Plus de 750 tombes retrouvées, les restes de 215 enfants découverts à proximité d'anciens pensionnats de l'Eglise catholique, voici les vestiges de la violence à l'égard de la population autochtone tout au long de l'histoire canadienne.
- Gabrielle Paul Reporter spécialisée à l'espaces autochtones à Radio Canada
- Marie-Laure Josselin Journaliste
Après la vague Black Lives Matter qui a déferlé sur tous les continents, les Canadiens ont découvert avec horreur des preuves de leur passé colonial.
À la fin du mois de mai, les restes de 215 écoliers ont été retrouvés en Colombie-Britannique, puis 750 tombes d'enfants en juin. À chaque fois, près d'anciens pensionnats gérés par l'Église catholique qui, au début du siècle et jusqu'à très tardivement, était chargée "d'éduquer" : d'assimiler de force les enfants des autochtones du Canada.
Depuis ces découvertes macabres, tout le pays est bien obligé de se rappeler que pendant des dizaines d'années, des enfants ont été enlevés à leurs parents, battus, maltraités, agressés, violés, parce qu'ils étaient autochtones. "On a voulu tuer l'Indien dans l'enfant", comme on dit là-bas.
Si les réponses politiques sont en train d'être trouvées, une mesure symbolique a déjà été appliquée : Mary Simon a été nommée Gouverneure du Canada, faisant d'elle la première femme autochtone de l'histoire à ce poste.
Avec nous pour en parler :
- Marie Laure Josselin, reporter spécialisée à l'Espace autochtones à Radio Canada
- **Gabrielle Paul, **reporter spécialisée à l'Espace autochtones à Radio Canada et native de la communauté ilnu de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean
Retrouvez des extraits de l'émission ci-dessous :
Une histoire qui était pourtant déjà connue
Il y a eu un documentaire sur Arte qui est passé le 1er juillet dernier à ce sujet. Il y a eu des tortures, des gamins à qui on a mis des électrodes pour les électrifier. Ce sont des enfants qui avaient 7 ans, 8 ans. Il y a eu des sévices, des enlèvements, des viols… Il y a eu 4000 morts.
Marie-Laure Josselin : "Ça a duré pendant 150 ans ; le dernier pensionnat a fermé en 1996. Il y a 7 000 survivants des pensionnats pour autochtones
Il y a eu la Commission "Vérité et réconciliation" qui, pendant six ans, a fait des travaux dans tout le pays. Elle a rendu ses conclusions en 2015 : la politique des pensionnats pour autochtones constitue un véritable génocide culturel. C'est vraiment une page sombre de l'histoire canadienne.
Les survivants ont toujours dit, la commission a dit qu'il y avait au moins 4 000 enfants qui étaient décédés dans les pensionnats pour autochtones
. Mais il semble que les gens n'entendaient pas , ou ils n'étaient pas prêts à entendre, ou bien encore c'est parce qu'il n'y avait pas de preuve ? Là, avec ces tombes… on dirait qu'il y a vraiment un plus gros réveil.
Il faut dire aussi que depuis quelques années au Canada, il y a une plus grande sensibilisation par rapport aux questions autochtones".
Gabrielle Paul renchérit : "Étant autochtone moi-même, je peux témoigner du fait que dans nos communautés, ces histoires d'enfants disparus, décédés dans les pensionnats, elles étaient connues. Je dirais que c'est vraiment pour le reste de la population canadienne que, de retrouver ces enfants-là, ça constitue un choc"
Qu'en dit l'Église canadienne ?
Marie-Laure Josselin : "Quand il y a eu la Commission "Vérité et réconciliation", l'Église a été forcée par les tribunaux canadiens de devoir ouvrir ses archives. On parle de l'Église anglicane et de l'Église catholique parce que ce sont ces deux églises-là qui géraient les pensionnats.
Il y a quelques prêtres qui s'excusent, d'autres qui disent "Mais non, ça a fait quand même du bien, les pensionnats"... C'est très tabou.
Dans un des appels à l'action de la Commission "Vérité et réconciliation", il y avait cette demande que le pape s'excuse, que les églises ouvrent leurs archives. Et vous voyez : on est en 2021 et on est encore en train de faire ces demandes. "
Vers une réconciliation ?
Gabrielle Paul : "Beaucoup de gens disent qu'avant même d'avoir des discussions pour se réconcilier, il doit y avoir des réparations, et que ces réparations n'ont pas eu lieu encore.
Il y a eu des excuses officielles pour les pensionnats, puis la question des femmes autochtones assassinées pour lesquelles on a eu une commission d'enquête également. Il y a eu des excuses pour tout ça, mais pour beaucoup, ça ne constitue pas des réparations. Donc c'est impossible de se réconcilier
Il y a eu des indemnisations pour les survivants des pensionnats. Par contre, malheureusement, ça n'a pas tout réglé. Ces problèmes causés par les pensionnats, c'est des problèmes identitaires également. C'est un problème de mal de vivre et c'est des problèmes qui se transmettent de manière intergénérationnelle donc même il y a des compensations financières. L'identité des gens demeure demeure brisée."
Marie-Laure Josselin ajoute :
Il y a un survivant qui m'a dit : "Oui, on a une compensation, mais moi, j'allais tellement mal et je l'avais tellement caché que tout est parti en dépendance".
Un enfant autochtone n'a pas la même chance dans un système de santé, dans un système de protection de la jeunesse, qu'un enfant non autochtone. Par exemple, les autochtones, c'est plus de 50% des enfants placés en famille d'accueil, alors que ces enfants ne représentent qu'à peine 8% de la population des moins de 15 ans au Canada. Après les pensionnats, il y a eu la rafle des années 1960 : via le système de protection de la jeunesse, on a enlevé leurs enfants aux parents autochtones, et maintenant encore les enfants autochtones dans la protection de la jeunesse sont sur-représentés."
Le Canada face à son histoire
Marie-Laure Josselin : "Avant même ces découvertes de tombes, on sentait que c'était dans l'air. Et puis ça va quand même avec tout ce que Justin Trudeau a fait depuis son arrivée au pouvoir, parce que même si tout n'est pas parfait, on peut quand même dire qu'il y a vraiment eu une grosse soupape d'air en ce qui concerne les questions autochtones, même si, bien sûr, il y a beaucoup de promesses qui ne sont pas arrivées. Il y a quand même encore 52 communautés qui n'ont pas d'eau potable au Canada ! Certaines n'ont pas d'eau, pas d'électricité".
Chronique : le Bruit du monde… en Pologne
La fracture entre Europe de l'Ouest et de l'Est s'accroît : après la Hongrie, c'est désormais à la Pologne que l'on s'intéresse. Dans une perspective électoraliste, le parti au pouvoir Droit et Justice ou PIS, veut encourager la réécriture nationale de l'histoire du pays, en insistant notamment sur le rôle exemplaire des polonais lors de l'occupation allemande.
En effet, en passant par un musée construit en face des camps de concentration d’Auschwitz, l'exécutif encourage l'exaltation de l'aide héroique des Polonais aux prisonniers du camp, réfutant tout comportement déviant individuel.
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