

Une présence, un art, un visage qui compte de plus en plus dans le cinéma français, c’est le comédien Karim Leklou. Il a commencé avec “Un Prophète” de Jacques Audiard et est aujourd’hui à l’affiche du film “Pour La France” réalisé par Rachid Hami.
- Karim Leklou Acteur
Peut-être l’avez-vous repéré en flic, dans “Bac Nord”. Ou en médecin, dans la série “Hippocrate”.
Ou encore en voyou à la petite semaine, qui essaie de se reconvertir dans la vente de Mr Freeze au Maghreb pour le film “Le Monde est à toi”.
Karim Leklou est de plus en plus présent. Il est l’affiche de deux beaux longs métrages, rien que pour ce mois–ci.
On se rencontre ce matin à l’occasion de la sortie de “Pour la France”, histoire d’une fratrie dont l’un des membres décède, pendant un rituel d’intégration à l’école militaire de Saint Cyr. Le film se déroule entre la France, l’Algérie et Taïwan.
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Extraits de l'entretien
Des souris et des hommes de John Steinbeck, un livre phare
Karim Leklou arrive essoufflé. Il est allé chercher son livre préféré Des souris et des hommes de John Steinbeck. Au cours de l’émission, il va lire la préface de Joseph Kessel « Ce livre est bref, mais son pouvoir est long » L’acteur explique pourquoi il lui tient à cœur : « C’est un livre magnifique qui parle de gens qui me touchent profondément. Il parle de destins et des classes populaires d’une très belle façon. C’est un récit d’une beauté incroyable, mais aussi, âpre, et hyper dur. Il est écrit en 1937, mais il est d’une modernité complètement folle. On croirait qu’il parle de la France d’aujourd’hui quand il évoque l’intérim, la précarité, ceux qui possèdent, ceux qui ne possèdent pas… John Steinbeck parle du peuple de façon classe. La classe ne doit pas être réservée à une élite ou à la bourgeoisie. Les gens qui combattent au quotidien pour leur survie sont des héros. Des souris et des hommes aborde les débats essentiels dont on ne parle presque plus, comme la répartition du capital, une question importante. »
Un travail d’acteur bâti sur le corps
Karim Leklou donne les clefs de son travail d’acteur : « Sur le film "Pour la France" quelque chose m’a servi. Je n’aime pas trop intellectualiser. J’aime bien partir du corps. Ce film se déroule sur trois continents et trois époques différentes. Sur la partie Taiwanaise, j’ai demandé un vélo pour la quarantaine. J’ai beaucoup pédalé. Cela m’a apporté une silhouette différente qui apporte de la jeunesse et qui est très éloignée de la partie française. Cet élément très concret change le jeu et accompagne les mots. »
Le scénario et les mots
Karim Leklou : « Je n’écris pas moi-même, mais j’adore l’objet scénaristique. J’aime avoir le scénario dans les mains. Après un tournage, il termine en piteux état. Les feuilles s’envolent à force de manipulation, et il est colorié. En orange, j’y tiens pour apprendre mon texte. Un scénario, c’est 80 % de la matière d'un film. »
Interrogé par Rebecca Manzoni sur son amour des mots, il raconte d’où il vient : « Mon père était ouvrier et se levait à 4 h 30 tous les jours. Il avait dix minutes à lui avant de partir au travail et il lisait des livres. Cela m'a beaucoup marqué. Quand il sortait du boulot et moi de l’école, on avait un temps de cinéma où on regardait des cassettes vidéo ensemble avant qu'il aille s'endormir. On regardait des films comme Apocalypse now, qui me plaisait en tant qu’adolescent parce qu’il évoquait la guerre. Je l’ai revu depuis, et j’y ai vu autre chose. J’ai beaucoup de chance que mon père me transmette tout ça. Il m’a appris que la culture était une possibilité très importante d'exprimer une voix, même quand on ne dispose pas du pouvoir financier. La culture était une sorte d'élévation possible et accessible à tous. »
Des débuts au cinéma tardifs
Karim Leklou raconte comment il y est venu : « J’étais "silhouette" sur le plateau de tournage d’Un prophète de Jacques Audiard. Cela devait être une journée, cela a duré huit jours. Attiré par l’énergie des comédiens, la mise de scène d’un réalisateur possédé par son sujet, je me suis dit : "c’est ça que je veux faire". Le cinéma est un art très léger, presque enfantin. C’est très important au moment où on le fait, mais on ne sauve pas le monde !
J’ai commencé à tourner à 28 ans, et c’est très bien comme ça. J’ai fait des tas de petits boulots qui me servent pour incarner des personnages qui me tiennent à cœur. Cela m’a donné une conscience sociétale qui m’aide. Comme de voir mes parents, ma mère était à l’accueil d’une grande entreprise et mon père magasinier. J’ai vu les corps qui se fatiguent, la pénibilité au travail. »
Jouer une histoire vraie
Karim Leklou : « Pour moi, Rachid Hami, le réalisateur, est un homme de cinéma. Il n’est jamais allé sur le terrain de la vie privée. Son film est très beau : il est très nuancé, il déconstruit les clichés sur la jeunesse issue de l’immigration et sur l’armée. »
La suite est à écouter...
Le tube de l'invité
Maradona chante la chanson de RODRIGIO - La mano de Dios
Programmation musicale
LOYLE CARNER - Nobody Knows
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