L’exil de Victor Hugo

France Inter
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« Si Bonaparte a cru que c’était son décret qui me chassait, il s’est trompé ; ce qui m’a chassé, c’est son infamie. »

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Le choix de Victor Hugo de quitter la France en 1851 fut un choix douloureux, mais nécessaire. Louis Napoléon Bonaparte a préféré le coup d’Etat à la démocratie… Et l’écrivain dissident, ancien allié de l’Empereur autoproclamé, a préféré la fuite à la soumission :

« Si Bonaparte a cru que c’était son décret qui me chassait, il s’est trompé ; ce qui m’a chassé, c’est son infamie. Ce qui m’a banni, c’est ce spectacle de honte que je n’aurais pu supporter. Ce n’est pas Bonaparte qui m’a dit : va t’en ! C’est mon âme. [1] »

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Victor Hugo en exil
Victor Hugo en exil
© Wikimedia commons

Hugo laisse son pays dans un chaos silencieux…** Il a bien essayé de soulever les foules, d’appeler à la résistance… Mais les quelques barricades élevées n’ont pas suffi à éviter la violente riposte de l’armée impériale. Alors il a réuni ses affaires… Muni d’un faux passeport et déguisé en ouvrier, il prend le train de nuit le 11 décembre 1851 pour Bruxelles. Juliette Drouet doit bientôt le rejoindre avec la malle aux manuscrits. Adèle Hugo s’occupe de la logistique à Paris… Hugo part seul, et ne reviendra en France que dix-neuf ans plus tard.

De Jersey à Guernesey

Tandis que Bonaparte organise la ratification par plébiscite de son coup d’Etat, l’écrivain entame la rédaction de l’Année Terrible, Napoléon le petit et des Châtiments. Moins d’un an après son arrivée en Belgique, il repart pour Londres, avant d’arriver à Jersey. Là, il a enfin « la conscience joyeuse » [2]. L’île lui plaît : on y parle français, on y croise d’autres proscrits de l’Empire, on peut se promener le long de la mer, et même, depuis la côte, voir la France les jours de beau temps… Adèle le rejoint, avec les enfants, et ils habitent à Marine Terrace, une grande maison blanche qu’ils occupent pendant trois ans. C’est là-bas que le clan Hugo se passionne pour la photographie et les séances spirites… Mais l’écrivain est expulsé en 1855 pour avoir critiqué la visite de Napoléon III à la Reine Victoria… Il trouve refuge un peu plus au nord, à Guernesey, ce « pauvre rocher perdu dans la mer et dans la nuit ».

[1]PS de ma vie , p39

[2] Choses vues, 22 janvier 1852

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