Les jeux vidéo sont-ils l’avenir des séries ?

La cérémonie des Emmy Awards, les Oscars de la télé américaine, sera diffusée ce soir, et les regards se tournent vers « Squid Game ». Nominée dans 14 catégories, la série phénomène sud-coréenne pourrait bien devenir la première production en langue non anglaise à recevoir le prix de la meilleure série dramatique.

Réponse cette nuit. Mais une chose est sûre, parmi les prix qui ont été dévoilés en amont, les Emmy ont déjà acté un tournant historique avec la série « Arcane ». Devenue la première série d’animation en streaming à être récompensée par l’Académie, et surtout la première adaptée d’un jeu vidéo.

Devenue la première série d’animation en streaming à être récompensée par l’Académie, et surtout la première adaptée d’un jeu vidéo.

Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?

Qu’une plateforme comme Netflix propose aussi des séries animées de qualité, rien d’étonnant c’est une évolution logique. Que ce soit un studio d’animation français le bien nommé « Fortiche » qui soit derrière : ça fait plaisir. Oui mais on le savait : l’animation française cartonne à l’international. C’est notre nouvelle « French Touch » !

Ce qui est excitant, c’est que ce Emmy ouvre la voie à un nouveau modèle d’adaptation de jeux vidéo. Inspiré de « League Of Legends » le jeu en ligne le plus populaire au monde, « Arcane » apparu à l’automne 2021, s’est imposé comme le premier grand succès public et critique tiré d’un jeu vidéo. Et c’est dû à un mode de production bien particulier.

Jusqu’ici les jeux vidéo transposés en série ou en film ont trop souvent été conçus comme des produits dérivés. Résultat, pas mal de navets.

Là Riot Games la société de jeux vidéo qui développe « League Of Legends » voulait que les histoires et les personnages du jeu ne soient pas un prétexte, pour capter un large public, mais soient pris au sérieux, comme une véritable bible narrative.

Netflix n’est arrivé qu’à la fin du projet, et Riot Games a produit « Arcane » à sa manière. C’est-à-dire avec un type en interne, qui n’avait jamais fait de séries « Christian Linke » et un petit studio d’animation français qui n’était pas spécialiste des jeux vidéo.

C’est ça qui a marché. Pétris de référence comme les films de Scorsese ou Fritz Lang, le studio d’animation a mis sa technique au service d’un langage cinématographique. Et le créateur de la série chez Riot Games a veillé à ce que le scénario respecte « « League Of Legends » et son immense communauté de joueurs, tout en s’adressant à un public de « non gamers ». Au final même pour les profanes, la série donne envie de jouer au jeu !

A l’avenir c’est tout un champ de déclinaisons qui s’ouvre, d’autres jeux vidéo pourront devenir les séries de demain, plus seulement comme des franchises mais comme des œuvres autonomes. C’est aussi à ça que sert cet Emmy !