Les battements du temps (6). Les arpenteurs du ciel.

Les battements du temps (6).  Les arpenteurs du ciel.
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J’appelle nuit la lumière dépensée dans l’espace qui se perd avant d’arriver jusqu’aux hommes.

Que le ciel nocturne soit obscur est obscur.

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Si l’univers était éternel, au coucher du soleil, le ciel peuplé d’innombrables milliards d’étoiles brillerait présentant l’aspect d’une grande voûte qui éblouirait les yeux des vertébrés et des oiseaux.

Le ciel nocturne est nocturne faute de temps .

La lumière depuis la formation des premières étoiles ne cesse de ne pas avoir le temps de parvenir jusqu’aux yeux des animaux qui les voient.

Ténèbre est cette lenteur de l’espace. (Lenteur non pas à rayonner : lenteur à percevoir l’immensité qui rayonne). […]

Nuit n’est qu’une lumière infinie. Toute lumière se propageant dans l’espace avec une vitesse finie est infiniment inaccessible. […]

Telle est la nuit noire dans le ciel.

Le ciel baigne dans une lumière inaccessible.

Pascal Quignard. Abîmes. Dernier Royaume III.

Les voies par lesquelles les hommes parviennent à comprendre les choses célestes me semblent aussi admirables que les choses célestes elles-mêmes.

Johannes Kepler. Astronomie Nouvelle ,__ 1609. (Cité dans__ Hubert Krivine. La Terre, des mythes au savoir .)

Une relation remarquable entre la luminosité de ces étoiles variables et la longueur de leur période [de pulsations] sera notée. Et comme ces étoiles variables sont probablement approximativement à la même distance de la Terre, leurs périodes [de pulsations] sont apparemment associées à leur véritable émission de lumière.

Henrietta Swan Leavitt. Les périodes de 25 étoiles variables dans le Petit Nuage de Magellan , 1912.

« Certains disent que le monde finira dans le feu,

D’autres disent qu’il finira dans la glace… »

Quel est le destin de l’Univers ? Il finira probablement dans la glace, si nous en croyons les lauréats du prix Nobel de cette année. Ils ont soigneusement étudié dans des galaxies très lointaines de la nôtre, plusieurs douzaines d’étoiles en train d’exploser, qu’on appelle des supernova, et ils en ont conclu que l’expansion de l’Univers s’accélère.

La découverte fut une surprise totale, même pour les lauréats du prix Nobel. Ce qu’ils virent était semblable à ce qui se passerait si on jetait une balle en l’air, et qu’au lieu de la voir retomber vers le sol on la voyait disparaître de plus en plus rapidement dans le ciel, comme si la force de gravitation n’arrivait pas à inverser la trajectoire de la balle.

Le taux d’accroissement de l’expansion de l’Univers implique que l’Univers est distendu par une forme d’énergie incorporée au tissu même de l’espace. Cette énergie noire constitue une grande partie de l’Univers, plus de 70%, et elle est une énigme, peut-être la plus grande énigme de la physique d’aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que la cosmologie ait été bouleversée dans ses fondations mêmes lorsque deux groupes différents de chercheurs ont présenté de tels résultats durant l’année 1998.

Saul Perlmutter dirigeait l’une des deux équipes de recherche, le projet Supernova Cosmology, débuté en 1988. Brian Schmidt dirigeait une autre équipe de recherche, qui, à la fin de 1994, initia un projet concurrent, le High-z Supernova Search Team, dans lequel Adam Riess allait jouer un rôle essentiel.

Les deux groupes de chercheurs étaient engagés dans une course pour cartographier l’Univers, en recherchant les explosions d’étoiles supernova les plus lointaines, les plus éloignées de nous.

En établissant la distance qui nous sépare de ces supernova et la vitesse à laquelle elles s’éloignent de nous, les chercheurs espéraient découvrir notre destin cosmique. Ils pensaient trouver des signes indiquant que l’expansion de l’Univers ralentissait, ce qui conduirait à un équilibre entre le feu et la glace.

Ce qu’ils ont découvert était le contraire – l’expansion allait en s’accélérant.

Ce n’est pas la première fois qu’une découverte en astronomie a révolutionné nos idées en ce qui concerne l’Univers.

Il y a seulement cent ans [au début du 20ème siècle], l’Univers était considéré comme un lieu calme et paisible, pas plus vaste que notre propre galaxie, la voie lactée_._ L’horloge cosmologique battait le temps de manière fiable et régulière, et l’Univers était éternel.

Bientôt, pourtant, un changement radical allait bouleverser cette vision.

Au début du 20ème siècle, l’astronome américaine Henrietta Swan Leavitt découvre un moyen de mesurer les distances qui nous séparent des étoiles lointaines. A cette époque, on interdisait aux femmes astronomes l’accès aux grands télescopes. Elles étaient souvent cantonnées à la tâche fastidieuse d’analyse des plaques photographiques.

Henrietta Leavitt étudia des milliers d’étoiles pulsatiles, appelées des Céphéides , et découvrit que les plus lumineuses étaient celles qui avaient les pulsations les plus lentes. Utilisant cette information, Leavitt put calculer la luminosité réelle des Céphéides. […]

Une chandelle standard fiable était née, une première marque sur l’étalon de mesure cosmique qui est toujours utilisé aujourd’hui. Et, en utilisant les Céphéides, les astronomes allaient bientôt conclure que la Voie lactée n’était que l’une des très nombreuses galaxies dans l’Univers. […]

Communiqué de l’Académie Royale de Suède : le prix Nobel de physique 2011. Ecrit dans les étoiles.

Articles scientifiques

-Geoff Brumfiel. Stellar performance nets physics prize. Nobel for supernovae signals of accelerating Universe.

Published online 4 October 2011, Nature 478, 14 (2011). doi:10.1038/478014a.

http://www.nature.com/news/2011/041011/full/478014a.html

-Ponce C, Born R. Stereopsis. Current Biology 18:R845-50, 2008.

-Nadler J, Angelaki D, DeAngelis G. A neural representation of depth from motion parallax in macaque visual cortex.

Nature 452:642-5, 2008.

-Pickering E. Periods of twenty five variable stars in the Small Magellanic Cloud.

[The following statement regarding the periods of 25 variable stars in the Small Magellanic Cloud has been prepared by Miss Leavitt].

Harvard College Observatory Circular , 173, March 3 1912.

http://www.physics.ucla.edu/~cwp/articles/leavitt/leavitt.note.html

-Leavitt HS. 1777 Variables in the Magellanic Clouds.

Annals of the Astronomical Observatory of Harvard College 60:87-108, 1908.

http://articles.adsabs.harvard.edu/full/1908AnHar..60...87L

Autre article

-The Royal Swedish Academy of Sciences.

The Nobel Prize in Physics 2011. Written in the stars .

http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/physics/laureates/2011/info_publ_phy_11_en.pdf

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