De la vie africaine d'Arthur Rimbaud

Valise de Rimbaud au musée Rimbaud à Charleville-Mézières dans les Ardennes
Valise de Rimbaud au musée Rimbaud à Charleville-Mézières dans les Ardennes ©Getty -  Elise HARDY
Valise de Rimbaud au musée Rimbaud à Charleville-Mézières dans les Ardennes ©Getty - Elise HARDY
Valise de Rimbaud au musée Rimbaud à Charleville-Mézières dans les Ardennes ©Getty - Elise HARDY
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Il y a l'ennui qui est la souffrance du cœur, mais il y a la souffrance physique qui est l'ambassade de la mort. Aujourd'hui, on part en Afrique avec Rimbaud. Pour lui c’est la lutte, contre le monde et contre lui-même !

L'ennui est le crabe de la vie africaine. Pour Stendhal, l'ennui est l'ennemi privé numéro 1. Stendhal le fuyait par le mouvement, la gaieté, la galanterie, la légèreté, « vite, un lac Italien » se disait-il, les jours où il broyait du noir. 

Les dix années africaines de Rimbaud ne sont pas stendhaliennes. Nulle grâce, peu d’aventure, pas d'amour. Le soleil, ce marteau, sur Rimbaud c'est l'enclume. L'ennui a envahi l'air et la lumière. Dans une lettre à sa famille, il a cette réflexion sur l'ennui de la vie. 

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« Et heureusement que cette vie est la seule et que cela est évident puisqu'on ne peut s'imaginer une autre vie avec un ennui plus grand que celle-ci. »

Il y a l'ennui qui est la souffrance du cœur, mais il y a la souffrance physique qui est l'ambassade de la mort. Rimbaud n'est pas du genre pudique. Il ne cache rien aux siens et leur dit, dès l'année 1885, qu'il ne sait pas ce qu'il fait « dans des enfers pareils, soumis aux privations les plus abominables, traversant des régions désespérées ». 

La litanie des plaintes s'accroît pendant dix ans, prenant parfois la forme d'un refrain halluciné et obsédant. 

La triste chanson, se conclut de cette question à sa sœur Isabelle en juin 1891. « Pourquoi donc existons-nous ? » Pauvre Rimbaud ! Sa traversée du temps ressemble à une expiation morale et physique. L'Afrique, son cilice. Un jour d'avril 1891, « l'enflure de mon genou droit », comme il l'écrit à sa chère maman et « la douleur dans l'articulation », sonne le début de sa fin. Le récit envoyé à sa mère du retour en douze jours du Harar à Aden, allongé sur une civière recouverte d'une toile, est un martyrologe.

Le voyant ne voit pas qu'il est déjà mort

La douleur, comme l'ennui, race de rongeur, elle gagne, progresse et grignote. Tout juste aura-t-il le temps de rentrer en France, histoire de mourir dans des draps propres. Après avoir revu les siens, le cancer l'emporte le 10 novembre 1891, à 37 ans. 

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