Ce jour-là, le futur auteur et metteur en scène, âgé de six ans, assiste fasciné devant sa télévision aux deux buts marqués contre l'Angleterre par son idole Diego Maradona. Un premier but, de la main, suivi d'un second, qui restera dans l'histoire du foot comme le but du siècle...
- Mohamed El Khatib Metteur en scène
La légende Maradona était née : celle d’un petit (1m65) génie du foot, grandi dans un quartier pauvre de Buenos Aires, mi-ange mi-démon, le visage du « Che » tatoué sur le bras, qui offrait à son pays une revanche contre les Anglais après l’humiliation sur le champ de bataille des Malouines, trois ans plus tôt.
La passion foot
Le match est une révélation pour le jeune Mohamed El Khatib. Le football envahit sa vie. Son poste : milieu de terrain, numéro sept comme Eric Cantona. Vers 17, 18 ans, on lui propose un contrat au PSG, mais il doit arrêter ses études. Hors de question pour son père, ouvrier à la fonderie de Meung-sur-Loire, obsédé par la réussite scolaire de son fils, seul garçon d’une fratrie de quatre. Suit une blessure au genou qui tourne définitivement la page du football professionnel.
Naissance d'un artiste
Après, Sciences Po, une spécialisation en géographie et en sociologie du sport, le jeune homme découvre le cinéma d’Alain Cavalier, lui aussi grand fan de foot. Il achète une caméra, s’endette, et rencontre le cinéaste.
C’est avec cette caméra qu’il souhaite filmer sa mère tombée gravement malade. Face à l’opposition de ses sœurs, il décide d’enregistrer sa voix pendant douze mois. Elle disparaît le 20 février 2012. Et durant deux ans à partir de ces enregistrements, mais aussi de courriels, de SMS et de documents administratifs, Mohamed El Khatib écrit « Finir en beauté, pièce en un acte de décès », lauréate du Grand Prix de littérature dramatique 2016. La pièce a été comme un acte de naissance : l’artiste a trouvé sa voie et monte seul en scène avec la voix de sa mère enregistrée.
Inventer un nouveau théâtre
Mohamed El khatib, dramaturge et metteur en scène, aime bousculer les conventions théâtrales. Il a co-fondé le collectif Zirlib, né autour d’un simple postulat : « L’esthétique n’est pas dépourvu de sens politique ». Il défend un théâtre fraternel, chaleureux, humain. Un théâtre hospitalier, ouvert à tous, qui casse les mécanismes d’exclusion. La solution ? Ouvrir le théâtre à ceux qui n’y viennent pas en les faisant monter sur scène. Comme dans Stadium, sa dernière création : un spectacle sur le foot où les acteurs sont les supporters du FC Lens. Et ainsi confronter le public traditionnel du théâtre au meilleur public de France : celui des stades.
Pour aller + loin :
A lire :
les textes et pièces de Mohamed El Khatib, édités à la maison d'édition Les Solitaires intempestifs :
- Finir en beauté (pièce en un acte de décès)
- C'est la vie (une fiction documentaire)
- Stadium
A voir :
Les dates et lieux des spectacles de Mohamed El Khatib en tournée à travers la France, à retrouver sur le site du Collectif Zirlib
Et aussi les films et documentaires d'Alain Cavalier :
Pater (DVD chez Pathé 2011)
J'attends Joël (2006) un drôle et délicieux court-métrage disponible dans le coffret "Intégrale autobiographique d'Alain Cavalier" (DVD édité chez Pyramide, 2007)
A écouter :
- La vida tombola, Manu Chao, 2008
- Kiss, Prince, 1986
- Etres humains, Katerine, 2005
Et aussi, les références du générique de l'émission de Zoé Varier : Le Temps est bon d’Isabelle Pierre remixé par Degiheug
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Autre
- Autre