
Tanguy est plombant, aujourd'hui...
Oui, Nagui, c’est vrai qu’en moi il y a moins de joie que dans une reprise de Léo Ferré à l’accordéon par un rom sans bras dans un métro désert. Exemple hier, j’ai dit que le monde d’après, que les gens voudraient solidaire et beau, ne se fera pas, alors que les auditeurs attendent de l’espoir. Vous devez me haïr, Nagui, vous qui êtes si positif, à toujours aller de l’avant, du salon vous passez dans votre cuisine, oui, aller de l’avant quand on est confiné, ça ouvre tout de suite moins de perspectives.
Donc pour ce matin, je me suis dit « Tanguy, mon petit bichon en beurre salé, irradie les ondes de bonne humeur, il faut qu’en t’entendant, Elodie Gossuin sur RFM, on ait l’impression que c’est Jean-Pierre Bacri avec un corps viable ». Par conséquent, comme disent les gens qui évitent de dire « donc » 10 fois dans une chronique, j’ai cherché un truc positif à la crise du Covid-19. L’annulation de la tournée du groupe Tryo ? C’est triste, l’industrie du djembé ne s’en relèvera pas. Le fait que je ne vois plus Daniel Morin qu’en vidéo ? C’est triste, il est là en T-shirt défraichi en train de cloper dans son salon, on dirait un acteur de porno amateur le jour du début de son andropause, je ne peux pas le consoler. Et hier, alléluia, gloire à Dieu, Allah Akbar, Baroukh ata Adonaï, comme ça tout le monde est content, j’ai lu un article dans la Provence disant qu’en Camargue, terre de malheur car elle nous a donné les Gipsy Kings et les moustiques, pour les distinguer, les Gipsy Kings ne s’en prennent qu’aux oreilles, en Camargue, il y a un baby-boom de flamants roses.
Dans le parc ornithologique de Pont de Grau, il y a 2500 flamants, 1000 de plus que d’habitude, qui se reproduisent, et en plus ils le font perchés sur une jambe, nous non, ou alors une fois et le lendemain on a un plâtre. Il y a aussi des aigrettes, des hérons, tous mélangés, comme nous en 98 quand les blancs les noirs et les arabes se faisaient des bisous, puis à minuit allaient racheter des clopes chez les chinois. Et des ibis à bec recourbé, réputés pour être farouches, cette espèce, c’est comme les communistes, on n’en voit plus. Et pourquoi ces volatiles sont-ils là, heureux, à faire l’amour dans l’eau comme mamie Ghislaine qui a fait Woodstock en 69 ? Et bien, explique M. Lamouroux, directeur du parc, parce qu’il n’y a pas de touristes. Pas d’humains. Juste des oiseaux. Rêve érotique d’Allain Bougrain-Dubourg.
Au Brésil, des tortues en voie d’extinction pondent sur les plages, les gens sont confinés, pas de petits culs qui se secouent ni de boloss qui jouent au foot. Aux États-Unis, les oiseaux se reproduisent, sur la tête de Trump, qu’ils prennent pour un nid de brindilles, et partout ailleurs. Les mâles chantent pour attirer les femelles, contrairement au chanteur corse qui s’il fait ça les fait fuir, et d’habitude avec le bruit des hommes, les oiseaux ne peuvent plus conclure. Là, il n’y a que du silence, donc le moindre serin qui a l’équivalent de la voix d’Etienne Daho peut féconder mille femelles.
Je pose une question : pourquoi, à l’avenir, est-ce qu’on ne déciderait pas de partager l’espace avec les autres animaux ? Le mois de ponte des tortues, on leur laisse la plage, à St Barth on redirige Alessandra Sublet sur la piscine communale, parce qu’avec son rire elle fait peur aux goélands, on les respecte. On ne bétonne plus la nature, on abolit le tourisme de masse, un voyage max par an par personne, on se réfrène, on sauve le monde. Voyez, je deviens comme vous, Nagui. Je vais de l’avant.
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