Geoffroy de Lagasnerie, 23 janvier 2002, la mort de Pierre Bourdieu

Le sociologue Pierre Bourdieu en 1998. "La Domination masculine" venait de paraître.
Le sociologue Pierre Bourdieu en 1998. "La Domination masculine" venait de paraître. ©AFP - Pierre Verdy
Le sociologue Pierre Bourdieu en 1998. "La Domination masculine" venait de paraître. ©AFP - Pierre Verdy
Le sociologue Pierre Bourdieu en 1998. "La Domination masculine" venait de paraître. ©AFP - Pierre Verdy
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Elève en Khâgne à Paris au lycée Janson de Sailly, Geoffroy de Lagasnerie, bûche ses cours à la bibliothèque quand il apprend, désemparé, la disparition du sociologue, auteur de "La Distinction" et de "La misère du monde". Pierre Bourdieu pour qui la sociologie était un sport de combat.

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Dans le sillage de Pierre Bourdieu

Le sociologue définissait sa matière comme un outil utilisé pour casser les modes de domination. Toute sa vie, il a mis en question son statut de transfuge : son passage du monde dominé  - fils d’un petit métayer du Béarn - au monde dominant : professeur au Collège de France. Un modèle de pensée pour Geoffroy de Lagasnerie, sociologue et philosophe.  

« Je n’intègre pas la critique de la lutte mais je l’amplifie, je porte la plainte de ceux qui luttent, je la relaie »

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Le jeune sociologue accompagne les luttes des dominés d’aujourd’hui « mais sans l’aspect critique que se donne habituellement la sociologie ». Des « luttes orphelines » selon lui, pour dénoncer un Etat de droit non respecté par l’Etat lui-même. Comme celle d’Assa Traoré, qui réclame justice pour son jeune frère, Adama, mort  au cours d’une interpellation musclée par des gendarmes en juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise. Celles des AntiFas – ces militants antifascistes radicaux en lutte contre le FN et l’extrême droite radicale– ou des groupes de défense de la liberté animale aux méthodes très démonstratives. 

« Il y a une haine du présent dans l’éloge de Mai 68 »

Geoffroy de Lagasnerie a aussi beaucoup réfléchi à l’impuissance politique de la gauche. Une réflexion qui l’a conduit à produire un discours critique autour du « mythe » de Mai 68 et de sa célébration. Pour lui, les forces de luttes utilisés à l’époque sont épuisées. Il faut compter sur de nouveaux modes d’action comme ceux mis en branle par les lanceurs d’alerte : Chelsea Manning, Julian Assange, Edward Snowden et tant d’autres. 

Que se passait-il en 2002 ? 

L’Euro devenait la monnaie officielle en France ; le journaliste américain Daniel Pearl était décapité par Al Qaïda ; la franco-colombienne Ingrid Bétancourt candidate à l’élection présidentielle à Bogota était enlevée par les FARC ; Maurice Papon, condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité, était libéré pour raisons médicales ; Nicolas Sarkozy fermait le centre de migrants de Sangatte. 

De cette année là, dans le cocon de la Prépa à Normale Sup, loin du chaos du monde,  Geoffroy de Lagasnerie n'a gardé en mémoire qu'un seul événement, un coup de tonnerre : Jean-Marie Le Pen au premier tour des Présidentielles le 21 avril. 

Pour aller + loin : 

Le site de Geoffroy de Lagasnerie 

Les rencontres et conférences avec Geoffreoy de Lagasnerie au Carreau du Temple à Paris, c'est ici. Notamment  avec Nnoman Cadoret et Julien Pitinome, photographes et reporters, membres du collectif Œil, le mercredi 11 avril 2018 à 19h. 

A lire : 

de Geoffroy de Lagasnerie : 

Et aussi : 

De Pierre Bourdieu

Vous avez entendu les extraits suivants : 

Les références du générique de l'émission : "Le Temps est bon". Il s'agit d'un remix d'une chanson d'Isabelle Pierre, proposé par Degiheugi.

les titres musicaux diffusés dans l'émission : 

  • Without me, Eminem, 2002
  • Démission (pour Claire), Les Vilars, 2016
  • Nterini, Fatoumata Diawara, 2018

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