Dans la BD « Junk Food, les dessous d’une addiction », (Casterman) Émilie Gleason et Arthur Croque s'intéressent à la dépendance aux aliments industriels

Après l'alcool, la drogue et le sexe : les "food addicts" anonymes

Jeudi 26 janvier 2023

Dans la BD « Junk Food, les dessous d’une addiction », (Casterman) Émilie Gleason et Arthur Croque s'intéressent à la dépendance aux aliments industriels - Émilie Gleason

Dans la BD "Food Addict, les dessous d'une addiction", Emilie Gleason et Arthur Croque enquêtent sur les association d'accros à la "junk food" cette nourriture industrielle qui porte très bien son nom.

Il y en a c’est le sexe, d’autres l’alcool, ou la drogue, et puis pour d’autres ce sont les paquets de chips, les crèmes glacées, et tout ce que la nourriture industrielle peut proposer de gras saturés et d’hyper sucres.

Aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Angleterre des groupes de paroles et de sevrage en 12 étapes se sont constitués pour les accros à la "junk food" comme on l’appelle. Et ce n’est pas pour rien.

Emilie Gleason, jeune autrice de BD belgo-mexicaine, révélée au Festival d’Angoulême en 2019, vient de publier une enquête dessinée sur cette fameuse "Junk Food" et ses "victimes". Parce que quand on se cache pour s’envoyer des bols géants de céréales Froot Loops, on n’est pas juste "faible" devant le plaisir, on est malade. Tombé dans une dope en vente libre, conditionné par des années de lobbying…

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En 1995, cette pub pour les chips Pringles annonce pourtant la couleur "on ne peut pas s’arrêter" ! Une addiction organisée et recherchée, avec des équipes scientifiques qui bossent pour que les produits atteignent le fameux "point de félicité". "Ce mélange millimétré de sucre, de gras, et de sel, destiné à rendre accro le cerveau", comme le décrit Emilie Gleason.

Aujourd’hui les chercheurs estiment que 5 à 10% de la population pourrait être atteinte de food addiction et ce n’est toujours pas reconnue comme une maladie.

Convaincue que la BD est aujourd’hui la forme la plus apte à informer sur les grands problèmes de société, sans donner de leçon et en se marrant, l’autrice Emilie Gleason s’est donc associée à un journaliste en herbe, Arthur Croque (ça ne s’invente pas !) pour se lancer dans une enquête inédite. Donner enfin la parole à ceux et celles qui fréquentent les "alcooliques anonymes de la bouffe". Comme dit l’un des personnages : Zazou une boulimique XXS de 19 ans.

Et qu’est-ce que révèlent ces témoignages ?

Il y a des phrases cultes "quand tu binges un kilo de brownies, tu sombres dans un food coma" ! Mais surtout ça raconte la conjonction de deux phénomènes. D’un côté des produits qui donnent envie de "binger" c’est-à-dire d’engloutir une grande quantité d’alimenter avec un sentiment de perte de contrôle, de l’autre un irrépressible besoin de contrôle pour se conformer aux attentes des représentations, accrues par la mise en scène des réseaux sociaux.

Résultat des personnages, comme Iago, jeune hyper sportif qui expose ses beaux muscles sur Instagram pour engranger du "like", puis se défonce aux donuts, barres chocolatées et autres burgers, avant de se défoncer à la salle de sport. Une course morbide entre lui et son double parfait sur les réseaux…

Avec un trait gourmand comme un chamallow et des couleurs ultra acidulées, on tient une BD choc qui donne envie d’être dévorée, c’est là où c’est bien joué !

"Junk Food" d’Emilie Gleason et Arthur Croque est sorti ce mois-ci chez Casterman.