

Hélène Gaudy vient de publier un nouveau roman, 'Un monde sans rivage'. S'il figure sur la liste des ouvrages présélectionnés pour le Prix Goncourt, il convient de revenir aux origines de cette création. En 2013, le jour de la mort de Lou Reed, l'écrivaine tombe en arrêt devant une série de photos du XIXème siècle.
- Hélène Gaudy Ecrivaine.
La « journée particulière » de l'autrice Hélène Gaudy aurait pu se situer au beau milieu de l'été 1897. C'est en effet le 13 juillet de cette année, à la toute fin du XIXème siècle, que le ballon à hydrogène de l'expédition polaire de S. A. Andrée chuta sur la banquise arctique. Seulement, l'écrivaine n'était pas là pour voir ce naufrage ; les trois membres de l'expédition furent seuls, du moment de cet incident jusqu'à leur mort quelques semaines plus tard.
Plus de 30 ans plus tard, leur journal de bord et les photographies de leurs mésaventures ont été retrouvés dans la glace. Ce sont ces clichés, exposés au Musée d'art moderne Louisiana, près de Copenhague, au Danemark, sur lesquels Hélène Gaudy est tombée le 27 octobre 2013.
Ces images rayonnaient, même matériellement. Il y avait quelque chose de très vivant. Elles montraient pourtant des hommes en train de disparaître, des explorateurs qui marchent vers leur disparition. On y voit des silhouettes, des matières, du blanc, du noir, comme des crépitements, des taches... Les silhouettes ont des allures de fantômes. On pourrait presque voir à travers.
Ce jour-là, dans le musée, l'autrice de Si rien ne bouge (Rouergue, 2009 - Actes Sud, 2014) sait qu'elle va écrire sur ces images, qu'elle va à son tour raconter l'histoire de ces silhouettes.

Mais ce 27 octobre 2013 est important à plus d'un titre pour Hélène Gaudy. Ce n'est pas tant pour la mort de Lou Reed, survenue ce jour-là, qu'elle apprend sans comprendre le danois à la une d'un quotidien, mais parce qu'elle a l'impression, dans la gare de Copenhague, de croiser l'un des écrivains qui a le plus compté pour elle : W. G. Sebald. L'écrivain et essayiste allemand était pourtant décédé en 2001. Coïncidence troublante, c'est le travail de Sebald qui est à l'origine du roman précédent d'Hélène Gaudy : Une île, une forteresse - Sur Terezin (Inculte-Dernière marge, 2016 - Actes Sud, 2017).
Sebald rend les traces apparentes. Et c'est la lecture de Sebald qui m'a fait prendre conscience de beaucoup de choses et qui a influencé ma manière de travailler à partir de l'Histoire. Avant cela, je n'avais pas essayé d'interroger des documents, des archives, de la parole...
À travers son travail de recherche, son envie de tirer des fils à partir de traces historiques, que ce soit dans le cas de l'expédition Andrée avec Un monde sans rivage ou dans celui du ghetto juif Theresienstadt avec Une île, une forteresse, Hélène Gaudy interroge la mémoire et le pouvoir réparateur de l'écriture.
Il faut que quelque chose d'eux passe par-dessus le mensonge dans lequel on a voulu les faire jouer. Il s'agit d'essayer de retrouver une forme de justesse. Qu'y a-t-il en-dessous de tout ça ?
Sa passion pour les (mauvaises) séries télévisées d'enquêtes policières a-t-elle quelque chose à voir avec cela ?
Le coup de cœur de fin d'émission
En 2013, le film Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-eda reçoit le Prix du jury au Festival de Cannes
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Pour aller plus loin
Le site de l'écrivaine Hélène Gaudy
La programmation musicale du jour
- Agnès Obel, "The Curse", 2013
- Lou Reed, "Perfect Day", 1972
- Batlik, "Avalanches", 2019
Les références du générique de l'émission
"Le temps est bon" d’Isabelle Pierre, remixé par Degiheugi
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