Véronique Sanson est dans Tubes And Co avec le morceau “Bernard’s Song”. Los Angeles, printemps 1977. Nous sommes au studio Crystal Sound, là où Stevie Wonder a ses habitudes. Et c’est une française qui livre une chanson fleuve de plus de 6 minutes. Symphonie soul, disco et funk.
Véronique Sanson vit aux Etats-Unis depuis 5 ans. Elle a pris un aller simple pour suivre l’homme qu’elle aime. Le musicien américain Stephen Stills. De ces années-là, elle dit : "C’est une période de ma vie qui a changé mon destin autant qu’elle a changé ma musique. Une autre culture a coulé dans mes veines, celle de l’Amérique, du meilleur comme du pire”.
1977, c’est la mort d’Elvis Presley aux Etats-Unis. Les premiers tubes d’ABBA en Suède et le punk en Angleterre.
Elle fait résonner la Californie et en français. On lui avait bien présenté des messieurs pour lui écrire des chansons calibrées. Mais c’était mal la connaître. Pour ses disques, elle fait ce qu'elle veut.
Je rappelle le titre de la chanson, c’est“Bernard’s Song”.
A travers ce prénom, Véronique Sanson ferait le portrait de son producteur de l’époque : Bernard Saint Paul. Mais ce texte écrit au masculin est un nouvel autoportrait. L’histoire d’une femme qui a tout plaqué d’un seul coup : Michel Berger, son compagnon et la France. L’histoire d’une femme en pays inconnu, épouse d’un Stephen Stills violent et sous l’emprise de plus en plus de substances.
Elle est donc partie avec lui. Et comme le dit la chanson : “S’il a tort, s’il a raison, c’est vraiment pas la question. N’en parlons pas”.
En revanche, le jour de l’enregistrement de cette chanson, les musiciens eux, ont bien les pieds sur terre. Que des pointures. Je commence par vous citer Jimmy Haskell qui arrange la partition de cordes. Elles accompagnent les montées autant que les descentes de la voix.
Et là, écoutons le clavinet, habituellement associé à Stevie Wonder. Et une guitare qui caquette. Et puis des cuivres arrangés par Steve Madaio. A la batterie, Harvey Mason, qui a notamment bossé pour Herbie Hancock.
Beaucoup de ces gars l’ont d’abord regardée de haut. Il lui a suffi de chanter et jouer pour mettre tout le monde d’accord.
"Bernard’s song" figure sur l’album “Hollywood”, le 3ème et dernier que Véronique Sanson compose aux Etats–Unis. C’est la fin de son rêve américain. L’année suivante, 1978, elle s’enfuit du domicile conjugal. Cette même année 78, elle sera la première femme à se produire au Palais des Sports à Paris.
L’œuvre de Véronique Sanson est réunie dans une anthologie de 18 CD parue chez Warner.
Et je vous conseille vivement le livre “Véronique Sanson, les années américaines” paru aux éditions Grasset. C’est signé Laurent Calut et Yann Morvan.
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