Trump, Allah, Croc-Blanc : le mimétisme tue

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Trump, Allah, Croc-Blanc : le mimétisme tue - Tanguy Pastureau maltraite l'info
Trump, Allah, Croc-Blanc : le mimétisme tue - Tanguy Pastureau maltraite l'info
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Dans sa chronique qui maltraite l'info, Tanguy Pastureau vient nous parler littérature. Normal, l’invité est François Busnel !

Ah, bordel de vide, c’est comme bordel de dieu mais je suis athée, quelle stimulation intellectuelle d’être dans La Bande Originale ! Oh oui, c’est bon, j’ai le marque-page qui se tend. 

Hier, Leïla Slimani, aujourd’hui François Busnel, cette émission, qui naguère recevait Michael Youn, Arnaud Ducret, est devenue un café soluble littéraire, ça ressemble à un café littéraire mais quand tout ce que t’as c’est le distributeur de café de la boîte. 

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Que des littéreux on a ! certes, il y a aussi… Daniel Morin, mais si je place la deuxième feuille de ma chronique, qui en compte 27, sur mon œil droit, j’arrive à ne pas l’avoir dans mon champ de vision. Bref, ce midi, il y a du niveau, on n’est pas sur la Bande à Fifi. Donc dans cette situation, je me dis toujours « Tanguy, lumière dans la nuit, mon bichon en plexiglas, va falloir que tu trouves un sujet haut-de-gamme, garde cette info sur la marque demaquillage anal que lance Kim Kardashian pour le jour où il y aura Christian Clavier ». 

J’ai longtemps hésité, de quoi causer ? Des États-Unis ? Bof, ce pays m’intéresse de moins en moins, et puis tous les Américains que j’aimais sont morts, Johnny, Dick Rivers. En plus, si vous aimez les grands espaces vides, à deux pas de chez vous, il y a la Nièvre, alors polluer le ciel pour voir quatre indiens à la plume molle en train de tiser dans une réserve, c’est inutile. Et là je me suis dit « Mais oui, François Busnel, c’est ce monsieur élégant, coiffé comme Luc Ferry, mais qui dit moins de conneries que lui, qui anime cette émission sur les bouquins ». 

Je vais donc vous parler de livres, mais, encore plus intéressant, de moi.

Oui, parce que sur l’échelle de l’auto-satisfaction, qui va de un à 3000, je suis à deux, dès que je lis un livre, je trouve le héros mieux que moi, et j’ai envie d’être lui. Ça a été à l’origine de deux ou trois soucis quand, à 12 ans, j’ai lu Croc-Blanc, qui n’est pas le biopic des dents de Jean-Marc Morandini, mais un livre de Jack London. Par mimétisme, je me suis comporté comme un chien-loup pendant trois semaines. J’ai pissé tout autour du collège en hurlant, à part le prof de sport, qui trouvait que l’essentiel était que je me défoule, les adultes étaient consternés. Je pouvais rester quatre heures devant la boucherie sans bouger, en bavant. 

On cherche toujours à s’identifier aux grandes figures romanesques, quand j’ai lu L’Amant de Lady Chatterley, de HD Lawrence, HD c’est Henri-Djamel, je crois, j’ai eu envie de devenir garde-chasse, parce que dans le bouquin, cet homme du peuple se tapait une bourgeoise, c’est comme si, en 2020, Apolline de Malherbe s’envoyait Philippe Poutou. Et alors ? Sous le T-shirt dégueu, il y a un cœur qui bat. 

Le seul héros qui ne m’a pas fait envie, c’est la baleine dans Moby Dick, traîner dans la flotte H24 avec quatre journaleux de Thalassa qui vous filment alors que vous n’avez pas votre slip, merci. On admire toujours les gens inspirants, qui sont au top, quand Morgane Cadignan, on lui a dit avant de signer « Tu sais, tu vas être dans l’émission où il y a Pastureau », bon ok, elle a répondu « Je sais pas qui c’est, c’est pas lui qui fait la vieille dans Les Bodin’s ? », mais aussi bien, elle aurait pu s’évanouir d’émotion. 

Un roman, il est réussi quand on a envie d’être le héros. Qui, en lisant un Gabriel Matzneff, n’a pas eu envie de draguer à la sortie du collège, avec des phrases simples comme « J’ai apporté ton goûter » ?

La suite à écouter et à retrouver en vidéo !

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