Jérôme Val a accompagné celui qui incarne la Grande Boucle depuis 17 ans : Christian Prudhomme, son directeur. Une édition 2020 particulière, covid oblige.
Prendre place dans la voiture rouge numéro 1, celle de la direction de course, c’est l’assurance d’être aux premières loges, de suivre,comme personne, l’avant du peloton.
Ce véhicule direction de course, avec son gyrophare orange, voiture 100% électrique ce jour-là, est toujours placé à quelques mètres devant le peloton. Au volant, on retrouve un ancien coureur et qui maintenant conduit le directeur du Tour depuis presque deux décennies. Gilles Maignan, les yeux rivés sur la route et sur son rétro.
Dans la voiture reine du cortège du Tour de France, rien n’échappe à Christian Prudhomme
A l’arrière et à sa droite, c'est la place des invités. S'y succèdent, des élus de région et des membres du gouvernement, anciens ou encore en mandat. Sur cette édition, on a pu croiser François Hollande, Jean Casteix...
Quand on partage la voiture du directeur, il faut faire honneur aux traditions : les arrêts pour rencontrer un élu ou saluer un ami le long de la route.
Un directeur très populaire auprès des élus. Ils sont à chaque fois très nombreux au départ et aux arrivées des étapes à venir le saluer, à le solliciter aussi, dans l'espoir de voir le Tour venir dans leur commune ou leur département.
19h30, dans une salle de l’hôtel du département de l’Ardèche à Privas, les coureurs ont franchi la ligne d’arrivée depuis près de 2 heures mais Christian Prudhomme est toujours sur le pont au milieu des élus, un verre à la main.
Ces élus, indispensables à l’organisation d’une telle épreuve, Christian Prudhomme les connaît presque tous
Pas de serrages de main cette année, mais de nombreuses salutations. En les côtoyant depuis plus d’une décennie, Christian Prudhomme maîtrise les codes de la politique, en connaît tous les ressorts.
Et si on lui prête des ambitions politiques, le patron du Tour les balaye rapidement, sauf, sourit-il, si on lui propose un ministère du tourisme, du vignoble et des crustacés.
Le Tour n’est pas seulement une épreuve sportive, c’est d’abord une institution qu’il faut faire vivre et défendre, et surtout dont il faut parler du matin au soir, et ça, c’est la mission de Christian Prudhomme.
Ce matin-là, sur la grande place du Teil en Ardèche, il n’y a pas trop de temps à perdre, l’ancien Président de la République François Hollande rend visite au Tour. Deux jours plus tard dans les Pyrénées, c’est Jean Castex qui est annoncé…
Accueillir sur la plus grande course cycliste au monde les invités, connus ou anonymes,Christian Prudhomme sait faire. L’ancien journaliste sait aussi faire parler du Tour quitte, en interview, à répéter inlassablement et mécaniquement les mêmes formules.
Etre le directeur du Tour, c’est communiquer pour défendre une course et entretenir une mémoire
117 ans d’histoire, des exploits et des drames : juste avant le départ de l’étape à Pau, une cérémonie était organisée en mémoire de Nicolas Portal, directeur sportif décédé brutalement en mars dernier.
Cette année, une bulle sanitaire itinérante a été mise en place, et patron ou pas, Christian Prudhomme est tenu à distance des remises de prix. Aucune restriction en revanche pour les soirées officielles à Lavaur dans le Tarn : le directeur a enchaîné jusqu’à deux dîners officiels.
La Grande Boucle, c'est une épreuve sportive qui est aussi un tour de la France des terroirs et des territoires. Et pour beaucoup d’entre eux, la course est un coup de projecteur inespéré.
Christian Prudhomme : VRP du savoir-faire des régions
Partout où il passe, des cadeaux lui sont offerts pour montrer à la France entière les richesses culinaires ou artisanales des territoires traversés par le peloton. Un matin à Cazères sur Garonne, au sud de Toulouse, Christian Prudhomme reçoit un fauteuil aux couleurs des maillots du Tour... Une soirée, dans une rue de Lavaur dans le Tarn : il se voit offrir des produits locaux de région.
Se laisser aller à une dégustation, à peine le petit déjeuner digéré, à un verre de vin dans la journée, à des dîners officiels après des en-cas copieux, parfois le long de la route, pendant l’étape, c’est la Grande Bouffe tous les jours… Un rythme qui en épuiserait plus d’un, mais pas ce colosse à la silhouette de deuxième ligne de rugby.
Nougats, foie gras, tout cela est loin d’être du folklore : le Tour de France diffusé dans 190 pays, est une caisse de résonance à nul autre pareil, du pain béni pour tous ces territoires traversés par le peloton.
Christian Prudhomme voit même un acte politique dans la valorisation des territoires à travers le Tour de France.
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