13h de Jean-Pierre Pernaut, 1988-2020, RIP la France

France Inter
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13h de Jean-Pierre Pernaut, 1988-2020, RIP la France - Tanguy Pastureau maltraite l'info
13h de Jean-Pierre Pernaut, 1988-2020, RIP la France - Tanguy Pastureau maltraite l'info
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Dans sa chronique qui maltraite l’info, Tanguy Pastureau revient sur le départ du JT de Jean-Pierre Pernot, dit JPP, mais aussi sur l'année 1988 qui a vu le présentateur arriver à la télévision.

1988. Ça paraît loin, 1988. Gérald Darmanin avait six ans, il jouait avec son zizi en regardant 21 Jump Street, série sur l’ensauvagement dans l’État de Washington. 1988, la chanteuse Sabrina dévoilait un clip tourné à la piscine dans lequel son maillot glissait, ce maillot c’était le masque d’aujourd’hui. 1988, sortait le film Les Liaisons Dangereuses, le biopic sur Cédric Villani, où on le voit s’essuyer dans les rideaux de la marquise de Merteuil. Moi en 1988, j’avais 14 ans, je suis allé voir Le Grand Bleu, sept fois, mon album de chevet était Forever your girl de Paula Abdul et dans le magazine Salut, Florent Pagny et Vanessa Paradis semblaient vivre la plus belle des histoires d’amour. À l’époque, Florent Pagny chantait N’importe quoi, (aujourd’hui aussi, mais à l’époque, c’était le titre de sa chanson). Et là, le 22 février 1988 à 13h, arrive Jean-Pierre Pernaut, le roi du village fleuri, le king du prix de l’asperge au kilo sur le marché de Dax. 

Pour nous les provinciaux, il s’est passé un truc, on s’est senti respectés, fini l’actu internationale, la politique, les caméras se sont braquées d’un coup sur la fête de l’andouille de Guémené-sur-Scorff, dans le 5.6. Il a tout misé là-dessus, le moindre mec en train de fabriquer des souliers en peau de phoque dans la Baie de Somme, on s’est mis à le filmer, j’ai des potes admis à l’ESSEC qui ont bifurqué vers un CAP de tapissier juste pour passer dans le 13h. On était en 1988, il n’y avait pas Insta, pour exister, il y avait que passer à la télé, c’était limité : si vous aviez de beaux seins, vous pouviez passer chez Stéphane Collaro, vous vous désapiez devant Jean Roucas, tandis que lui, avec la voix de Mitterrand, faisait : « Han han ! ça me change de Fabius ». 100% des femmes qui ont fait ça se sont donné la mort dès la sortie du studio. Sinon, si vous étiez un aigle royal, vous pouviez passer dans Ushuaïa, avec Nicolas Hulot qui tourne en hélicoptère autour de votre nid, avant qu’il devienne écolo. Et donc, si n’étiez pas un aigle, et que vous n’aviez pas des seins supers, il restait le 13h de TF1.

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1988, trente-deux ans que Jean-Pierre Pernaut est dans nos vies, c’est comme un membre de la famille, mais idéal, parce qu’on peut l’éteindre quand on veut ; 32 ans qu’on se balade dans les régions, moi je suis jamais allé dans le Perche, pas besoin, j’ai dû voir 1000 sujets sur le Perche, une fois je suis passé à Nogent-le-Rotrou, direct je suis allé au Balto voir si Didier, le patron, était mieux en vrai qu’à la télé. En fait, il était mort, à la suite de son onzième passage chez Pernaut, savez ce que c’est, la gloire, il a couché avec tout le village, l’épicière, le curé, une famille de touristes allemands qui passait par-là, ainsi que Fifi, la jument de Madame Martin, seulement un agresseur de chevaux a déboulé, Didier s’est mis à travers, a hurlé « D’accord, ce n’est pas une romance très orthodoxe, mais qui êtes-vous pour juger deux êtres qui s’ai… », et là, chtac, il s’est pris un coup de débroussailleuse.

(La suite à écouter et à retrouver en vidéo !)