Avec James Blake, voix suaves et mélodies planantes électro et R&B

L'auteur, compositeur, producteur et chanteur de musique électronique, James Blake lors de la première journée du festival de musique Governors Ball 2018, le 1er juin 2018 à New York.
L'auteur, compositeur, producteur et chanteur de musique électronique, James Blake lors de la première journée du festival de musique Governors Ball 2018, le 1er juin 2018 à New York. ©Getty - Steven Ferdman
L'auteur, compositeur, producteur et chanteur de musique électronique, James Blake lors de la première journée du festival de musique Governors Ball 2018, le 1er juin 2018 à New York. ©Getty - Steven Ferdman
L'auteur, compositeur, producteur et chanteur de musique électronique, James Blake lors de la première journée du festival de musique Governors Ball 2018, le 1er juin 2018 à New York. ©Getty - Steven Ferdman
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James Blake sort son quatrième album à trente ans, et s'est imposé en moins de dix ans comme une des figures majeures de la pop electro. Michka Assayas vous fait les présentations avec des sons très actuels, électro et R & B, du piano aussi, des voix suaves avec des mélodies qui planent ...

En cherchant à me documenter sur James Blake, j’ai eu la surprise de tomber, par la voie des algorithmes sur la Toile, sur un article inattendu paru dans le magazine américain Billboard, un magazine qui s’adresse en premier lieu aux professionnels de la musique aux États-Unis. Il y était fait mention de la participation, l’été dernier, de James Blake à un séminaire qu’a organisé dans une université californienne une association dont on pourrait traduire le nom par l’Association médicale des Arts du spectacle. 

James Blake a tenu à témoigner devant des spécialistes du mal dont il a souffre depuis son succès fulgurant et tout ce qu’a entraîné celui-ci. Un mal qui l’a poussé à entreprendre une thérapie, laquelle lui a permis de le surmonter. Et, depuis, James Blake veut que son exemple aide les autres musiciens qui ont eu à traverser les mêmes épreuves que lui. 

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Depuis 2011, il a été régulièrement traversé, dit-il, par des pensées suicidaires. « J’ai été arraché, explique-t-il, à une vie normale alors que je n’étais pas complètement formé. » Il explique qu’il s’est laissé embarquer dans des tournées bien trop longues, où il fallait faire toujours plus, rapporter plus d’argent, au point, dit-il, où ça a détraqué sa santé mentale et sa santé tout court. Alimentation catastrophique, très mauvais sommeil, substances toxiques pour tenir, il y en a beaucoup des musiciens en tournée, qui ont connu ça… 

Chez lui, ça a pris une tournure très grave, puisqu’il pensait régulièrement à se tuer. Alors il a suivi une thérapie particulière, dite EMDR en anglais, je vous fais grâce du jargon scientifique, qui consiste, par des mouvements de l’œil très rapides, à briser les mécanismes qui conduisent à la dépression. C’est de ça que James Blake a voulu parler au sein d’un groupe de musiciens qui s’étaient inscrits pour aborder ce sujet qu’on préfère souvent passer sous silence. 

Une étude britannique a établi en 2016 que, sur un échantillon de musiciens interrogés, plus deux tiers racontent avoir vécu des crises de panique ou atteint des niveaux d’anxiété qui les dépassaient. Pis encore, là c’est une étude aux Etats-Unis qui, toujours en 2016, a établi que sur les quarante-cinq mille personnes qui, dans ce grand pays, se suicident tous les ans, la proportion, parmi les musiciens, est trois fois plus élevée que dans la moyenne de la population. 

James Blake a eu des paroles fortes à ce sujet, à l’opposé d’un romantisme malsain qui, trop longtemps, a accompagné l’histoire du rock et des musiques qui lui ont succédé : « Il existe un mythe selon lequel il faut être anxieux pour être créatif et déprimé pour être un génie. Mais moi je peux témoigner que l’anxiété ne m’a jamais aidé à créer et que je l’ai vue détruire le processus créatif chez mes amis ». Et il insiste, je résume : « Notre génération a trente ans. On a vu nos aînés se détruire par les drogues et les excès divers. Notre responsabilité, c’est d’empêcher que ça nous arrive en en parlant et en expliquant qu’il existe des armes pour y échapper. »

Dans la playlist de France Inter
7 min
  • James Blake : « Tell Them » (featuring Moses Sumney & Metro Boomin’) extrait de l’album « Assume Form »
  • D’Angelo : « Unshaken » single 
  • RY X : « Bound » single 
  • Sneaks : « Money Don’t Grow on Trees » single 
  • Billie Eilish : « When I Was Older - Music Inspired by the Film “Roma” » single 
  • Sharon Van Etten : « Memorial Day » extrait de l’album « Remind Me Tomorrow » 
  • Apparat : « DAWAN » single 
  • Toro y Moi : « Monte Carlo » (featuring Wet) extrait de l’album « Outer Peace » 
  • Ultramarine : « Spark from Flint to Clay » (featuring Anna Domino) album « Signals Into Space » 
  • Peter, Bjorn and John : « Velvet Sky » extrait de l’album « Darker Days » 
  • James Blake : « Assume Form » extrait de l’album « Assume Form »