Ce matin, c’est la chanson “The River”, parue en 1980 sur son cinquième album, qui est à l’affiche de Tubes And Co. Et “Bruce Springsteen, la totale” de Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, est une somme qui vient de paraître : 700 pages pour explorer l’œuvre du musicien américain.
- Bruce Springsteen Chanteur, auteur-compositeur et guitariste américain
Pour interpréter, trouver le ton juste, Bruce Springsteen raconte dans ses mémoires, s’être imaginé dans la peau d’un gars dans un bar.
Chanter comme on se met à parler à un inconnu, assis sur le tabouret d’à côté.
C’est le récit d’un homme qui n’a choisi ni son boulot ni sa vie. Ouvrier comme son père sur un chantier de construction. Et une histoire d’amour précipitée dans un mariage à cause d’une grossesse.
Nous sommes en 1980, la bande son mondiale est faite de disco, de punk, du rap qui arrive. Et Springsteen choisit l’une des musiques qui l’a façonné : la country pour questionner le rêve américain.
The River se conclut par ce vers : “Est-ce qu’un rêve qui ne se réalise pas est un mensonge ? Ou est–ce pire encore ?”.
A ce rêve trahi, Springsteen oppose la loyauté de son écriture pour dire les siens.
Des mots simples et des images précises. The River dit un mariage sans cérémonie. Un boulot perdu à cause de la crise. Le souvenir d’une virée en bagnole. Le corps bronzé de la fille, Mary. Et des plongeons dans une rivière comme dans un éden.
The River est le récit de la vie que Springsteen a fuie et que sa sœur a mené. Une vie flouée par la crise et le chômage. Aucun des mots du texte ne dit la plainte.
La résignation, la colère sont dans la voix.
The River donne son titre à un double album. L'enregistrement devait se passer en 5 semaines. Ça a duré un an et demi.
Springsteen raconte donc l’histoire des gens qui vivent pleinement leur vie alors que lui, se prive de la sienne à coups de nuit passées en studio ou à sa table, pour trouver le mot juste.
Son groupe, le E-Street Band et lui, il les qualifie d’ouvriers dans la vigne de la pop. Et il écrit sur ses collègues. “A la fin du show, toi mon ami, tu seras épuisé, tu sauteras dans ta Rolls pour aller au Manoir Playboy avec l’alcool et les filles, quand moi, je serai en train de creuser mon trou dans une lune de sang.”
Mais le matin venu, ce putain de trou sera creusé.
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