La France a dit adieu à Jacques Chirac et ce faisant, elle a dit adieu à la France d’avant, celle de la tête de veau et de la binouze, de la clope sans filtre et de la graisse à traire sur la peau l’été afin de se taper les UVA, les UBV, mais aussi les C. On vivait à fond, c’était la génération Chirac.
Tanguy, vous allez vous aussi nous parler de Jacques Chirac. « Oui, Nagui, écoutez… ». Voilà, si j’étais imitateur, ça suffirait, vous me diriez « merci Tanguy, hmm vous alors, ce corps », puis j’encaisserais mon chèque et je rentrerais chez moi. Mais je n’ai aucun don, bon, si on creuse un peu, je fais bien les frites, et donc je suis obligé de gratter, de taffer, à l’ancienne, avant le vent des start-ups, avant nos existences virtuelles, avant le post-humain, ce qui ne désigne pas un type qui distribue le courrier, il n’y a plus de courrier, mais nous, spectres illusoires qui derrière ne laisserons rien.
Alors que du temps de Chirac, tout était palpable, il y avait de la sueur, des gens avec des mains calleuses, une masseuse à l’époque, elle vous réduisait la fesse droite de Bruel en poudre juste en la serrant un peu, ça sentait la bière tiède et les sécrétions. Le ministre du travail apparaissait, à la sortie de son ministère, fourbu, avec sous le bras 40 kilos de dossiers, les gonzes avaient la même vie que les lamas au Pérou.
Aujourd’hui, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, une petite dame qui ressemble à Pierre Richard en moins frais, déboule au point presse les mains dans les poches, dit « bonjour, il n’y a pas de travail, au revoir », et c’est plié. Les français ont pleuré Chirac, mais en faisant ça, ils se sont pleurés eux-mêmes, c’est notre folie qu’on a enterré, parce que Chirac, c’était un punk, à faire passer les Sex Pistols pour les Petits Chanteurs à la Croix de Bois en pleine extase mystique. On dit qu’il était écolo, tu parles, en 5 jours il dépotait le même bilan carbone qu’une tournée mondiale d’Ed Sheeran. Déjà il mangeait, comme un fou, Depardieu à côté c’est Lily-Rose Depp, au salon des vaches, vous lui tendiez un saucisson, il le bouffait, un pâté il le bouffait, une courge il la bouffait, un jour une dame lui a tendu son bébé, il l’a bouffé. Avec lui, il n’y avait pas de gâchis, sur un bestiau, il mangeait tout, la tête, le flanc, les pattes, s’il restait les cils d’un porc, il les faisait en sauce.
Et puis Chirac buvait, pour faire passer la viande, 20 litres de binouze il tenait debout, aujourd’hui si Gérald Darmanin boit une Tourtel, il voit des formes, on est obligé de lui enfoncer une paille dans le bec et d’aspirer pour lui vider l’estomac. La moitié de leur carrière politique, les mecs étaient déchirés, quand tu tournes au Fanta, tu dissous pas l’Assemblée Nationale.
Est-ce qu’il dissout l’Assemblée Nationale, Macron ? Non, parce qu’il a juste le droit à un Candy Up à la fraise le matin, que Brigitte lui prépare. C’était ça, la France, des gens qui mangent et qui boivent, qui ronflent et qui rôtent, et totalement non-genrée, parce qu’avec l’alcool, les hommes et les femmes finissent par avoir la même tête. Les temps ont changé, regardez les photos prises à Inter en 72, on y voit Daniel Morin, alors qu’il effectuait son stage de 3ème, entouré de journalistes en train de jeter leur mégot de clope dans le fond de la bouteille de Valstar de Laure Adler. En 2019, on est là tout sage, tout lisse, le truc le plus rock’n’roll en studio, ce sont les cheveux de Gérémy Credeville, et encore, je suis sûr qu’il les lave. Mais Chirac, ça a été une vie d’excès, à une époque où l’attitude de Benoit Poelvoorde constituait la normalité, l’alcool, la tête de veau, le brozouf et les femmes, la blennorragie, il est passé à travers on ne sait pas comment.
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