"Déjeuner en paix" de Stephan Eicher, des scènes de la vie conjugale montées "cut"

Stephan Eicher en 1991
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Stephan Eicher en 1991 ©Getty - ullstein bild Dtl.
Stephan Eicher en 1991 ©Getty - ullstein bild Dtl.
Stephan Eicher en 1991 ©Getty - ullstein bild Dtl.
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Il y a trente ans pile était publié l’album “Engelberg” de Stephan Eicher. Le disque est réédité et Rebecca Manzoni met à l’affiche ce matin une de ses chansons : “Déjeuner en paix”.

Des histoires de couples, le répertoire francophone en est plein. Soit ça raconte le feu de la passion, soit c’est un chagrin d’exception. Pas de ça ici, mais du quotidien. Celui d’un homme et d’une femme, et l'état du monde en toile de fond. Un zoom sur eux deux et un plan large sur la planète dans une seule chanson. 

Il est vrai que le monde partait en sucette. Comme d’habitude. La question c’est comment faire avec. Nous sommes en 1991, c’est la guerre du Golfe. Entre autres.  

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Et au moment de chanter “Déjeuner en paix”, Eicher voulait une cavalcade, pleine balle, quand d’autres auraient imaginé un truc mezzo piano. 

Philippe Djian est l’auteur du texte : de ces scènes de la vie conjugale montées "cut". On a ânonné “l’homme est un animal me dit-elle” et ça n’est que plus tard qu’on en a apprécié et le balancement et les allitérations. Bon j’arrête. Le tout s’appelle un grand texte. 

Cette année 1991 voit le titre “Zoubida” de Lagaf, n°1 du top 50.  C’est dire à quel point le tube d'Eicher détone - et dans le texte et dans le son. 

Comme le dit Dominique Blanc-Francard, qui a réalisé l’album "Engelberg" sur lequel figure ce morceau :  

“Ce disque, c’est le début d’une revanche de la musique acoustique sur le son synthétique des années 1980.” 

Et ce disque fut enregistré dans un endroit pas fait pour : le Koursal, un casino désaffecté du village d’Engelberg, en Suisse, à 1013 mètres d’altitude. 

Tout là-haut, Dominique Blanc-Francard a donc créé un studio. L'idée : enregistrer de la musique comme on part à l’aventure. Et c’est le lieu... qui fixe les règles du jeu. 

Y trouver la bonne place pour la batterie d’abord. Deux grands musiciens pour le socle du morceau : Manu Katché derrière les fûts et Pino Palladino à la basse. 

Selon les éléments qu’on choisit d’écouter, “Déjeuner en paix” est tantôt rock, tantôt un titre électro, ou de la musique de chambre. Un éclectisme qui dit les contrastes de l’album entier intitulé “Engelberg”. 

Pour se rendre à Engelberg (dans la montagne suisse donc) à l’époque il fallait prendre un train à crémaillère. Nous sommes en 1991, dans le monde du disque, y a du budg’… Mais ils ont quand même dû faire la gueule dans l’entreprise Barclay. 

Tout ça avait un côté “à rebours de tout”, franchement réjouissant. 

La suite donna raison à Stephan Eicher : “Engelberg” est l’histoire d’un disque ancré dans un patelin suisse qui a touché le monde. 

C’est automne, cet hiver et ce printemps, Stephan Eicher est en tournée. Il sera à l’Olympia le 10 Novembre. Et le lendemain y’ a pas école.