Hugo dessine la ville, la peint, la poétise. Les rues, les toits, les édifices : tout, sous sa plume, se met en mouvement… Il y a quelque chose qui grouille dans le Paris de Victor Hugo, quelque chose qui sommeille…
- Victor Hugo Écrivain, poète et dramaturge
Louis Aragon a écrit : « Personne n’a jamais parlé de Paris comme Victor Hugo. (…) (Il) aura été le premier, celui qui a fait naître Paris à la vie lyrique. » [1]
Pour le croire, il faut ouvrir l’un des plus beaux romans de l’écrivain : Notre-Dame de Paris, le seul livre qui offre une vue de la capitale « à vol d’oiseau » :
« Si admirable que vous semble le Paris d’à présent, refaites le Paris du quinzième siècle, reconstruisez-le dans votre pensée ; regardez le jour à travers cette haie surprenante d’aiguilles, de tours et de clochers ; répandez au milieu de l’immense ville, déchirez à la pointe des îles, plissez aux arches des ponts de la Seine avec ses larges flaques vertes et jaunes, plus changeante qu’une robe de serpent ; détachez nettement sur un horizon d’azur le profil gothique de ce vieux Paris ; faites-en flotter le contour dans une brume d’hiver qui s’accroche à ses nombreuses cheminées ; noyez-le dans une nuit profonde, et regardez le jeu bizarre des ténèbres et des lumières dans ce sombre labyrinthe d’édifices ; jetez-y un rayon de lune qui le dessine vaguement et fasse sortir du brouillard les grandes têtes des tours ; ou reprenez cette noire silhouette, ravivez d’ombre les mille angles aigus des flèches et des pignons, et faites-la saillir, plus dentelée qu’une mâchoire de requin, sur le ciel de cuivre du couchant » [2].

Hugo fait davantage que décrire la ville. Il la dessine, la peint, la poétise. Les rues, les toits, les édifices : tout, sous sa plume, se met en mouvement… Il y a quelque chose qui grouille dans le Paris de Victor Hugo, quelque chose qui sommeille…
Victor Hugo, Parisien
Cette ville était la sienne, il y a longtemps habité – impasse des Feuillantines dans son enfance, puis rue Notre-Dame des champs, rue Vaugirard, place Royale (ancienne place des Vosges), rue de la Rochefoucauld, rue de Clichy, et enfin rue d’Eylau (rebaptisée avenue Victor Hugo en 1881). Mais Paris est aussi la ville de ses personnages… Partout, les ombres de ses héros surgissent au détour des quartiers : ici, on entend siffler Gavroche… Il interpelle une vieille femme barbue : « Madame ! Vous sortez avec votre cheval ? » [3]… Là, c’est Marius qui aperçoit pour la première fois Cosette dans le Jardin du Luxembourg, ou Esmeralda qui est pendue place de Grève…
L’amour que Hugo porte à Paris va le conduire à s’intéresser de plus près aux questions de patrimoine, et à mener un combat contre la destruction des monuments nationaux. Il écrit deux pamphlets, publiés dans le recueil Littérature et philosophie mêlées, et réunis sous le titre : « Guerres aux démolisseurs ! »...
[1] Avez-vous lu Victor Hugo ?
[2] Notre Dame de Paris, Folio p. 231-232
[3] Les Misérables p. 272
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Chronique