Morrissey et les Smiths, une célébration personnelle

Le guitariste Johnny Marr, le chanteur Morrissey, le batteur Mike Joyce et le bassiste Andy Rourke des Smiths (1985)
Le guitariste Johnny Marr, le chanteur Morrissey, le batteur Mike Joyce et le bassiste Andy Rourke des Smiths (1985) ©Getty - Ross Marino
Le guitariste Johnny Marr, le chanteur Morrissey, le batteur Mike Joyce et le bassiste Andy Rourke des Smiths (1985) ©Getty - Ross Marino
Le guitariste Johnny Marr, le chanteur Morrissey, le batteur Mike Joyce et le bassiste Andy Rourke des Smiths (1985) ©Getty - Ross Marino
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Comme il est rare de pouvoir célébrer le meilleur de sa jeunesse, Michka Assayas le fait dans Very Good Trip.

« That’s the story of my life », c’est l’histoire de ma vie. C’est comme ça que se terminait cette chanson, écrite et interprétée en 1987 par quelqu’un qu’on pouvait encore décrire comme un jeune homme. Un jeune homme de vingt-sept ans dont la vie, pourtant, était loin d’être terminée. Il avait pour nom Steven Morrissey, on l’appelait simplement Morrissey, et il chantait encore au sein d’un groupe anglais, de Manchester, qui s’appelait les Smiths, et n’existe plus depuis longtemps.

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Être jeune, pour lui, c’était le contraire de joyeux. Morrissey faisait plutôt partie de ces jeunes qui boudent parce qu’ils considèrent que tout est perdu d’avance. Aujourd’hui, ça s’est banalisé mais dans ces années-là ça relevait plutôt d’une espèce d’esprit de contradiction acharné. Ben oui, quand vous étiez jeune, vous étiez censés vous éclater, créer votre entreprise, que sais-je, en tout cas vous projeter dans un avenir heureux. Surtout au milieu des années 80, période durant laquelle il régnait une sorte d’optimisme collectif survolté, qui rejaillissait bien sûr dans la musique, je pense à Madonna, Michael Jackson.

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Alors, comme je vous disais, les Smiths ont cessé d’exister en 1987 mais Morrissey, lui, a poursuivi un chemin tout à fait singulier, totalement indifférent à l’air du temps, qui a eu l’occasion de pas mal changer, et même plusieurs fois, en trente-cinq ans. Morrissey a donné la semaine dernière deux concerts exceptionnels à Paris, à la salle Pleyel. J’ai été malheureusement dans l’incapacité de m’y rendre mais j’ai eu la chance de tomber sur un excellent compte-rendu signé par Benjamin Berton sur le site Sun Burns Out, même deux compte-rendus puisqu’il est carrément allé écouter Morrissey les deux soirs de suite.

Je comprends parfaitement ce genre d’obsession. Il souligne dans le second les différences, le premier soir plus retenu et le suivant plus enflammé. Morrissey semble, et j’en ai eu un autre témoignage, dans une excellente forme vocale, et son groupe le soutient avec la même efficacité discrète.

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Comme je le laissais entendre, les Smiths ont été une de mes obsessions dans les années 80. J’ai interviewé Morrissey plusieurs fois au temps des Smiths, une en 1983, l’autre en 1986, j’avais l’impression qu’il arrivait à mettre des mots sur un sentiment d’échec qui me traversait, une impression plus vaste que l’évolution de la société était en train de nous entraîner vers une perte d’humanité.

La force de la musique des Smiths, cependant, est qu’elle ne nous déprimait pas. Elle nous exaltait, elle nous disait qu’on avait raison d’être malheureux et mécontent, qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans ce monde purement matérialiste qu’on nous présentait comme si désirable. Et qu’on avait raison, si j’ose dire, d’avoir raison contre les autres. Morrissey exposait sa vulnérabilité, son inadaptation au monde, les impasses de sa vie sentimentale, mais il le faisait avec esprit, humour et une autodérision cinglante qui était le contraire de pénible : lumineuse.

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Il chantait avec ce lyrisme irlandais, ses origines, qui ne connaît pas la peur du ridicule, dont l’emphase a toujours quelque chose de naïf. Et le jeune guitariste des Smiths, Johnny Marr, apportait à ses mélodies une variété étincelante de rythmes et de styles, des arpèges folk, des volutes de guitare africaine, une forme de funk aussi.

Les Smiths ont été le meilleur groupe anglais des années 80, en tout cas le meilleur de style sobre et classique, avec une espèce d’élégance en noir et blanc.

Very Good Trip
54 min

Programmation musicale :

The Smiths :

  • « Half a Person » extrait de l’album « Louder Than Bombs »
  • « You Haven’t Earned It Yet, Baby » extrait de l’album « Louder Than Bombs »
  • « Girl Afraid » extrait de l’album « Louder Than Bombs »
  • « Back to the Old House » extrait de l’album « Louder Than Bombs »

Morrissey :

  • « Everyday Is Like Sunday » extrait de l’album « Viva Hate » (2011 Remaster)
  • « Hold On to Your Friends » extrait de l’album « Vauxhall and I » (2014 Remaster)
  • « Trouble Loves Me » extrait de l’album « Maladjusted »
  • « Dear God Please Help Me » extrait de l’album « Ringleader of the Tormentors »

The Smiths :

  • « Asleep » extrait de l’album « Louder Than Bombs »
  • « Please, Please, Please, Let Me Get What I Want » extrait de l’album « Louder Than Bombs »
  • « How Soon Is Now? » extrait de l’album « Hatful of Hollow » (2011 Remaster)