Etienne Daho vous ouvre les coulisses de son album "Tirer la nuit sur les étoiles"

Tirer la nuit sur les étoiles

Etienne Daho : "c'est inspiré par une anecdote tirée d’un documentaire que j'ai vu sur Ava Gardner lors de sa romance passionnée avec Sinatra. Quand ils se sont rencontrés, ils sont partis dans le désert, ils avaient un peu bu et ils sont allés tirer sur les étoiles avec un revolver. J'adore cette image, je la trouve très romantique. On a tous envie de faire des choses folles comme ça quand on est amoureux. La musique a été faite avec Christian et Paul Fradin qui sont père et fils. Ils travaillent comme deux copains, c’est assez marrant. Il y a cette mélodie et cette espèce de cavalcade qui est jouée en synchro par deux batteurs. C’est un vieux fantasme que j’avais d'avoir deux batteurs qui jouent simultanément. La voix de Vanessa Paradis, je l'entendais depuis le début sur ce titre. Je lui ai demandé l'album et elle a accepté sans même avoir écouté la chanson".

Boyfriend

ED : "ce titre a été écrit et réalisé avec le groupe Unloved. Cette chanson, c'est vraiment un cadeau. Quand j'ai entendu la mélodie, ça a été une évidence. C’est comme si elle avait toujours été là, c’est un petit miracle. On l’a enregistré dans un studio à Saint-Malo. Lou Lesage m’accompagne sur les couplets, sa voix donne de la lumière au titre. Il y a un côté Burt Bacharach revendiqué. J’ai beaucoup écouté Dionne Warwick et les productions de Bacharach plus jeune. C'est vraiment en moi, ça fait partie de ma culture".

Comme deux aimants

ED : "C'est aussi un cadeau du groupe Unloved. C’est une chanson qu’ils m'ont fait écouter quand ils étaient en train de faire des maquettes pour leur nouvel album".

Jean Louis Piérot : "comme pour la précédente, j’ai eu l'impression de découvrir un classique. C'est une chanson indémodable qui aurait pu être écrite il y a 50 ans. Ce n’est pas loin d’être une de mes préférées de l’album".

Les derniers jours de pluie

ED : "c'est une chanson dont j'ai fait la musique. Elle est inspirée par un roman, Fil d’Or de Suzy Solidor, qui était la muse de Man Ray. C'est un livre magique".

JLP : "je crois que c'est la seule chanson qui est rescapée du premier cadre de travail qu'on s'était donné. Au départ, on voulait faire un album très épuré, avec peu d'arrangements. Mais quand on travaille ensemble, on a un défaut, c’est qu’on ne peut pas s’empêcher d’arranger, de rajouter des éléments. Celle-ci, on a réussi à la garder très simple, c'est un peu moins le cas sur les autres titres. Cette chanson donne une belle respiration à l’album".

ED : "Sur ce titre, on s’est aussi adjoint les services de Loris Sasso et Nils Peschanski du groupe Global Network, qui nous ont accompagnés dans la production, et aussi de Doriand de Calypso Vallois qui chantent sur le refrain".

Virus X

ED : "c'est la première chanson que j'ai travaillée pour cet album. Je voulais faire un album disco depuis au moins dix ans et Les chansons de l’Innocence. Une musique disco et noire. Et finalement, l'album est surtout noir. C’est une chanson qui a été faite avec le duo italo-disco, Italoconnection. Je les ai rencontrés au concert de reformation de Marquis de Sade. Ils m'ont envoyé ce backing track. J’ai mis un an et demi a trouvé la mélodie. On était en pleine période de pandémie et j'avais envie de faire une chanson un peu humoristique en superposant la toxicité d'une relation avec celle du virus et en utilisant le même champ lexical".

Respire

ED : "une des chansons les plus fortes de l'album. C’est une musique que Jean-Louis a amenée. Il place des accords, la mélodie me vient. C'est fluide, ça fait partie des premières chansons qu'on a faites ensemble. Ça parle de l’après-confinement, ça évoque cette envie d'oxygène, cette envie de vivre.

Le chant des idoles

ED : "Cette chanson évoque les débuts de la guerre en Ukraine, et sur comment refaire sa vie ailleurs. Ça a vraiment contaminé la chanson. Il y avait cette tension. On a eu aussi des invités sur cette chanson comme Yan Wagner. Il y a souvent sur un titre comme celui-là, beaucoup d'empilement de gens qui ont contribué. Avec Jean-Louis, on en garde des petites séquences. C’est un long processus pour réaliser une sorte de patchwork".

Le phare

ED : "Je suis allé voir une amie en Suisse qui s'appelle Sandra Godin. Elle avait monté pour la scène Le Balcon de Jean Genet. À un moment donné, dans cette pièce, une jeune fille arrive avec sa petite guitare et chante cette chanson en anglais, ça m'a plu immédiatement et de fil en aiguille cette jeune fille m'a offerte cette musique, ce qui était un cadeau dément. J’ai donc écrit un texte en français, j'avais envie de cette idée du phare, de luminosité, d'éblouissement, de rencontre".

Thinking about you

ED : "C’est une chanson que les anglophones d’Unloved m'ont donnée. J'avais envie de la chanter en duo avec leur chanteuse, Jade. Elle est une des muses de l'album. Je voulais avoir cette rythmique. Au départ, c'était beaucoup plus planant, j'avais envie de lui donner un petit côté californien de la fin des années 60 à la Mamas & Papas."

30 décembre

ED : "C'est une des chansons que je préfère. Elle a vraiment une espèce de dimension pleine d’aventure, d’exaltation. C'est une musique de Jean-Louis sur laquelle j'ai trouvé cette mélodie. Fabien Waltmann avec qui j’avais travaillé sur mon précédent album fait des percussions".

JLP : "cette chanson est typique de ce qu'on fait en termes d'arrangements. Etienne a de très bonnes idées pour les cuivres, et moi pour les cordes".

Les petits criminels

ED : "C'est une musique que j'ai faite avec le duo Italoconnection, c'est leur deuxième contribution à l'album. C’est une chanson très discoïde. La suite harmonique est très particulière. Cet album est éclaté sur plein de styles différents, on a essayé de trouver une cohérence dans tous ces styles. C’est ça qui est merveilleux dans la pop, on peut tout s’autoriser.

Roman inachevé

ED : "Elle fait partie de ces chansons comme ouvertures qui ont ce développement harmonique, qui s'ouvrent jusqu'à l'infini. Ça emporte vraiment. Je suis tellement fier d'avoir fait cette chanson. Ça aussi, c'est le génie de Jean-Louis".

Une émission réalisée par Queen Nguyên et proposée par Matthieu Conquet à la prise de son Pauline Laverdure.

L'équipe

• Réalisation : Khoï Nguyen
• Prise de son : Pauline Laverdure
• Mixage Benjamin Orgeret