Comment #BookTok change le monde du livre

Capture d'écran de la booktokeuse Alex Aster
Capture d'écran de la booktokeuse Alex Aster - Sophie Hoffmann
Capture d'écran de la booktokeuse Alex Aster - Sophie Hoffmann
Capture d'écran de la booktokeuse Alex Aster - Sophie Hoffmann
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"Booktok" : voilà encore un nouveau mot qui a intégré le lexique de la modernité pendant que vous étiez partis sous la douche… Oui, ça va très vite.

Ce mot c’est "BookTok". Formé à partir de "book" livre en anglais et de "tok" pour TikTok, vous savez l’application la plus téléchargée au monde.

On parle de "booktokeurs" et de "booktokeuses" pour désigner les personnes qui partagent leurs conseils de lecture ou même leurs envies d’écriture sur TikTok.

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Une sorte de club littéraire géant. Et avec 75 milliards de vues, Booktok déclenche des phénomènes bien réels.

Prenons un cas d’école : "Le chant d’Achille" de Madeline Miller. Un roman haletant situé dans l’antiquité. A sa sortie en 2011, il s’est écoulé à 10 petits milliers d’exemplaires. Une décennie plus tard, redécouvert grâce à Booktok, c’est 2 millions !

Du coup, certaines grandes librairies ont inauguré des sections spéciales pour les ouvrages populaires sur TikTok. Après "Vu à la télé" l’autocollant "Vu sur TikTok" fera peut-être son entrée en bas des couvertures.

Appelons ça "l’effet Booktok"

Mais il y a aussi des phénomènes littéraires "natifs" sur Booktok ! Comme "Lightlark" (l’Alouette de feu) une saga dont le premier volet vient de sortir en librairie. A l’origine c’est Alex Aster une américaine de 25 ans, déjà populaire sur TikTok, qui a posté une vidéo en mars 2021, résumant son projet de livre à sa communauté. L’histoire d’une île maudite qui refait surface tous les 100 ans pour accueillir une compétition entre les 6 chefs (3 filles, 3 garçons) qui tentent de briser le sortilège…

Bref les ingrédients d’un best-seller jeune public. Résultat : toute la saga a été signée, elle sera traduite dans plus de 30 langues et les droits d’adaptation ont déjà été rachetés par Universal. À propos de ce chèque, Alex Aster a déclaré :

"C’est plus de zéros que je n’en avais jamais vu de ma vie !"

Le genre de success stories alléchantes qui suscite des vocations et qui pose aussi un certain nombre de questions…

La "tiktokisation" de l’édition ça donnerait quoi ? Demain est-ce qu’on demandera à Emmanuel Carrère de venir "pitcher" son prochain livre face caméra, et si ça fait des vues ce sera oui pour qu’il soit publié ?

J’exagère mais c’est ce qui peut se passer dans l’industrie musicale, où l’on attend de voir si un single marche sur TikTok avant de s’engager pour signer l’album... De nombreux artistes se sont récemment plaint de ce nouveau passage obligé, comme la reine des tubes Charlie XCX.

Dans le cas du livre et de booktok, j’y vois surtout une accélération de phénomènes anciens : un bouche-à-oreille démultiplié par le net, un salon littéraire hyper démocratisé.

Et si la Gen Z, présente en majorité sur TikTok, peut se servir des écrans pour ouvrir des vrais livres, c’est sûrement bon à prendre !