Un été avec Machiavel

Passer l’été avec Machiavel, vraiment ? Quelle drôle d’idée. L’auteur du Prince n’est pas à proprement parler un écrivain en vacances.

Dantesque, kafkaïen, sadique. Machiavélique. C’est un douteux privilège que de baptiser de son nom propre une angoisse collective.

Nicolas Machiavel est né le 3 mai 1469, à Florence. Mais qu’est-ce que Florence en 1469 ? Une république où paradent des princes.

Reconnaissons que souvent, il exagère. Lorsqu’il dit de lui « je naquis pauvre et appris à trimer avant de faire la fête », franchement, il exagère.

On s’accroche parfois à certains livres comme à des bouées. Quand tout tangue autour de soi, qu’on est au bord de chavirer, ils surnagent, se signalent à notre attention, pour nous

Il l’écoute fasciné, terrifié, admiratif. En ce jour de 1498, à Florence, Machiavel écoute Savonarole. Il écoute le prédicateur qui fait plier les foules sous le poids de sa parole

Si vous allez à Florence, place de la Seigneurie, vous verrez la plaque commémorative. Elle indique le lieu du supplice de Savonarole.

« Sortez maintenant de chez vous et considérez ceux qui vous entourent ». C’est une lettre datée de 1503. Machiavel s’y adresse aux Dieci di libertà

Voyager et écrire. C’est ainsi que Machiavel « apprend l’art de l’État ». Y aller voir, et lorsqu’on ne peut se déplacer soi-même...

La chance de Machiavel est d’avoir toujours été déçu par les hommes d’État qu’il a croisés sur son chemin.

«Je suis à la campagne, et après les derniers accidents qui s’ensuivirent pour moi, je suis resté au plus, en les mettant bout à bout, vingt jours à Florence »...

Et si, tout simplement, c’était un salaud ? Au sens que Jean-Paul Sartre donne à ce mot, bien entendu.