Le fragment, comme « Talon de soulier », figure dans la liasse « Vanité » des Pensées. Pour Pascal, on adopte son métier non pas en raison d’une vocation profonde, mais sur des mobiles anodins : la réputation, les compliments... Or le choix du métier est pour Pascal l’une des meilleurs exemples de la vanité humaine.
Les Pensées fourmillent de fragments elliptiques qui nous arrêtent par leur étrangeté, comme celui-ci :
Talon de soulier / Ô que cela est bien tourné ! Que voilà un habile ouvrier ! Que ce soldat est hardi ! Voilà la source de nos inclinations et du choix des conditions. Que celui-là boit bien ! Que celui-là boit peu. Voilà ce qui fait les gens sobres et ivrognes, soldats, poltrons, etc. » (69-35)
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« Talon de soulier » : ce motif récurrent des Pensées me hante depuis longtemps. Si j’écrivais mes Mémoires, j’aimerais leur donner pour titre « Talon de soulier », tant l’image est frappante.
Le fragment illustre l’absurdité de nos comportements, l’arbitraire des décisions les plus importantes que nous prenons dans l’existence. Nous dépendons du hasard, nous fondons nos choix de vie essentiels sur des caprices, des broutilles.
Talon bien tourné, ce détail insignifiant, illustration dérisoire de notre vanité
On adopte son métier non pas en raison d’une vocation profonde, mais sur des mobiles anodins, vains, vides : la réputation, les compliments. « Talon bien tourné », ce détail insignifiant est l’illustration dérisoire de notre vanité, cette fierté qui peut s’attacher à l’un des plus bas des métiers, celui du savetier.
Pascal revient volontiers sur ce sujet :
Métiers. / La douceur de la gloire est si grande qu’à quelque objet qu’on l’attache, même à la mort, on l’aime (71-37).
Voilà pour la vocation des hommes de guerre, bêtement séduits par la gloire d’une mort héroïque. Le fragment, comme « Talon de soulier », figure dans la liasse « Vanité » des Pensées.
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