Orelsan et Skread vous racontent l'histoire derrière chaque titre de "Civilisation"

Ensemble ils vous racontent la genèse et la création du quatrième album solo d'Orelsan, Civilisation. Très vite les rôles sont répartis. Clément sera le journaliste, Orelsan l'artiste et Skread le consultant.

"Dans ma tête, l'album, c'est vraiment la déconstruction", confie Orelsan. L'ordre des titres n'est absolument pas dû au hasard. Il raconte comment il a convaincu Skread avec des post-it collés sur un mur.  Au coeur de l'album, deux morceaux quasiment indissociables et charnières : Manifeste et L'odeur de l'essence

"L'odeur de l'essence arrive derrière parce qu'il y a eu la manif et parce que le personnage a eu cette prise de conscience et qu'il est à un stade de ras-le-bol. Sur les sons qui précèdent, je réfléchis au passé. Je fais encore les mêmes trucs qu'avant, comme dans Du propre. Ou alors je me rends compte qu'il y a des mini problèmes dans mon couple comme dans Bébéboa. Après L'odeur de l'essence, on va aller de l'avant."

1. Shōnen

L'album s'ouvre sur Shōnen. "C'est un type de manga, explique Orelsan. Comme au cinéma on a la comédie romantique ou le thriller psychologique. Shōnen, c'est un manga pour les jeunes garçons et, souvent, avec pour héros un jeune garçon qui va devoir s'accomplir au cours d'une quête, type Naruto, Dragon Ball ou One Piece."

Je voulais être le héros de mon propre shōnen.

2. La Quête

Quand Orelsan s'inspire de Renaud. "J'ai voulu faire dans ce morceau une structure que je ne fais pas d'habitude. C'est un peu une structure que j'ai pompée à Renaud. Normalement, sur un morceau, je fais deux couplets et là il y a quatre couplets, très courts. C'est un peu comme une ritournelle."

Tout est question d'émotion, et quand elle n'est pas bonne, Skread a toujours une solution, comme accélérer le morceau de 40 bpm.

3.  Du propre

Lorsqu'il travaille sur ses sons, Orelsan a toujours la scène dans un coin de la tête, et ce morceau-là est hyper festif et mettra le feu dans les festivals.

Ce son est aussi une référence à Caen, où Orelsan s'est réinstallé.

4. Bébéboa

Un titre entièrement signé Orelsan. Il a écrit, composé, réalisé. Skread a, selon ses mots, "juste refait un peu de structure vite fait et on a fait jouer une gratte par Eddie [Purple] pour habiller un peu le tout à la fin". Et d'ajouter :

Moi, je pense que c'est le gros tube de l'album. Incompris pour l'instant, mais ça va arriver.

Un morceau où vous entendrez Orelsan siffler dans autotune et ça, c'est peut-être bien une première.

5. Rêve mieux

Un des rares morceaux sur lequel Skread n'est pas intervenu : "Phazz et Orel se sont fait une petite session à Lyon. Ils ont bien bossé pendant une semaine. Et pour moi la prod était nickel."  Un son qui parle des réseaux sociaux. Thème qu'Orelsan a hésité à aborder.

Je me disais, je ne vais pas faire une chanson sur les réseaux sociaux. Il y en a 10.000. Et puis c'est ça, un peu boomer comme thématique.

6. Seul avec du monde autour

Où il est à nouveau question d'émotion. "C'est toujours mon plus gros travail avec toi, balance Skread. Trouver la bonne émotion sur le texte pour mettre en valeur l'émotion que tu veux faire passer devant. Là, on fait cinq versions."

A l'arrivée, on échappe à un son "mélancolique, un peu pantoufles et tisane pour une prod old school boom bap qu'on n'aurait jamais envisagée au début de l'album", confirme Orel.

7. Manifeste

Manifeste, c'est un film en chanson, un storytelling : "Ça fait partie du rap de raconter des histoires et je me suis dit que ce serait bien d'en faire un mais vraiment poussé, avec des personnages, que l'histoire évolue et que je l'écrive un peu comme un scénar avec des twists et une intrigue."

