De la droite la plus conservatrice à la gauche la plus sociale : le parcours politique de Victor Hugo a tout du grand écart… Certains l’accusent d’être versatile et opportuniste : il répond par la verve de ses convictions et la constance de ses engagements.
« Mauvais éloge d’un homme que de dire : son opinion politique n’a pas varié depuis quarante ans. C’est dire que pour lui, il n’y a ni expérience de chaque jour, ni réflexion, ni repli de la pensée sur les faits. C’est louer une eau d’être stagnante, un arbre d’être mort ; c’est préférer l’huître à l’aigle ».
L’image, ici, n’est pas choisie au hasard par Victor Hugo. Mieux vaut, à ses yeux, tournoyer dans le ciel que rester collé à son rocher. L’aigle, c’est bien lui : puissant et solitaire, indompté et méfiant, en un mot : libre.
Cette liberté a beaucoup questionné.
D’abord royaliste, l’écrivain s’est peu à peu rallié à l’idée républicaine pour finalement devenir un farouche opposant du Second Empire et même, à la toute fin de sa vie, le défenseur passionné des Communards… De la droite la plus conservatrice à la gauche la plus sociale : le parcours politique de Victor Hugo a tout du grand écart… Certains l’accusent d’être versatile et opportuniste : il répond par la verve de ses convictions et la constance de ses engagements.
Hugo n’a jamais mis ses intérêts devant ses idéaux
Né en 1802 et mort en 1885, l’écrivain a assisté à de multiples bouleversements politiques, comme il a lui-même vécu des révolutions intimes... Son existence, comme son œuvre, sont indissociables des troubles de l’Histoire (et ceux du XIXe siècle en France sont nombreux)… De ses premiers recueils de poésie imprégnés de dévouement royaliste, à son dernier grand roman, Quatre-vingt treize , en passant par son théâtre, ses discours et ses pamphlets, il n’a cessé de réfléchir à la chose publique, à la manière dont les hommes vivent et peuvent continuer à vivre ensemble.
À 23 ans, il est le chantre de la royauté, louant Charles X (le dernier des Bourbons à accéder au trône)… Sa Légion d’honneur en poche, il prépare le renouveau du théâtre romantique dans la préface de Cromwell, et se soucie du sort des prisonniers dans Le Dernier jour d’un condamné … Nous sommes à l’aube de la Révolution de 1830 et, déjà, les questions sociales le taraudent… Mais il n’a pas encore pleinement confiance en la « République » - après tout, celle qui est née de 1789 s’est vite transformée en « Terreur »…
Victor Hugo accueille donc avec respect l’arrivée du roi Louis-Philippe et gravit un à un les échelons de la gloire intellectuelle et politique… En 1840, il succède à Balzac à la direction de la Société des gens de lettres ; l’année suivante, il est élu à l’Académie Française ; puis, titre suprême, le roi le nomme Pair de France. Les publications se multiplient, Hugo est riche, célèbre, et sa conscience de l’injustice sociale se confirme… Le jeune homme « un peu fanatique de dévotion et du royalisme » tel que le décrivait son ami Alfred de Vigny, a bien changé… Hugo s’affirme et veut désormais combattre « les mauvaises actions de la loi ».
Quand la révolution de 1848 éclate, il n’est pas encore républicain, mais il se dit « libéral, socialiste (et) dévoué au peuple ». Après avoir un temps soutenu la régence de la duchesse d’Orléans, il se résout à la proclamation de la Seconde République et se fait élire député à l’Assemblée Constituante, sur une liste conservatrice. Il est officiellement à droite, mais penche sérieusement à gauche, criant haut et fort son dégoût de la misère, sa foi en l’école laïque, son empathie pour les condamnés à mort, et son amour de la presse libre…
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