avec nos excréments.
Mais, des chercheurs mettent en avant par exemple le potentiel de l’urine humaine qui peut être un excellent engrais agricole. Les agriculteurs utilisent des engrais chimiques qui leur coûtent d’ailleurs de plus en plus cher, et qui ont des conséquences importantes sur l’environnement.
L’urine humaine pourrait remplacer ces engrais chimiques
Pour pousser les plantes ont notamment besoin de nutriments : d’azote, de potassium, de phosphore…Ce sont ces mêmes nutriments que nous ingérons quand on mange, et qui finissent dans les toilettes quand on fait pipi…Voilà une boucle qui peut être bouclée, à condition de récupérer ce déchet corporel.
Pour cela des solutions technologiques sont à l’étude pour séparer les urines. Mais soyons réalistes, cela veut aussi dire qu’il faudrait repenser tout le traitement de ces déchets. Plusieurs expérimentations sont en cours, par exemple à Paris un éco quartier de 600 habitants où va être mis en place un système de récupération des urines qui serviront d’engrais à des espaces verts.
Cela nous interroge sur notre place dans la nature
Absolument, il y a derrière cette idée de rendre utile nos déchets corporels une question philosophique, c’est aussi l’avis de Marine Legrand, anthropologue de l’environnement qui fait partie du programme de recherche OCAPI qui travaille sur le sujet, il est porté par le laboratoire eau, environnement, systèmes urbains de l’école des ponts Paristech.
Accepter de manger des fruits et légumes qui ont été fertilisés à l’urine
C’est exact, il y a une barrière culturelle…Et en même temps on accepte de manger de la viande nourrie avec du soja génétiquement modifié, des légumes qui ont grandi sous pesticides, ou des additifs probablement cancérigènes…
C’est un aspect sur lequel travaille le programme OCAPI qui a organisé des panels pour voir la réaction des gens, les résultats sont prometteurs.
► Retrouvez l'interview complète de Marine Legrand, anthropologue de l’environnement.
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