La laideur chez Victor Hugo

France Inter
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La laideur questionne Victor Hugo, le fascine parce qu’elle est multiple et énigmatique. Ce qui l’intéresse, c’est le mouvement, l’articulation du corps soumis à la vie et au temps qui passe.

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« Le beau n’a qu’un type ; le laid en a mille ». Cette phrase, extraite de la préface de Cromwell, dit l’essentiel de l’esthétique de Victor Hugo. La laideur le questionne, le fascine parce qu’elle est multiple et énigmatique. Ce qui l’intéresse, c’est le mouvement, l’articulation du corps soumis à la vie et au temps qui passe.

Dans ses livres, une femme n’est pas « belle » indéfiniment. Fantine, par exemple, dans Les Misérables, est d’abord décrite « éclatante de face, délicate de profil (…) sculpturale et exquise »... Mais cette beauté est rapidement dégradée, car la jeune femme est contrainte de vendre ses cheveux épais et ses dents éclatantes… À l’inverse, sa fille Cosette est qualifiée de « laide » par le narrateur avant que l’amour ne la transforme en « belle créature ».

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La beauté est donc une donnée toute relative chez Hugo, qui lui préfère l’alliance du grotesque et du sublime – au fondement du drame romantique. Dégager la lumière de l’obscurité, révéler la grâce du monstre : voilà son propos. Alors il peint le sombre, le caché, le pétrifié, tout ce que les hommes négligent, moquent, ou rejettent… Quasimodo, Gwynplaine, et Triboulet incarnent cet héroïsme singulier.

Quasimodo est un « misérable ». Enfant, il a été abandonné sur les marches de Notre-Dame, et depuis, il n’a jamais quitté les deux tours de la bâtisse. Il est le compagnon des gargouilles, il se confond avec elles, parfois… Un jour, il apparaît à la foule dans le trou d’une rosace, au-dessus d’un des portails de la cathédrale. Son aspect déclenche tout à coup l’hilarité du public, qui cherche à élire le roi des Fous…

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