Un hommage à Tina Turner d’abord et une reine sur grand écran ensuite. Le film du jour s’intitule “Firebrand” - “le jeu de la reine” en français dans le texte. Il est en compétition officielle à Cannes et c’est le portrait d’une femme qui résiste à un ogre. Le film est signé Karim Aïnouz.
Hommage à Tina Turner
Sa tignasse de lionne, ses talons aiguilles, sa façon de pousser sa voix comme un taureau qui charge.
Cette image de Anna Mae Bullock, dite Tina Turner, a imprimé la rétine des gamines des années 80, dont je fus.
J’appris bien plus tard que Tina Turner avait affronté les humiliations - sur scène et les violences - dans sa vie privée, de la part de Ike Turner, son salopard de mari.
L’une des façons de se libérer de l’emprise de cet homme fut de trouver sa voix. V.O.I.X.
Ça s’est passé au Gold Star studio de Los Angeles un jour de 1966, avec un autre taré de l’histoire de la pop qui s’appelait Phil Spector.
Tina Turner chante alors “River Deep and Mountain High” en tenant tête à un mur du son fait d’une chorale et d’un orchestre au complet. Elle tient tête, oui, mais sans rien sacrifier aux nuances de la mélodie.
Sur scène, cette femme a bougé comme elle aimait : brusque, précise, sexy. Et Mick Jagger lui a piqué beaucoup de sa gestuelle.
Tina Turner réussit à commencer une autre carrière à l’âge de 45 ans dans une industrie où on n’a d’yeux que pour les jouvencelles.
En 1995, quand un journaliste la rencontre dans sa villa du sud de la France et qu’il lui demande : “vous pensez que vous méritez tout ce luxe ?”.
Réponse : “Mais je mérite bien plus que ça, chéri.”
Extraits de l'entretien
Un point commun entre Catherine Parr et Tina Turner
Tina Turner, c'est le XXᵉ siècle Catherine Parr, c'est le XVIe. Mais elles ont survécu toutes les deux à un ogre. Dans le cas de Catherine Parr, l’ogre, c'était Henri VIII, roi d'Angleterre. Dont elle était sa sixième épouse, sachant qu'il en avait décapité deux autres avant elle. Pourquoi choisir un personnage historique du XVIᵉ siècle pour traiter d'un sujet aussi contemporain que l'émancipation féminine ?
Chez Karim Ainouz, il y a d’abord une volonté de réhabiliter des personnages de femmes : « Je voulais raconter l'histoire d'un personnage oublié dans l'histoire officielle, car l’Histoire est écrite par des hommes. Et ça m'a toujours choqué. Quand je suis arrivé en Angleterre, j'ai trouvé un livre sur Henri VIII, assez drôle… Mais qui n’évoquait pas Catherine Parr. J'aime travailler avec des personnages un peu dans l'ombre et les mettre en lumière. Catherine Parr le méritait. Elle est connue pour être une reine infirmière, mais c'était la plus éduquée, la plus sophistiquée de toutes les autres femmes de son époque. Et puis, on évoque toujours l’histoire de Barbe-Bleue. Mais pourquoi a-t-on tant d’histoires sur des tyrans masculins ? »
Un sensibilité au féminin lié à son éducation
Karim Aïnouz a grandi dans une famille solo : « J’ai été élevé par ma mère qui était une femme très, très forte et par ma grand-mère. Et je sais combien cela a pu être compliqué pour elles dans le contexte où j'ai grandi. Je crois que sont des personnages que je connais très bien et sur lesquels je me suis construit. »
Filmer le pouvoir
Dans Le jeu de la reine, son dernier film, le pouvoir est incarné dans trois ou quatre personnages. Karim Ainouz : « Le pouvoir est un autre sujet très important pour moi dans ce film. On est dans des palais, avec des rois, des tyrans, des zones très toxiques… Aujourd’hui encore, cela nous entoure. Pour moi, c’était important de faire cette espèce d'anatomie d'un personnage né avec du pouvoir et des privilèges… Cela rappelle des choses très contemporaines. On a beaucoup pensé à Trump. C’est aussi une façon de parler de Bolsonaro. Les tyrans sont élus aujourd’hui élus démocratiquement, mais c’est la seule différence avec l’époque du film. »
Une façon de « caster » inédite…
Pour repérer ses comédiens Alicia Vikander (Catherine Parr), et Jude Law, (Henri VIII), il leur a demandé de se filmer en train d’éplucher des pommes de terre ! Karim Ainouz s’explique : « Je me dis que si je suis intéressé par quelqu'un pendant qu'il fait une action très banale, c'est qu’il a vraiment quelque chose, du charisme, un mystère… Et ça, c'est très intéressant. Dans ces deux minutes, il y a déjà la magie du cinéma vue par la caméra. Et il faut être très attentif quand elle les voit. »
La suite est à écouter…
Le tube de Karim Aïnouz
GAL COSTA ET CAETANO VELOSO - Coraçao Vagabundo
Programmation musicale
TINA TURNER – River Deep and Mountain High
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