Skread : "Orel avait une vision très claire du truc où l'atmosphère évoluait au fur et à mesure du morceau et se tendait. Et je ne l'entendais pas au début."

Orelsan : "J'ai tout mis sur un papier, j'ai tracé un trait comme ça et j'ai dit 'Tiens, regarde : là, il croise la meuf. Là, avec cette meuf-là, il a une discussion, mais ça reste encore un peu léger. Là, ça commence à basculer. Là, il se réfugie dans la foule, donc ce serait bien qu'on filtre un peu l'instru parce que je voudrais qu'il y ait un sentiment de foule. Là, c'est un peu plus le bordel, fais un cut. Là, j'aimerais bien qu'on ait une basse, type 'chant des sirènes', et on a construit le truc comme ça."

8. L'odeur de l'essence

9.  Jour meilleur

Chronologiquement c'est le premier morceau que Skread et Orelsan ont terminé en se disant : "Comme il est là, c'est bon, c'est parfait."

"C'était exactement ce qu'on voulait faire, précise Orelsan. On s'est regardé, on était bien, on était en Bretagne, on galérait. J'enregistre le truc. On le monte. On écoute. Ablaye était en train de faire la cuisine. Il a dit 'c'est bon les gars, on en a un'. On a rien foutu les trois jours d'après."

10.  Baise le monde

C'est l'histoire d'un mec qui est en soirée, qui kiffe, mais qui en même temps se pose des questions sur l'état du monde et sur l'écologie.

11.  Casseurs Flowters Infinity (featuring Gringe)

Le retour des Casseurs ! Un histoire d'amitié. Un morceau comme une récréation : "Tu te racontes la même blague qu'il y a dix ans et tu rigoles dessus."

12. Dernier verre (featuring The Neptunes)

Quand le rêve devient réalité. Neptune, c'est un duo de producteurs, Chad Hugo et Pharrell Williams, qui a réinventé la musique dans les années 2000. Orel est fan. La rencontre s'est faite grâce à Pedro Winter, le patron du label Ed Banger : " On s'est retrouvé à Miami pour bosser deux jours avec eux."

13. Ensemble (featuring Skread)

C'est un feat. Skread, mais en fait, toute ma carrière est un feat. Skread.

14. Athéna

Un peu d'amour pour (presque) finir l'album : Athéna, une sorte de suite de Paradis, qui figurait sur La fête est finie. Orelsan le revendique : "C'est clairement une chanson d'amour, sans aucun second degré, sans aucune honte, aucune pudeur."

L'idée de faire une chanson d'amour, c'était de dire à quelqu'un pourquoi on l'aime.

15.  Civilisation

Le morceau qui donne son titre à l'album. Un morceau épique selon Skread, dans lequel vous entendrez des flamands roses et qui, pour Orel, "commence en Terrence Malick et puis finit en Avengers".

Track List

1. Shōnen (Skread, Orelsan)
2. La Quête (Skread, Phazz, Orelsan)
3. Du propre  (Skread, Orelsan)
4. Bébéboa (Eddie Purple, Orelsan)
5. Rêve mieux (Phazz, Orelsan)
6. Seul avec du monde autour (Skread, Orelsan)
7. Manifeste (Skread, Orelsan)
8. L'odeur de l'essence (Skread, Phazz, Orelsan)
9. Jour meilleur (Skread, Orelsan)
10. Baise le monde (Skread, Orelsan)
11. Casseurs Flowters Infinity (featuring Gringe) (Skread, Orelsan, Gringe)
12. Dernier verre (featuring The Neptunes)
13. Ensemble (featuring Skread) (Skread, Orelsan)
14. Athéna (Phazz, Orelsan)
15. Civilisation (Skread, Orelsan)

L'équipe

• Réalisation : Stéphane Le Guennec
• Mixage : Julien Dumont