Jean Dujardin pour le film "Sur les chemins noirs"

Le comédien Jean Dujardin le 13 mars 2023 à Paris
Le comédien Jean Dujardin le 13 mars 2023 à Paris ©Getty - Stephane Cardinale - Corbis/
Le comédien Jean Dujardin le 13 mars 2023 à Paris ©Getty - Stephane Cardinale - Corbis/
Le comédien Jean Dujardin le 13 mars 2023 à Paris ©Getty - Stephane Cardinale - Corbis/
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Jean Dujardin, qui traverse la France à pied, du Mercantour au Cotentin. Ce voyage, c’est dans le film “Sur les chemins noirs” qui sort mercredi prochain en salles. Il est adapté d’un récit de Sylvain Tesson et est réalisé par Denis Imbert.

Avec

Ça a commencé aux Portes. Les Portes, c’est le nom d’un bar dans le quartier de Bastille, au sud-est de Paris. Les portes, donc, avaient une salle voûtée et il a dit au patron : “vous avez une salle, j’ai un spectacle, je pourrais jouer chez vous”.

Le gars lui répond : “Mais je n’ai jamais fait ça”. Et il le rassure d’un “ ben moi non plus”.

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Et roule Pédro.

A partir de là, Jean Dujardin va passer du cabaret / café-théâtre au petit écran puis au grand. Chacun de ces univers communique peu à priori. Et avec lui, si.

De “Brice de Nice” à “The Artist” en passant par “Un balcon sur la mer” de Nicole Garcia le voici “Sur les Chemins Noirs”, en salles mercredi prochain, nouvelle étape dans sa vie de comédien.

“Sur les chemins noirs” est adapté d’un récit de Sylvain Tesson. L’histoire d’un homme qui va traverser la France à pied pour se délester. “Se délester”, c’est peut-être ça aussi le parcours d’un comédien.

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Extraits de l'entretien

Une admiration pour l’art du doublage

Interrogé par Rebecca sur l’importance du doublage dans sa construction de comédien, Jean Dujardin explique : « C'est vrai que souvent ce n’est pas très chic de parler des voix de doublage françaises. On se dit que l'on préfère la voix
américaine. Mais c'est grâce aux voix des doubleurs et à leur travail de comédien que dans les années 1970-1980 le public est venu dans les salles. Quand Jacques Frantz doublait De Niro, il lui est arrivé parfois lors de grandes sorties, ou de grandes colères de tomber dans les vapes parce qu'il fallait tellement donner dans ces doublages. On n’en parlait pas trop, mais ces acteurs de voix ont donné leurs lettres de noblesse à cet art. »

Albert Algoud a tout compris
2 min

Construire un personnage à partir des voix de doublage

Jean Dujardin poursuit : « Mon père regardait des films. Je restais en retrait, mais les voix me parvenaient. Je m'amusais à les singer, à les imiter, à les refaire. Je les archivais. Et elles me sont revenues quand il a fallu  que je travaille et que je
travaille et que je m'installe dans un personnage : la voix française de Sean Connery dans James Bond contre Dr No… Celle d’OSS 117 vient de la voix de doublage de Paul Newman dans L'Arnaque ou le rire, m'a permis aussi de construire ce personnage. C'est un rire très moqueur insupportable me vient aussi de là. J'ai toujours adoré le travail des doubleurs dans lequel il y avait une espèce de liberté… Et puis le fait qu'ils soient peu planqués par un écran, qu'on ne les voit pas….

