C'est ce que déclare Colette à Marie-Claire le 24 mai 1940. Un mythe de plus créé par l’écrivain. C’est Saint-Sauveur-en-Puisaye, son Combray, son village natal, le lieu de ses souvenirs d’enfance, de sa maison fabuleuse, de son école et de ses promenades.
Des racines terriennes
Colette a immortalisé Saint-Sauveur dans le Montigny de Claudine à l’école, puis dans La Maison de Claudine, hommage à ses racines terriennes. Elle prit soin de conserver son accent bourguignon pour entretenir son image de provinciale.
Ruinés, ses parents durent quitter en 1891 la belle maison du premier mari de Sido à Saint-Sauveur, avec son double perron, ses deux jardins, où Colette avait passé les dix-huit premières années de sa vie. On s’installa à Châtillon-sur-Loing, où Achille, le frère aîné, s’était établi comme médecin, dans une maison « si petite et si modeste, — si différente de la large maison natale de Saint-Sauveur » (Mes apprentissages, III, 999).
Colette revint à Saint-Sauveur avec Willy en 1895, pour la distribution des prix. Cette visite fut le prétexte de la rédaction de ses souvenirs, qui devinrent Claudine à l’école. Puis avec Bertrand de Jouvenel en 1921, et la visite fut cette fois à l’origine de La Maison de Claudine. Elle passa par Saint-Sauveur en juin 1925, en voiture au retour du Midi avec Maurice Goudeket, qui deviendra son troisième mari.
La maison, dont Achille avait hérité, fut vendue à un industriel soyeux de Lyon qui en offrit l’usufruit à Colette (pour le remercier, elle rédigea un article de promotion). Elle put alors rentrer dans sa maison.
Son amour de la campagne ponctue son écriture
Dans le premier livre de souvenirs, La Maison de Claudine (1922), Colette s’identifie au personnage qu’elle a créé il y a près de trente ans et donne d’emblée une épaisseur légendaire à sa maison natale, enrichit le folklore de la fille amoureuse de la campagne, de la nature, des bois et des champs, des animaux. C’est autour des sens, en premier lieu de l’odorat, que sa mémoire s’ordonne :
Une odeur de gazon écrasé traîne sur la pelouse non fauchée, épaisse, que les jeux, comme une lourde grêle, ont versée en tous sens (III, 978)
La maison de Colette restera toujours attachée à ses odeurs.
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