Carole Bouquet pour le spectacle "Bérénice"

Carole Bouquet au Festival de Cannes 2022
Carole Bouquet au Festival de Cannes 2022 ©Getty - Edward Berthelot/GC Images
Carole Bouquet au Festival de Cannes 2022 ©Getty - Edward Berthelot/GC Images
Carole Bouquet au Festival de Cannes 2022 ©Getty - Edward Berthelot/GC Images
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Notre invitée, Carole Bouquet, joue en ce moment "Bérénice" de Jean Racine, dans une mise en scène de Muriel Mayette-Holtz, à la Scala. Ce matin, il sera aussi question de Jacques Higelin, d’Italie et d’alexandrins.

Avec

Nous commençons par la fin. Par le moment des saluts, quand les cinq interprètes de la pièce s’inclinent sous les applaudissements et se redressent, avec un sourire qui fait penser à l’ivresse. On va aussi au théâtre pour assister à ce moment-là.
Voir l’ivresse d’être heureux et rassurés après une heure trente de représentation où des hommes et des femmes se sont exprimés en épousant les alexandrins de Racine.

Carole Bouquet est donc Bérénice, une reine amoureuse qui y croit et affirme d’abord : “Titus m’aime. Il peut tout”.
Évidemment, elle va déchanter. C’est donc l’histoire d’une femme qui part et c’est la troisième fois qu’elle l’interprète. Bérénice revient comme un refrain dans sa vie et son parcours de comédienne, entre théâtre, musique, et cinéma.

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Ses débuts d'actrice

Dans la vie de tous les jours, Carole Bouquet ne se maquille pas, ne fait aucun effort vestimentaire. C'est réservé au travail. Ce qu'elle aime dans son métier, ce n'est pas être regardé, c'est raconter des histoires : "Quand on raconte des histoires, il faut que quelqu'un les écoute. Mais en même temps, si j'avais su être chef opérateur, si j'avais pensé à des choses techniques, qui étaient très loin de moi parce que je ne connaissais rien au cinéma, pas plus qu'être actrice, mais j'adorerais faire les lumières et les costumes de théâtre."

C'est à partir du film Le Jour des idiots de Werner Schroeter, qu'elle s'est sentie véritablement comédienne, comme elle l'explique : "Je me suis sentie légitime parce que tout d'un coup, dans le regard des techniciens, ce que j'avais envie de faire passer en me disant j'aimerais produire telle émotion, je le voyais dans le regard du caméraman. C'est la personne qui voit le mieux."

Bérénice, et la langue de Racine

Pour elle, finalement Bérénice, c'est une histoire un peu banale. Ce qui intéressant, c'est la langue de Racine :
"Il faut jouer avec les alexandrins, ce qui n'est pas si difficile, contrairement à ce que les gens pensent. C'est une manière de parler très courante pour les Français. On a naturellement les alexandrins dans notre langue. Dans les chansons de Brassens, de Barbara... Mais même aujourd'hui, les rappeurs rappent en alexandrins."

Elle ajoute que la langue de Racine est une langue très simple qui emploie très peu de mots, contrairement à la langue de Corneille : "Les mots chez Racine sont tout le temps répétés. En fait, si vous écoutez bien la pièce, vous remarquez qu'ils se répondent. Avec les mêmes mots, simplement négatifs ou positifs, mais ils emploient les mêmes mots, les uns les autres."

Son rapport à la politique

Carole Bouquet veut croire encore en la politique, car elle estime qu'on n'a pas le choix. Pour autant, elle n'est ni réjouie, ni enchantée, par ce qui ce passe en ce moment.

Née pendant les Trente Glorieuses, elle a eu la chance de rencontrer dans sa vie Lucie Aubrac et Stéphane Hessel, des gens qui se sont battus pendant la Seconde Guerre mondiale et qui, entre autres, ont aidé à rédiger la Déclaration des droits de l'homme. Elle raconte au micro de Rebecca Manzoni : "Quand je vois ce qui se passe en ce moment, je me dis qu'ils seraient affligés et en colère. Ils sont morts il n'y a pas longtemps, mais ils seraient vraiment très en colère de voir que tout ce qu'ils ont fait, tout ça pour ça aujourd'hui, avec des guerres partout, si proches de nous, avec un État qui va si mal."

Carole Bouquet note une grosse différence entre les gens de sa génération et les suivantes, dont font partie ses enfants. "On avait une insouciance qu'ils n'ont pas, que cette génération qui a 20 ans, 30 ans, même 40 ans aujourd'hui, n'a pas. Nous, on a été protégés. Je suis née après la guerre, mais avec le droit de vote, avec le droit à l'avortement, avec la pilule. Donc pour moi, c'est très, très précieux. Avec le droit d'avoir un compte en banque. Mais c'est très récent. Ça date de ma naissance, 1957. Je n'oublie pas à quel point c'est récent, à quel point c'est fragile."

Le tube de l'invitée

JACQUES HIGELIN - Pars

Carole Bouquet : "Ce texte est d'une élégance, d'une douceur et d'une générosité folles. L'air aussi est génial. Et puis c'est le père d'Izïa et j'aime Izïa. C'est en travaillant avec elle que je l'ai rencontré. Il m'a remerciée, ce qui était vraiment le comble parce que j'avais été gentille avec sa fille. Aucune raison que je ne sois pas gentille avec Izïa, qui est une merveille."

Programmation musicale

ANDREA LAZSLO DE SIMONE – I nostri giorni

Pour en savoir plus, écoutez l'émission...

À réécouter : Carole Bouquet
Le grand entretien

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