Pour Nicolas Sarkozy dans Présidents d’Anne Fontaine, ce n’est pas tant que je l’imite, mais je prends une voix d’enfant, une petite voix de quelqu’un qui veut se faire aimer. Pour Johnny Hallyday j’ai dans l’oreille des chuchotements, des mots venus de l'intime. Je n'ai pas d'intimité avec Sarkozy. Je ne l'ai rencontré que deux ou trois fois. Mais il y a cette espèce de politesse dont je me souviens, qui m’aide pour entrer dans la voix du personnage. Je repasse par le filtre de mon enfance, de mes personnages pour les améliorer, pour les réparer, pour les aimer ou pour les faire aimer. »

Des héros souvent seuls

Jean Dujardin interprète souvent des hommes seuls : « Peut-être ai-je besoin de les aimer, de les aider aussi. C'est mon côté scout. J'ai envie de les accompagner, de leur dire que tout n'est pas tout n'est pas perdu, que leur quête est peut-être juste. C’est vrai qu’à l’image du juge Michel dans La French ou même dans J'accuse, il y a des personnages seuls contre tous, ou en circuit fermé, parce que je dois forcément y trouver de l’écho. Si je vais dans une psychanalyse, cette solitude, je la connais, je le sais la traverser, j'ai dû la subir, j'ai dû l'assumer. Et peut-être que maintenant, elle me manque. Je suis toujours très, très, très entouré. J'ai besoin d'être parfois un peu sur des chemins noirs. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai accepté d'aller me perdre dans ces reliefs. »

Un jeu minéral

Comme dans Le Daim où il jouait un homme qui, selon Jean Dujardin se veut du bien peut-être pour la première fois, l’acteur a un jeu assez minéral dans Les Chemins noirs. « Cela veut dire que je joue comme je n'ai pas souvent eu l'opportunité de jouer. 
J'accepte souvent des rôles assez typés avec des scènes un peu imposées. Dans OSS 117, je pars dans les années 1960. Dans J'accuse, je joue un militaire… Là, dans le film Les Chemins noirs, je dois laisser passer autre chose. Je ne dois a priori rien construire, mais tout ressentir, donc me laisser faire avec la situation, avec les éléments autour. Et c'est très agréable. Ce n’est pas trop réfléchi. Pour le coup, j'y arrive bien à ne pas trop réfléchir.

C'est beaucoup de madeleines ce film, cette odeur du feu, ce bout de saucisson que je coupe et que je mange, cette bonne sieste ou ce réveil dans un bivouac. C'est quelque chose de très doux qui m'a procuré beaucoup de bonheur. J'avais envie de ressentir tout en continuant à faire mon métier. J'avais le sentiment que je n'étais pas anachronique, et j'ai ma place parmi le vivant. C'est revenir dans le vivant. »

La Bande originale
1h 19

La culpabilité

À l’image de Sylvain Tesson dans le film qui se déleste, qu’a abandonné Jean Dujardin en 25 ans de carrière ?
« La culpabilité ! Elle est touche-à-tout. Vous pouvez en mettre partout. Ça peut être un gros caillou dans la chaussure toute la journée. La culpabilité vient parce qu'on se trimballe son monde, l'enfance… Et puis à un moment, on se dit : « Ça y est ! On peut se détendre. Il faut te vouloir du bien. Pardonne-toi. »

Un bon acteur de dos

Dans Les chemins noirs, comme on le suit, Jean Dujardin est souvent filmé par-derrière :
 « C'est bon d'être un acteur de dos. Gabin est un très bon acteur de dos. Nicole Garcia filmait ça très bien aussi. Le dos de Daniel Auteuil dans L'Adversaire… Ça parle beaucoup un dos. Alors là, pour le coup, nul besoin de surjouer le dos. ! Et puis, il y avait la délicatesse de Magali Silvestre de Sacy, la cadreuse qui savait exactement comment se placer, avec une intelligence du cadre. Parfois, c'est un trois-quarts dos. Et à des moments, il y a juste le visage avec lequel on devine la sueur, les pas. Et le son joue un grand rôle : les cailloux, la respiration, le vent, les éléments… On pourrait ne qu’écouter le film. »

La suite est à écouter...

Le tube de l'invité

CHARLES AZNAVOURJ'ai vécu

Programmation musicale

ETIENNE DAHO - Boyfriend

À réécouter : Jean Dujardin
Popopop
54 min

Programmation musicale

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